JO 2024 : un poteau en héritage dans le lagon de Teahupo’o alimente l’inquiétude

Vue aérienne de la passe de Hava'e, futur site olympique (Crédit : Manea Fabisch/Paris 2024).
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Après le coût faramineux de la tour des juges, cette fois-ci, c’est un risque d’atteinte visuelle à l’environnement de Teahupo’o qui suscite l’inquiétude au sein de la communauté locale, dans le cadre de l’organisation des épreuves olympiques de surf de Paris 2024. En cause : un futur poteau émergé en permanence pour contenir les points de connexion aux différents réseaux prévus sur la tour (internet, électricité et eaux).

4 ou 2 mètres de haut ?

Récemment alertée sur le sujet, la présidente de l’association de défense du Fenua ‘Aihere, Annick Paofai, est remontée. “On n’est pas là pour embêter l’organisation : depuis tout ce temps, on laisse faire. On nous avait dit qu’après les JO, il n’y aurait plus rien dans la mer, puisque la tour est démontable. Et j’apprends qu’il va rester un poteau de 4 mètres de haut dans le lagon ! Pendant 26 ans, on a fait des compétitions internationales : on a fait comment pour l’électricité et internet sur la tour ? Et les toilettes sèches, ça existe”, déplore-t-elle, contactée ce mardi matin par téléphone.

Impossible, pour l’heure, de confirmer la longueur exacte de cette proéminence, ni de définir son allure. Annick Paofai évoque 4 mètres d’après “une source proche de l’organisation”. Du côté de la mairie de Taiarapu-Ouest, les indications de taille oscillent plutôt entre “1,50 et 2 mètres de haut”. Là encore, sans certitude. Selon nos informations, les discussions entre les différentes parties prenantes du dossier seraient d’ailleurs toujours en cours sur ce point de détail, qui n’en est pas un.

“On ne peut pas prôner le tourisme durable et planter un truc artificiel entre la vague et les montagnes”

Comme pour le projet des antennes relais auquel elle s’était fermement opposée en 2022, pour Annick Paofai, il est hors de question d’accepter un tel héritage dans le paysage préservé de Teahupo’o. “Je dis non : il n’y aura pas de poteau ! On ne peut pas prôner le tourisme durable et planter un truc artificiel entre la vague et les montagnes. Où est la protection de la nature promise ? Et qu’on ne vienne pas me dire qu’on va décorer ce poteau. Ce n’est pas non plus comme une balise de navigation, qui est là pour garantir la sécurité des gens. Quand on met autant d’argent dans une tour, ça doit être possible de camoufler la sortie des câbles et des tuyaux pour les réutiliser chaque année”, remarque-t-elle.  

Même constat pour Peva Levy, résident du PK 0 et membre de l’association Vai Ara O Teahupo’o, qui va plus loin. “Ce qui m’inquiète aussi, c’est le risque pour les coraux lors de l’acheminement de ces réseaux de la tour vers le bord de la plage. Je n’ai pas connaissance d’une étude d’impact. Et quand on veut se renseigner, personne ne veut lâcher le morceau, donc on reste dans le flou. On veut nous mettre devant le fait accompli”.

Une réunion publique à Teahupo’o, le 15 septembre

Contacté à ce sujet, le Pays, et plus particulièrement le ministère des Sports, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. À la place, c’est une invitation à une réunion publique qui est lancée, vendredi 15 septembre 2023, à 17 heures, à la salle omnisports de Teahupo’o.

L’occasion pour les habitants de s’informer sur les différents projets à moins d’un an de l’événement, et d’en savoir plus sur ce fameux poteau dans le lagon. “Ce qui me fait peur, c’est qu’on nous dise que c’est trop tard pour changer les plans… Mais il n’est jamais trop tard !”, conclut Annick Paofai, regrettant tout de même que cette rencontre avec la population n’intervienne que maintenant.