Et si on troquait au lieu d’acheter ou de vendre ? C’est l’idée sympa d’une famille “troc’ contente”, la famille de Motuhana Cowan. Gardienner votre maison, s’occuper de votre chien ou de vos plantes en votre absence, tels sont les services que la jeune femme ingénieuse souhaite mettre en place sur la base d’échanges non monétaires.
Créée en juillet dernier, son association Raiatea Sitting veut remettre au goût du jour le concept du troc, un concept séculaire. L’idée première est bien entendu de ne pas dépenser. Mais un creusant un peu plus, on s’aperçoit que le troc contribue à réduire le gaspillage en échangeant des biens ou des services dont on n’a plus besoin en échanges d’autres qui nous sont utiles. “C’est un geste anti-gaspi bénéfique à l’environnement qui évite la surconsommation”, assure Motuhana.
Des expériences professionnelles variées
À 27 ans, la Tahitienne a des convictions écologiques bien ancrées et une indéniable faculté d’adaptation. À 17 ans, profitant d’une bourse, la lycéenne part en Chine où elle apprend le mandarin. Après l’obtention de son bac, Motuhana, bilingue en anglais grâce à une maman demi-américaine, s’octroie une année de césure sur Hawaii ; elle travaille dans le salon de coiffure de son père installé là-bas ainsi que dans une boutique de cheese-cake ; deux années sur Bordeaux complètent sa formation avec une licence en langues et civilisations étrangères (mention chinois), ce qui lui permet d’enseigner deux ans le mandarin au collège de Punaauia et Henri Hiro de Faa’a.
Elle n’a pas beaucoup hésité à quitter Tahiti en 2021 pour rejoindre son compagnon sur Raiatea. Ses compétences linguistiques et ses facultés d’organisation lui ont valu de décrocher un poste d’agent de réservation pour la compagnie Tahiti Yacht Charter.
Favoriser l’entraide de proximité
Peut-être sa récente installation sur Raiatea a-t-elle engendré cette envie de créer du lien ? C’est aussi l’une de ses motivations avec Raiatea Sitting. “Le troc favorise les interactions sociales et renforce les liens au sein d’une communauté. C’est un moyen simple de mieux connaître son voisinage et aussi de voir ses compétences valorisées.”
Motuhana avoue que, tout simplement, elle aime les animaux et leur compagnie lui manque. “À Tahiti, je vivais entourée de chiens, chats et même des perruches. Ici, sur Uturoa, je n’ai pas l’espace pour en accueillir autant que je voudrais, avoue-t-elle en câlinant son unique chaton. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de m’occuper des animaux des autres !”. Dans cette aventure, elle est aidée par son tane Gustave qui met la main à la “patte” pour nombre de tâches, et de la fille de ce dernier, prénommée Raiatea, toujours partante pour jouer avec les invités à quatre pattes.
Si Motuhana a l’expérience du pet-sitting, qu’elle a exercé contre rémunération en métropole, ici, sur Uturoa, elle ne souhaite pas en faire un business. “Je veux que ce genre de services reste accessible à tous.” On peut donc la “rémunérer” sous forme de paniers de fruits, de légumes, de poisson. Ou tout autre denrée ou objet donné de bon cœur !
Gaëlle Poyade
