Le recensement agricole débute à Tahiti et dans les îles

Environ 7.500 agriculteurs, horticulteurs, éleveurs et coprahculteurs seront interrogés pour mettre à jour les données, le précédent recensement remontant à plus de dix ans (Photos : ACL/LDT).
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Programmé du 16 août au 08 décembre 2023, le recensement général agricole a débuté en milieu de semaine dernière dans les cinq archipels polynésiens. Environ 7.500 agriculteurs, horticulteurs, éleveurs et coprahculteurs seront interrogés par 60 enquêteurs encadrés par 8 gestionnaires d’enquêtes, missionnés par l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF).

Questionnaire sur site

Lundi 21 août 2023, une enquêtrice a été reçue chez Teva Parker, sur le plateau Orotai de Pueu. “On va sur site pour voir si l’exploitation existe vraiment, et aussi pour s’assurer que les informations qu’on collecte sont bien réelles. On fait aussi des relevés GPS”, précise Corinne Mercier, gestionnaire des zones Taiarapu-Est et Marquises Nord. “Chaque agent a un carnet de tournée. Ils prennent rendez-vous par téléphone avec les exploitants pour venir quand ça les arrange. Ils sont généralement accueillants, et certains viennent même nous chercher quand l’accès est difficile”.

Chaque enquêteur est équipé d’une tablette : une première dans le cadre du recensement agricole, synonyme de praticité et de gain de temps, y compris pour le traitement des données à l’issue.

Corinne Mercier et Eric Mignard

Mettre à jour les données

Cette fois-ci, en moins d’une heure, le questionnaire numérique était complété. “Ça peut prendre entre 30 minute et 2 heures, selon le nombre d’activités de l’exploitant. Pour faciliter les échanges, les questions sont disponibles en français ou en tahitien”, précise Eric Mignard, conseiller technique à l’ISPF. Superficie de l’exploitation, type de production, modalités de vente, présence de salariés ou encore revenus à la hauteur des besoins, voici un aperçu des questions qui sont posées aux professionnels interrogés.

Les deux précédents recensements ciblés remontant à 2012 et 1994, il s’agit d’une importante opération de mise à jour des données. Elle est financée à hauteur de 175 millions de francs par l’État et majoritairement par le Pays, dont 125 millions pour le processus de collecte.

“Prendre les mesures qui s’imposent”

“Les données vont être anonymisées et vont permettre à la DAG (Direction de l’Agriculture, ndlr) de faire des comptages, des études et des enquêtes plus précises par thématique. On aura une vision actuelle du système agricole en Polynésie. On a des questions sur la formation, sur les revenus, sur la pénibilité physique : comme pour toutes les enquêtes de l’ISPF, le but, c’est que le grand public, et surtout les décideurs, aient connaissance de ces informations et les utilisent pour prendre les mesures qui s’imposent”. Les résultats du recensement général agricole devraient être publiés au printemps 2024.

Quant au secteur de la pêche, la question est posée aux agriculteurs, afin de savoir s’ils pratiquent également cette activité. Un recensement dédié aux pêcheurs lagonaires serait en préparation du côté de la Direction des ressources marines (DRM).  

Du Fenua ‘Aihere jusqu’aux atolls

Tous les exploitants du Fenua sont concernés. Aucun archipel ne sera oublié, ce qui suppose la mise en œuvre de moyens logistiques. Pour se rendre au Fenua ‘Aihere, à Tautira ou à Teahupo’o, les enquêteurs s’organisent avec les agriculteurs.

Aux Tuamotu, les distances maritimes étant plus importantes, plusieurs semaines y seront consacrées. “On a réservé un bateau, qui doit partir de Makemo le 30 août pour faire étape dans 18 îles, qu’on aurait eues du mal à atteindre par avion. Trois enquêteurs seront à bord pendant trois mois, le temps de faire les collectes et de naviguer entre les îles. C’est un bateau qu’on avait déjà utilisé pour l’enquête Feti’i e Fenua, entre 2019 et 2020”, explique Eric Mignard.

Teva Parker, 74 ans, agriculteur de Pueu : 

“Je suis content qu’on s’intéresse à nous”

“Je suis spécialisé dans les fruits : citrons, mangues, avocats et cocos. Je ne plante pas de légumes. Je suis agriculteur depuis 2003, après une carrière dans l’armée pendant 36 ans, en tant que civil.

C’est la première fois que je participe au recensement agricole. Pour ma part, à mon âge, j’aurais besoin d’avoir de la main d’œuvre pour m’aider, car je n’ai aucun salarié et mes enfants ne travaillent pas dans ce domaine. Pour ce qui est de vendre, j’ai déjà mes contacts dans les magasins des environs, donc à ce niveau-là, je n’ai pas de problème. Je suis content qu’on s’intéresse à nous. J’apprécie beaucoup cette démarche”.