Shiseido Tahiti Pro : un bilan positif pour le village de Teahupo’o

Buffet de fruits locaux lors de la cérémonie d'ouverture de la compétition (Photos : ACL/LDT).
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Tandis que les équipes de la Fédération Tahitienne de Surf et de la World Surf League finalisaient le rangement au lendemain des podiums de la Shiseido Tahiti Pro, vendredi 18 août 2023, l’heure était au bilan pour les professionnels et les riverains de Teahupo’o impliqués dans l’événement sur une douzaine de jours, du week-end des Trials jusqu’aux séries finales.

Un nouveau système de stationnement

Parmi les nouveautés de cette édition-test à un an des épreuves olympiques de surf, l’interdiction de se garer en bord de route au PK 0 et en amont, par mesure de sécurité, a profité à la famille Ng Pao.

“C’est la première fois qu’on ouvre notre terrain familial comme parking payant pendant la compétition. C’était intéressant pour nous. Les deux plus grosses journées, on a eu entre 200 et 250 voitures. D’autres jours, c’était plus entre 30 et 50 voitures. La plupart des gens étaient contents d’avoir leur voiture ici plutôt qu’en bord de route, mais il y en a toujours qui râlent parce que c’est payant : 300 francs la demi-journée et 500 francs la journée. On réfléchit à faire ça toute l’année, mais il faut voir si c’est rentable. Pour l’année prochaine, on va améliorer avec plus de graviers pour que ce soit plus agréable en cas de pluie”, confie Patrick Ng Pao, quotidiennement sur place avec ses proches pour assurer la surveillance et aider les usagers à se garer.

Forains et artisans ont composé avec le chantier

Une fois stationnés, les visiteurs ont pu découvrir le village des forains et des artisans, installés sur la plage comme chaque année avec le soutien de la commune de Taiarapu-Ouest, malgré un manque de place dû aux travaux en cours. Un camouflage végétal avait d’ailleurs été opéré sous forme de concours.

“Il y a eu moins de fréquentation par rapport à l’année dernière. Peut-être parce qu’on était mieux placés, à côté du pont, en 2022 ? Pourtant, on avait bien décoré notre stand avec des végétaux et nous sommes une dizaine à exposer des produits locaux variés. On a quand même pu travailler et faire des ventes. D’ailleurs, depuis l’an dernier, on a un TPE pour les paiements par carte bancaire, et ça nous change vie ! Ça nous évite de perdre des ventes, parce qu’il n’y a pas de distributeur sur place”, précise Myriam, exposante et membre du comité du tourisme de Taiarapu-Ouest.

Forains et artisans, tous les stands restent ouverts jusqu’au dimanche 20 août 2023. Des animations sont même prévues ce week-end.

Au cœur de la compétition grâce aux taxis-boats

Après avoir fait quelques emplettes et savouré un poisson cru les pieds dans le sable, face au site de compétition, difficile de résister à l’envie de voir les surfeurs à l’œuvre sur la célèbre vague de Teahupo’o. Plébiscités tout au long de l’année, les taxis-boats le sont d’autant plus à cette période.

“Cette année, je trouve qu’il y avait moins de public, sans doute en raison des conditions de vagues, qui n’étaient pas exceptionnelles, sauf l’après-midi des finales, où il y avait beaucoup plus de monde sur l’eau. Mais pour ma part, comme chaque année, le bilan est positif et j’ai pu faire tourner les deux bateaux au maximum. Je salue le fait que les autorisations d’accès au plan d’eau n’étaient accordées qu’aux bateaux qui avaient un permis de navigation à jour. Autre changement, en lien avec les JO : on a vu beaucoup plus de gendarmes sur l’eau”, observe Cindy Otcenacek.

“Je constate aussi depuis deux mois une nouvelle clientèle qui arrive sur le spot, des personnes sans aucune attache avec le surf, mais qui veulent voir la vague, quelles que soient les conditions, pour pouvoir dire qu’elles sont venues sur le futur site olympique”, poursuit la prestataire nautique, dont la profession a encore de beaux jours à vivre devant elle.

Pour Maima, autre prestataire nautique exclue de la ligne d’eau le dernier jour de la compétition, c’est plutôt la “déception”. En cause : la position de son embarcation “trop en bas” de la zone délimitée, justifiée par “un trop grand nombre de bateaux”.

Logement : les bonnes adresses affichent complet

Côté hébergement, sans surprise, toutes les bonnes adresses au plus près du site de compétition sont prises d’assaut par les membres de l’organisation, les surfeurs et les médias, permettant à de nombreuses familles de Teahupo’o de profiter de l’accueil de l’événement à domicile.

Sur la route qui mène à la vague mythique, d’autres enseignes ont bénéficié de l’attractivité de la compétition, dont des magasins et des restaurants de Taravao.

Milton Parker, hébergeur à la pointe Fare Mahora :

“On est au rendez-vous
depuis onze ans”

“Nos bungalows sont loués du 9 au 21 août par les cadres et la production de la WSL. Cette année, ça fait onze ans qu’on est au rendez-vous, toujours avec eux, parce qu’ils sont sur place, juste en face de la vague.

On propose des services modernes dans des constructions locales, que j’ai faites moi-même, puisque je suis entrepreneur de métier. J’ai pour projet de construire d’autres hébergements par rapport aux Jeux Olympiques et parce que j’ai de la demande toute l’année : des surfeurs quand il y a de la houle, et des locaux tous les week-ends et pendant les vacances.

On a augmenté nos tarifs suivant l’augmentation de la TVA, mais pas plus. En revanche, pour la période des JO, pendant 20 jours, les prix seront multipliés par quatre. À Paris, c’est pareil, mais fois six ! Ça va aussi augmenter dès le mois de mai pour la prochaine Tahiti Pro.

Il faut comprendre qu’on a investi et que ça demande de l’entretien. Nous avons deux femmes de ménage de Teahupo’o. Pour le ma’a, on fait appel à des prestataires de chez nous”.

Daniel Naudin, tatoueur marquisien au PK 0 :

“Ça me permet de me faire connaître”

“C’est la première fois que je tiens un stand lors de la Tahiti Pro et je crois qu’il n’y avait pas de tatouage avant sur place. Il y a eu beaucoup de curieux. Des touristes sont venus se faire tatouer, et aussi des locaux.

C’est une expérience intéressante pour moi, parce que ça me permet de me faire connaître à Teahupo’o.

Habituellement, je travaille chez moi, à Taravao, au plateau. Je suis aussi venu avec des sculptures pour présenter un aperçu de mon travail. Je vais déjà me préparer pour 2024 pour avoir plus de produits à proposer : j’aimerais être au rendez-vous pour les Jeux Olympiques !”.

Rensi Reva, forain restaurateur au PK 0 :

“On aurait pu
accueillir encore plus de monde”

“Je tiens cette baraque avec ma femme et ma mère. Les enfants nous aident pour le service. Ça fait deux ans que j’ai pris la relève.

Comme tous les ans, on est content de nos ventes. Les plus belles journées, ce sont les jours de week-end et de compétition. Ces jours-là, les quarante chaises sont prises. On a même dû faire patienter des clients dehors le temps que d’autres terminent de manger.

On aurait pu accueillir encore plus de monde, mais avec les travaux, on avait un lot de moins que d’habitude, donc ça nous a un peu pénalisés. On a essayé de se rattraper sur les plats à emporter.

L’année prochaine, ça devrait revenir à la normale. Merci à la WSL de venir chaque année chez nous : c’est un vrai plus pour la population de Teahupo’o. En sachant qu’on essaie d’acheter du poisson frais aux pêcheurs du coin, quand ils en ont”.