
Un couple et leur beau-frère étaient jugés en comparution immédiate le 28 août 2023 pour usage, détention et trafic de stupéfiants, après la découverte à leurs domiciles respectifs d’une cinquantaine de pieds de cannabis. Malgré la faible importance du trafic, un père de famille trentenaire, déjà condamné en 2022 pour les mêmes faits, a été conduit en cellule pour 10 mois.
C’est suite à un signalement que les gendarmes de Parara se rendent tout d’abord au domicile d’un couple, dont l’homme est déjà connu de la justice. À deux reprises déjà, de petites plantations sont découvertes à son domicile. La dernière condamnation du principal prévenu, déjà pour cannabis, remonte à 2022. Il a depuis au-dessus de la tête une peine de six mois de prison avec sursis probatoire, autant dire qu’avoir planté moins d’un an plus tard est un non-respect manifeste de ses obligations. La Présidente du tribunal ne manque pas de le lui rappeler.
Autre erreur du planteur, avoir déclaré au juge d’application des peines qu’il ne fumait plus, fournissant même des analyses médicales, tout en déclarant aux juge d’instruction lors de sa dernière interpellation qu’il plantait surtout pour sa consommation personnelle.
Sa compagne, elle aussi jugée pour les mêmes faits, ne semble que légèrement impliquée. Elle décrit la manière dont elle a essayé de persuader son compagnon de ne pas recommencer, pour finalement accepter une nouvelle plantation. 36 pieds sont saisis. “Il est têtu”, soupire-t-elle.
L’analyse des téléphones des prévenus implique aussi un troisième homme, le beau-frère, chez qui quelques autres pieds sont découverts. Les deux hommes disent planter pour subvenir à leurs besoins. “Ca aide à payer les factures” dit le beau-frère. Le seul avec un travail déclaré, payé au SMIG. Une précarité qui ne transpire pas de leur joyeuse correspondance numérique.
Tous les trois s’échangent régulièrement des photos de leurs pieds de paka, se congratulent fièrement et s’envoient parfois des clichés des petites liasses de billets que leur rapporte l’activité. Le père indique même qu’avant que les pieds ne soient à terme, il achetait en gros pour revendre en stick.
Lors de son interpellation, il a d’ailleurs 180 000 F en espèces dans le short. Il est celui qui semble le plus organisé. Si chez le beau-frère, on sent l’amateurisme, chez le père de famille récidiviste, les pieds enfermés sont sous une bâche sous un éclairage dédié. En cette saison fraîche, le lieu est équipé d’un chauffage d’appoint.
“Faut pas réfléchir longtemps pour faire ça”
Entre les faibles quantités concernées et la petitesse du trafic, on s’attend à ce que le tribunal prononce une simple amende ou du sursis. Seulement voilà, c’est la troisième fois que le principal planteur est pris. Il y a un an, il avait été condamné à six mois de prison avec sursis, une peine que le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) souhaite voir aujourd’hui révoquée. “Vous replantez à peine un an après avoir été condamné […] En plus vous prenez des photos que vous gardez dans votre téléphone. Faut pas réfléchir longtemps pour faire ça” lâche la présidente du tribunal.
Après des réquisitions aussi brèves que le dossier est maigre, leur avocate met en avant le fait qu’elle n’est pas depuis longtemps sur le territoire et lâche : “On a l’impression qu’ici, on ne comprend pas que c’est interdit”. Elle rappelle la faible envergure du trafic et demande du sursis, car, dit-elle : “Deux jours en détention, ça change un homme”.
Le beau-frère écope d’une peine de quatre mois ferme, aménageable par le juge d’application des peines. Il évite la prison. La femme est condamnée à 100 000 F d’amende. Pour le père de famille c’est plus sévère. Il s’y attendait, puisque les sacs de linge sont prêts, et que ses enfants sont tous là pour lui dire au revoir. Sa rapide récidive lui coûte quatre mois, et la révocation de son sursis l’envoie dix mois en cellule.
Compte-rendu d’audience Y.P.