“En voulant bien faire, mais surtout trop bien faire, l’on aboutit souvent à un résultat inverse à celui recherché. Qui n’a douloureusement expérimenté cette cruelle réalité? Que ce soit dans le rôle de sur-protecteur ou celui de sur-protégé?
Pour l’heure, observant nos dirigeants, nul ne peut douter que seules les animent: les bonnes intentions et une bonne volonté évidente à défendre la probité.
Si ce sont des conditions nécessaires pour assurer une bonne gouvernance, sont-elles suffisantes?
La longue histoire de l’humanité témoigne qu’aucune génération n’échappe à la répétition de certaines erreurs en pensant innover.
Ainsi, notre président a décidé de confier la gestion de crédits publics à quelqu’un qui a eu et continue à avoir des problèmes de probité avec ses précédents employeurs. ‘Aue tātou e! Ce pourrait être sa première faute.
Le statut d’un acteur politique et celui d’un employé de l’administration publique reposent sur des critères de sélection et de responsabilités totalement différents. Il est toujours temps pour lui de se reprendre avant de voir son nom mêlé à celui d’un personnage qui semble souffrir d’une difficulté à distinguer son bien propre d’avec celui d’autrui. Inévitablement ça le salira. Ça risque d’inutilement l’éclabousser de boue plus ou moins malodorante. Dommage.
Par ailleurs, la citoyenneté mā‘ohi est à l’honneur.
Les mots utilisés sont parfois en boucles si emmêlées qu’on pourrait croire que quelqu’un y a malicieusement glissé du chewing-gum ou du tāpau ‘uru, sève de l’arbre à pain… pour empêcher de démêler cet écheveau complexe où il est essentiel de se poser de bonnes questions et d’utiliser des glaçons de sérénité.
Dans ce projet, les mots clefs semblent être: Polynésie, mā‘ohi, citoyenneté.
Le mot Polynésie =”îles nombreuses” a été inventé par Charles de Brosse. L’idée de “race polynésienne” liée à l’origine géographique est française. Cf. L’invention française des “races” et des régions géographiques en Océanie. Serge Tcherkézoff (Au vent des îles)
Mā’ohi = “ordinaire, indigène, qui n’est pas étranger… indigène de la Polynésie française” (Cf. dico Acad tahitienne)
L’Académie englobe dans cette appellation tous les habitants de la réalité politico-géographique née du partage anglo-français des îles océaniennes. Or, avant l’intrusion de ces deux puissances coloniales dans le Pacifique, ces concepts politico-raciaux n’existaient pas. Les notions insulaires d’appartenance à un groupe humain, une terre, un marae, une constellation, étaient autres.
Le mot mā’ohi n’existe pas en pa’umotu et signifie “attouchement” en marquisien où son synonyme est maoi (Cf. Dordillon). “Mā‘ohi” ne désigne “tous les Polynésiens français” que depuis le manifeste de Duro Raapoto fin 1970. L’indignation de locuteurs de naissance fut ignorée des idéologues. Jusque là, nous étions Maori comme ceux de Ao tea roa et les Hawaiiens étaient et sont Maoli.
“L’idée de citoyenneté,… est au cœur de la conception occidentale des relations entre l’individu et cette société qui lui préexiste et qu’il rejoint un jour, par naissance ou par choix.” (Cf. Google)
Résoudre cette équation à trois inconnues est donc le défi lancé par notre jeune député.
Identifions nos injonctions paradoxales et les mots qui peuvent nous sauter à la figure.
Notre société a besoin de cohérence pour affronter la réalité en insularité absolue.
Fa’aitoito
‘Ia maita’i“
Simone Ta’ema Grand