Diffamation sur Facebook, deux femmes condamnées à de lourdes amendes

(Photo : DR)
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Jugées par tribunal correctionnel le 29 août 2023, deux femmes ont été condamnées à verser près d’un million de francs d’amende et de dommages et intérêts à l’ancienne compagne de Thierry Barbion, pour avoir diffamé la jeune femme sur le réseau social Facebook. Des propos injurieux et diffamatoires tenus en 2021 en marge de la procédure qui a confié la tutelle de Thérèse Moke, Miss Tahiti 1993, à ses parents plutôt qu’au sulfureux promoteur. Une décision qui confirme ce qu’il est bon de rappeler, on ne peut pas tout dire sur les réseaux sociaux.

Victime de graves séquelles en 2009 après une tentative de suicide, encore aujourd’hui remise en cause par certains, c’est la bataille pour sa tutelle, entre ses parents et son mari, qui avait de nouveau fait les gros titres en 2020. Une affaire qui suscite encore aujourd’hui une grande émotion sur le territoire, émotion entretenue et amplifiée par les rumeurs persistantes sur les circonstances du drame, puis par le parcours judiciaire du promoteur.

Obsédée par l’affaire

Alors qu’elle ne connaît pas personnellement la victime, une des prévenues, absente, décide alors de modifier le nom d’une page Facebook initialement destinée à la défense des animaux, pour la consacrer au soutien de Thérèse Moke et la nomme “Appel à témoins”. Obsédée par l’affaire, elle espère toujours 10 ans plus tard recueillir des informations sur les circonstances du drame qui a conduit la Miss Tahiti dans un fauteuil roulant, victime ce soir-là d’une trop longue asphyxie.

La seconde prévenue, dans une combinaison de la flottille administrative ressemblant à une tenue de détenu à la barre, adhère alors à la page, et la cause. Seulement les deux femmes ne se contentent pas de jouer les détectives bon marché, elles invectivent et prennent pour cible la plaignante, alors compagne de Thierry Barbion. C’est alors un flot d’insultes, mais pire, de menaces qui engorgent la page Facebook. Des appels au viol, des menaces de mort, sa photo et son nom jetés en pature à une horde de haters sans limite.

“On ne peut pas harceler impunément”

La seule prévenue présente ne montre aucune compassion. Alors qu’elle non plus ne connaît ni Thérèse Moke, ni la victime, elle participe pourtant à l’organisation de la marche blanche en soutien à la famille marquisienne de la miss. Elle partage à nouveau le premier post injurieux, allant même jusqu’à insinuer que la victime était présente le soir du drame en 2009. Une des nombreuses “fake news” colportées par les prévenus, la victime était hors territoire à cette date, c’est vérifié.

Mais pire que les injures, c’est la violence des menaces reçues et l’impact sur sa vie et celle de ses proches que la victime tient à mettre en avant. Comme le fera son avocat quelques minutes plus tard, elle parle d’un véritable cyber harcèlement et des messages immondes qu’elle a reçus. Elle, mais aussi des membres de sa famille ou sa propre fille. Une adolescente parfois même interpellée dans la cour d’école sur les allégations mensongères de la triste page “Appel à Témoins”. Son avocat compare le calvaire de sa cliente et ses effets à long terme à un véritable syndrome post-traumatique. La victime a dû se cacher, épiée jusqu’à la caisse du magasin de son quartier.

“Les faits sont avérés”

Comme dans la plupart des affaires de diffamation, le ministère public ne rentre pas dans de longues réquisitions et laisse le seul tribunal statuer. La procureure se contente d’une phrase, importante, selon elle “les faits sont constitués”.

La défense des prévenus fait peine, l’avocat n’hésitant pas à racler le fond de la cuve à rumeur sur les circonstances de l’accident, alors même que l’une d’entre elles, en mai 2023, continue de s’en prendre à la victime sur les réseaux.

Elles sont respectivement condamnées à 100 000 et 400 000 francs d’amende. Pour les dommages et intérêts et les frais de justice de la victime, elles devront lui verser près d’un million de francs.

YP