
Jugé pour des violences sur sa compagne SDF qui avait engendré cinq jours d’ITT pour la jeune femme, un homme de 35 ans déjà multi-condamné, arrivé libre au tribunal, a été conduit en cellule par les gendarmes à la sortie de l’audience après avoir été condamné à quatre mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Huit mois de sursis sont révoqués d’une ancienne condamnation, déjà pour violence sur son ex-conjointe. Il part un an en prison.
Un drame de la précarité de plus jugé par le tribunal de première instance ce 14 août 2023. Une histoire d’amour entre SDF dans laquelle la violence n’est jamais loin. La Présidente du tribunal commence par rappeler le casier du prévenu, alors sous contrôle judiciaire, avant même de présenter les faits.
Des condamnations qui débutent dès 2007, prononcées par le tribunal pour enfants. Depuis, il enchaîne les périodes dans la rue et en prison. Vols, cambriolages, petit trafic de stupéfiants, mais aussi des violences sur son ex-conjointe, des faits qui l’envoient déjà derrière les barreaux en 2018.
Déjà condamné auparavant
Le 22 juillet dernier sa désormais nouvelle ex-compagne contacte d’abord les pompiers, qui eux appellent les gendarmes. À leur arrivée, la jeune femme est allongée sur une civière, elle se plaint d’avoir été frappée par le prévenu au domicile des parents de celui-ci, qui l’hébergent depuis sa dernière sortie de prison.
Un hébergement qui se passe moyennement bien, selon la Présidente du tribunal qui indique que le père du prévenu a lui aussi voulu porter plainte pour des menaces de son fils, souvent en colère quand il boit. “Faux”, répond tout de suite le prévenu, alors qu’on ne lui a pas encore donné la parole.
Après une première séparation alors qu’ils vivent dans la rue, l’homme est placé sous contrôle judiciaire à sa libération d’une précédente peine. Il est depuis logé chez ses parents, une maison familiale de Paea où la jeune femme renoue des liens avec lui. La plupart du temps, elle y passe la semaine avant de retourner le week-end en centre-ville.
“Jalousie”
Seulement il y a un autre homme, surnommé “Blond“, avec qui la jeune femme a entretenu une relation alors qu’elle était séparée du prévenu. Ils sont toujours en contact, d’où les fréquentes crises de jalousie de son actuel compagnon. Mais cela va plus loin que des disputes sur fond d’échanges Messenger.
Selon la victime, les violences sont régulières depuis qu’elle est retournée à ses côtés en juin dernier. Lorsqu’elle est chez lui, il l’empêche de sortir, il la retient même quand elle veut s’en aller. En n’oubliant pas de faire un peu de chantage affectif en menaçant de se suicider si elle le quitte.
Ensuite, toujours les mêmes coups, comme une routine. Des coups-de-poing d’abord dans le dos, quelques coups de pieds dans les jambes, et puis une main qui enserre le cou, avec des doigts dans sa bouche et des ongles qui écrasent ses lèvres. Un témoignage corroboré par le rapport médical qui lui donne cinq jours “d’interruption de travail” (IT), et qui constate sur la jeune femme des hématomes dans le dos et sur une jambe, des traces dans le cou et une importante griffure à la lèvre inférieure. Des hématomes récents, d’autres plus anciens.
L’homme nie tout, ou presque
Après avoir rappelé qu’elle aussi le frappe, il déclare qu’elle voit toujours son ex, “Blond”, et que lui aussi la frappe. Pour ce qui est des traces dans le cou ? “Des suçons“, dit-il. Les griffures ? De l’auto-mutilation selon lui.
Des explications farfelues selon le procureur qui n’apprécie pas que le prévenu “se présente comme la victime”. “Il aura à peu près tout fait”, ajoute-t-il en rappelant la récidive légale et l’important casier du prévenu.
Alors qu’il sort quelques instants du tribunal et discute avec son avocate pendant le délibéré, l’homme voit arriver la police à l’entrée du palais. Il est le dernier dossier du jour il sait que c’est pour lui, et c’est en larmes qu’il fait son retour dans la salle d’audience.
Quelques minutes plus tard, trois agents s’installent à chaque sortie. Le tribunal revient et le condamne à huit mois de prison dont quatre avec sursis, une précédente peine de sursis de huit mois est révoquée. Le tribunal prononce le mandat de dépôt pour l’homme, abattu, qui part en cellule pour un an.
Compte-rendu d’audience Y.P.