La communauté d’archipel aux Marquises divise le Tavini huiraatira

Moetai Brotherson, Philippe Vigier, Gérald Darmanin et Benoît Kautai à Nuku-Hiva, ce vendredi 18 août. (Photo : SB/LDT)
Moetai Brotherson, Philippe Vigier, Gérald Darmanin et Benoît Kautai à Nuku-Hiva, ce vendredi 18 août. (Photo : SB/LDT)
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Gérald Darmanin et toute la délégation ministérielle étaient aux Marquises, ces 18 et 19 août. Plus précisément à Nuku Hiva et Hiva Oa. La pluie qui s’est abattue durant la durée du séjour sur la Terre des Hommes n’a pas entaché la fête et les ambitions des Hakaiki marquisiens. Des ambitions qui divisent l’unité (de façade?), au sein du parti indépendantiste.

La “communauté d’archipel”. Un désir institutionnel des Hakaiki marquisiens et membres de la communauté de communes des îles Marquises (CODIM), représentée par son président Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva, qui fait grincer des dents d’un côté du Tavini, alors que de l’autre, on prône l’ouverture d’esprit et la discussion.

Pour rappel, les Hakaiki marquisiens souhaitent obtenir davantage d’autonomie, dans des secteurs comme le foncier, la culture, le tourisme ou le secteur primaire. Pour cela, ils souhaitent la création d’une communauté d’archipel et la décentralisation de certains pouvoirs.

“Que l’on rende à notre archipel son âme. Aidez-nous à récupérer notre mana”

Le maire de Nuku Hiva l’a d’ailleurs rappelé dans son discours face au ministre de l’Intérieur et face au président du Pays, Moetai Brotherson. “Ce que nous souhaitons, monsieur le ministre, nous les Marquisiens, c’est que l’on rende à notre archipel son âme. Aidez-nous a récupérer notre mana en portant un projet de loi organique qui créera notre communauté d’archipel.”

Et face à cette volonté forte des maires des Marquises, Moetai Brotherson joue l’écoute et semble même faire un mea culpa au nom du Pays : “Nous ici, en Polynésie, on se plaint que tout se décide à Paris, et les Marquises, ainsi que les autres archipels, se plaignent que tout se décide à Tahiti. Et bien tout cela, ça doit changer. Sous quelle forme, c’est à nous d’en discuter (…) Ce gouvernement est à votre écoute.”

Benoît Kautai informe d’ailleurs que le président Brotherson à rencontré les maires des Marquises à ce sujet et qu’un groupe de travail, entre juristes du Pays et juristes de la CODIM, a été mis en place.

Des Hakaiki “assez grand pour porter leurs projets” pour Brotherson, des “Tiki plus intelligents que les Hakaiki” pour Temaru

Moetai Brotherson : “Il y a, c’est vrai, eu par le passé, des relations entre Tahiti et les Marquises qui n’ont pas forcément toujours été placées sous le signe du respect. Parfois placées sous le signe d’une reproduction, à notre échelle, du jacobinisme bien connu dans l’Hexagone.” (Photo : SB/LDT)

Quasiment au même moment, alors que Moetai Brotherson entrouvrait une porte, Oscar Temaru en fermait une. Le président du Tavini huira’atira, qui avait convié la presse afin de réagir aux propos de Gérald Darmanin lors de sa visite, n’a pas fait de cadeau aux Haikaiki marquisiens.

“Je crois que les Tiki des Marquises sont plus intelligents que les Hakaiki des Marquises.” ; “Y’a plus de Marquisiens qui vivent ici, à Tahiti, qu’aux Marquises, tout le monde le sait” ; “Ils sont instrumentalisés, cela ne vient pas d’eux.” On l’aura compris, le leader historique du Tavini est totalement opposé à l’idée d’une sorte de sécession de la Terre des Hommes.

Ce à quoi Moetai Brotherson a réagi, lors d’une interview accordée à la presse, notamment sur “l’instrumentalisation” des maires sur ce projet : “Je me réserve le droit de ne pas être d’accord avec l’analyse. Je pense que c’est un projet qui, depuis le début, est porté par les Hakaiki eux-mêmes. Ils sont assez grands pour porter leurs projets.”

Après les soupçons, au sein du parti, de l’existence d’une potentielle taupe, suite à la divulgation à la presse, du courrier adressé au leader indépendantiste sur les comptes de campagne des territoriales 2023, ces oppositions de pensées semblent marquer une fissure, chaque jour plus profonde, au sein du Tavini huira’atira.