La marche vers la citoyenneté māòhi est lancée par Tematai Le Gayic

Pour le jeune député, " l’idée de la pétition est d’aller à la rencontre des Polynésiens chaque soir. On va leur expliquer la valeur juridique et coutumier de la citoyenneté, les piliers, les critères de la citoyenneté, les droits et devoirs." (Photo : SB)
Pour le jeune député, " l’idée de la pétition est d’aller à la rencontre des Polynésiens chaque soir. On va leur expliquer la valeur juridique et coutumier de la citoyenneté, les piliers, les critères de la citoyenneté, les droits et devoirs." (Photo : SB)
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“Monsieur le Président de la République française, nous souhaitons vous interpeller sur la nécessité de mettre en place une citoyenneté māòhi sur le territoire de la Polynésie française.” Ainsi débute la pétition lancée par le député Tematai Le Gayic, pour la création d’une citoyenneté māòhi.

Mais avant d’arriver jusqu’à Emmanuel Macron, le chemin est encore long. Il s’agit de sensibiliser et de convaincre la population. Cette pétition a été présentée ce lundi 28 août à la mairie de Papeete, lors de sa première soirée de tournée parlementaire au fenua.

Le député l’avait annoncé sur sa page Facebook, la présentation a débuté. Elle “émane d’une démarche personnelle et s’inscrit dans la continuité de la tournée parlementaire réalisée l’an passé sur la question du foncier” précise Tematai Le Gayic. Elle va s’étaler sur trois semaines avec les communes de Papeete, d’Arue et de Rangiroa comme point de départ.

“Le plus important, c’est l’action de conscientisation”

“L’idée de la pétition est d’aller à la rencontre des Polynésiens chaque soir. On va leur expliquer la valeur juridique et coutumier de la citoyenneté, les piliers, les critères de la citoyenneté, les droits et devoirs. Aussi, l’objectif de la présentation est d’avoir ensuite des référents-citoyens volontaires qui iront dans les quartiers, pour continuer l’explication de ce qui a été dit et les fondements de cette citoyenneté. Le plus important, c’est l’action de conscientisation.

Tematai Le Gayic explique que la citoyenneté māòhi repose sur quatre grands principes : retrouver la dignité du peuple māòhi, permettre de geler le corps électoral afin que le peuple māòhi décide de son destin et de ses institutions, la protection du foncier et enfin, la protection de l’emploi pour les enfants māòhi afin qu’ils retrouvent leur dignité par l’emploi.

“Les critères, que je propose, existent dans tous les pays du monde”

Parmi, les conditions proposées par le député, et qui permettraient d’être éligible à la citoyenneté māòhi  : être né en terre māòhi ; avoir au moins un de ses parents citoyen māòhi ; avoir vécu, a minima, la moitié de sa vie en Polynésie et passer devant une commission de naturalisation ; être marié à un citoyen, ou une citoyenne māòhi depuis au moins 15 ans et passer devant une commission.

Sur ces critères présentés, l’élu parlementaire de la 1ère circonscription explique qu’ils sont là pour “créer un débat. Au sein du Tavini, au sein de la population, nous ne sommes pas tous d’accord sur les différents critères d’éligibilité à la citoyenneté māòhi. Les critères, que je propose, existent dans tous les pays du monde. Je pose ensuite la question : d’accord, pas d’accord, que voulez-vous ajouter ou modifier?”

“Proposer un projet de loi, auprès du pouvoir central à Paris, à la fin de l’année”

La démarche de création d’une citoyenneté māòhi ne peut s’obtenir que par une révision constitutionnelle. L’objectif, pour le député, est de proposer un projet de loi, auprès du pouvoir central à Paris, à la fin de l’année, après la séance à l’ONU, sur le dossier de la décolonisation, en octobre prochain. Le projet, s’il devait être validé, permettrait une révision de la constitution et d’inscrire, dans cette dernière, la citoyenneté māòhi , au même titre que la citoyenneté calédonienne.

Cette pétition peut être trouvée au format papier, dans la permanence parlementaire du député sur Papeete ou auprès des référents-citoyens, mais également en ligne.

Différence entre la citoyenneté polynésienne et la citoyenneté māòhi?

Interrogé sur la différence entre la citoyenneté polynésienne et Māòhi, Tematai Le Gayic répond :

“J’ai toujours dit citoyenneté māòhi. Pourquoi ? Le terme “polynésien”, pour certaines personnes, est le plus adéquat pour réunir toutes les communautés qui vivent au sein de la Polynésie française actuelle, dont la communauté autochtone māòhi. Pour ces personnes, le terme māòhi, ne définit que la communauté autochtone. Donc, à partir du moment où on n’est pas issu de cette communauté, on ne peut pas s’assimiler à la communauté māòhi, d’où le terme citoyenneté polynésienne.

De mon côté, la difficulté que j’ai avec le terme “polynésien”, imposé par l’Occident, dans le cadre de la citoyenneté, est qu’il est aussi utilisé par d’autres peuples comme à Wallis, aux Samoa, à Rapa Nui, en Nouvelle-Zélande, ou encore Hawaii. On ne peut pas se permettre de prendre le monopole de cette appartenance. Le terme Polynésien est partagé par tous.

L’objectif de la citoyenneté māòhi c’est d’abord de se définir soi-même, de son point de vue en tant qu’autochtone et pas du point de vue de l’œil extérieur. Moi, en tant qu’autochtone, je me définis comme māòhi.

On fera un pas vers les autres communautés pour les faire accepter dans cette citoyenneté māòhi, dans ce peuple de destin commun que nous voulons créer, même si ils n’ont pas de filiation māòhi . La citoyenneté māòhi au final, n’est pas un moyen d’écarter les autres communautés mais au contraire de faire en sorte qu’elles s’insèrent dans celle-ci”.