Tel est pris qui croyait prendre! Ce jeudi 31 août, un homme, d’une quarantaine d’année, comparait devant le tribunal correctionnel de Papeete, en comparution immédiate à délai différé, pour des faits de voyeurisme établis sur une période de trois ans, entre 2019 et 2022. Sa principale victime : sa voisine…mais pas que.
Le quadragénaire est sans doute un grand fan des films “Sliver” ou “Fenêtre sur cour”! Les références cinématographiques pourraient faire sourire si la réalité n’avait pas rattrapé la fiction. Le prévenu, en couple depuis une vingtaine d’années, et inséré socialement et professionnellement, se présente à la barre tout penaud. A son attitude, on se doute que l’homme n’est pas un habitué des lieux.
Les faits débutent en 2019. L’accusé et la victime sont voisins. Une relation amicale naît entre ces derniers, une relation de confiance, mentionne la victime. Une confiance qui l’amène à demander, au prévenu, de nourrir ses chats durant une absence prolongée de son domicile. Service que le bon samaritain accepte.
Des “pulsions et une disette sexuelle” comme explications aux dérives
La victime absente de son domicile et les clefs en main, l’homme, spécialiste de l’informatique, met en place son stratagème. Il installe une caméra discrète dans la salle de bain de sa voisine, près de la machine à laver et fait faire un double des clefs de l’appartement.
Durant trois ans, l’homme pénètre ainsi à plusieurs reprises dans le domicile de la victime pour récupérer la carte SD de la caméra. Une fois celle-ci en sa possession, il télécharge les images sur son téléphone, fait même des montages, et assouvit “ses pulsions”, comme il le répète plusieurs fois durant l’audience.
Des “pulsions” qui ne s’arrêtent pas qu’aux images, les vidéos montrant par la suite l’homme s’adonner à des plaisirs solitaires au sein même du domicile de la victime. Interrogé sur les raisons l’ayant poussées à agir de la sorte, il avance la “disette sexuelle” dans son couple comme argument.
C’est en novembre 2022, que, celle qui pensait avoir un voisin hors de tout soupçon, découvre la caméra. Elle n’identifie pas immédiatement l’objet. Des amis le lui font comprendre. Elle se rend alors chez les forces de l’ordre et le couperet tombe lors du visionnage.
“Que la justice pénale s’abatte”
Stress, sentiment d’insécurité, honte et perte de sommeil font désormais partie du quotidien de la jeune femme. Elle trouve la force de faire face à celui qui reste encore aujourd’hui son voisin et qui n’en était pas à son coup d’essai, les enquêteurs trouvant des vidéos d’autres femmes, victimes des déviances de l’homme.
Aujourd’hui suivi par un psychiatre et décrit comme méticuleux, très organisé, à la limite de l’obsession, l’homme est pris de remords, ne cesse de présenter des excuses, expliquant même avoir pensé à déménager dans les îles pour vivre de la pêche. Pour le moment il vit, avec sa compagne, toujours voisin de la victime qui est amenée parfois à croiser celui qui l’a trahie.
Dans son plaidoyer, l’avocat de la victime espère que la “justice pénale s’abattra” et demande à la cour une provision de 500 000 F, à la charge du prévenu, afin que sa cliente puisse bénéficier d’une expertise et d’un suivi psychiatrique, tant les plaies sont profondes. La procureure requiert une condamnation à un an de prison avec sursis.
Le délibéré sera rendu le jeudi 7 septembre prochain.