Augmentation des taxes aériennes : c’est “non”, pour les élus ultramarins

L'annonce de nouvelles taxes dans l'aérien, pour financer le train, fait bondir du côté des ultramarins. (Photo : SB)
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Clément Beaune, ministre des Transports en France, l’annonce depuis déjà quelques semaines. Il faudra compter sur une nouvelle taxe sur les billets d’avion dans le cadre du budget 2024. Ambition : décarboner les transports et favoriser les modes de déplacement les plus écologiques notamment le train… moyen de transport inexistant en Polynésie française.

Ces annonces n’ont pas tardé à faire réagir les élus ultramarins, à l’instar de l’ancien ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, aujourd’hui sénateur de la Guadeloupe, ou encore notre députée à l’Assemblée nationale, Mereana Reid-Arbelot.

Pour le premier, il serait “injuste de faire peser sur les passagers aériens, et singulièrement les voyageurs guadeloupéens, le financement d’infrastructures ferroviaires inexistantes sur leur propre territoire.”

La garantie d’une continuité territoriale et le maintien du pouvoir d’achat des Guadeloupéens sont au cœur du combat de Victorin Lurel, qui fut ministre des Outre-mer de mai 2012 à mars 2014, contre ces possibles augmentations de prix à venir dans le secteur de l’aérien.

Dans un courrier, adressé à Clément Beaune, il demande a ce que les “liaisons reliant la France hexagonale aux territoires d’outre-mer soient exonérées de cette taxe” et informe dans un communiqué qu’il “veillera à ce que ce projet ne voit jamais le jour.”

“Quand-est-ce que le gouvernement central se rappellera qu’il est responsable de personnes et de familles situées “au-delà” des mers, où le train n’est pas une option ?”

Même son de cloche du côté de la députée de la Polynésie française, Mereana Reid-Arbelot, qui exprime son vif mécontentement, sur les réseaux sociaux, face aux futures augmentations tarifaires des billets d’avion et s’interroge : “Quand est-ce que le gouvernement central se rappellera qu’il est responsable de personnes et de familles situées “au-delà” des mers, où le train n’est pas une option ?”

Contacté à ce sujet, Michel Monvoisin, PDG d’Air Tahiti Nui (ATN), réagit: “Ce n’est pas aux passagers, résidents et/ou visiteurs des outre-mer ou à leurs compagnies aériennes, déjà suffisamment pénalisés par l’inflation et les distances, d’aller payer pour le train. Ça n’a pas de sens. L’aérien est le mode de transport le plus taxé en France.” Il informe que le syndicat des compagnies aériennes autonomes (SCARA), auquel ATN adhère, porte le sujet auprès de l’Etat.

La direction générale de l’aviation civile informait d’ailleurs en avril, que sur la période mars 2022- mars 2023, le prix des billets avait augmenté de +24 %. Cette même direction informait aussi, il y a quelques jours que, pour les sept premiers mois de l’année, la hausse cumulée des prix des billets était de +14,3 %.

“Les Polynésiens qui doivent parcourir 18 000 km et 12 fuseaux horaires pour “passer Noël en famille” et pour qui le train n’est pas une option”

Mereana Reid-Arbelot, par ailleurs contrôleuse aérienne, souligne que le président du Pays, Moeteai Brotherson, avait déjà soulevé les difficultés des outre-mer à faire face aux prix élevés des vols, alors qu’il était encore président de la délégation aux Outre-mer à l’Assemblée.

Ouverte à la transition écologique, “mais pas au détriment des populations ultramarines et du développement des outre-mer”, Mereana Reid-Arbelot encourage le ministre des Transports à revoir sa copie pour les “Polynésiens qui doivent parcourir 18 000 km et 12 fuseaux horaires pour “passer Noël en famille” et pour qui le train n’est pas une option.”

Au micro de France Info, Clément Beaune déclarait, le 21 août : “Il faut parfois que le billet d’avion soit un peu plus cher pour refléter son coût environnemental, mais pas pour dégrader le pouvoir d’achat, pour financer l’investissement dans le ferroviaire, le rail, et avoir des billets de train moins chers”. Cette nouvelle taxe sur les billets pourrait rapporter une centaine de millions d’euros sur la période 2023-2027. Elle pourrait être mise en place dès l’automne.