
Vlada Shagun est une artiste-peintre, originaire d’Ukraine, qui s’est installée en Polynésie française avec sa famille en 2022. Architecte de formation, elle a troqué ses règles et ses équerres contre des pinceaux et de l’aquarelle. Une trajectoire de vie qui s’est imposée à elle lorsque son pays a été envahi par la Fédération de Russie.
De l’architecture à l’art
Enfant, elle dessinait déjà, son univers, sa famille, ses voyages avec ce rêve inavoué de devenir artiste. Dès la petite enfance, elle est inscrite dans une école spécialisée en art où elle effectue toute sa scolarité jusqu’à l’adolescence. Durant cette période, elle participe à plusieurs concours artistiques pour enfants en Ukraine et à l’étranger.

Pourtant, elle décide de rompre avec le dessin et la peinture dans le but d’exercer une profession plus stable. Elle suit alors un cursus d’architecture à la faculté d’architecture de Kharkiv qui a été détruite par les bombardements russes, de même que l’appartement de ses parents et son ancienne école.
Elle met de côté son art pendant dix ans jusqu’à l’apparition de la Covid-19 et l’obligation de confinement. Comme une grande majorité de personnes, elle profite de cette période d’isolement pour se recentrer et décide de ressortir ses vieux pinceaux. Au même moment, elle crée sa page Instagram Vlada_dessine pour y exposer ses toiles.
L’art, un refuge face à la guerre
Vlada a ce regard que posent les artistes sur le monde, empreint de poésie et d’espoir, sensible à la beauté de la vie et du chaos. Difficile d’imaginer qu’elle fut architecte dans une autre vie, tant ses aquarelles semblent s’opposer à la vision technique du dessin industriel.
Et pourtant, sa démarche artistique est tout aussi claire : observer et interpréter le monde qui l’entoure pour enfin, transmettre des émotions à qui voudra bien découvrir ses toiles. Si elle ne cache pas son idéal de pouvoir vivre de son art, Vlada peint d’abord pour son plaisir.

En déménageant à Tahiti, elle avoue avoir trouvé une forme de sérénité dans l’observation de la nature polynésienne. “Je trouve que le ciel polynésien et l’océan font croire aux miracles et à la vie éternelle, tellement ils sont majestueux” confie-t-elle. “Je m’inspire beaucoup des couleurs flamboyantes et de la poésie que je vois dans les paysages, entre mer et montagnes.”
Un optimisme et une résilience qui se retrouvent dans ses tableaux aux nuances douces et vives à la fois, ne laissant rien pressentir de l’horreur de la guerre et des tracasseries qui l’assaillent.
Un possible retour en France
Grâce à une autorisation provisoire de séjour délivrée par la France sur décision du Conseil de l’Union européenne, la mère et le frère de Vlada ont pu la rejoindre en Polynésie française sous certaines conditions.

Vlada et sa famille ont dû se porter garants afin qu’un visa de séjour temporaire leur soit accordé, car ils ne peuvent ni travailler ni bénéficier d’une protection sociale, une situation bloquante sur le long terme. Malgré tout, Vlada se montre reconnaissante : “c’est déjà un miracle que ma famille et moi ayons eu pu les faire venir ici” avoue-t-elle avec une pensée pour son père et sa grand-mère qui ont refusé de quitter l’Ukraine.
Tahia Wan