Un jeune homme de 29 ans comparaît devant la cour d’assises de Papeete ce mardi 5 et mercredi 6 septembre pour violences volontaires ayant entraînée la mort sans intention de la donner. En 2017, pour un motif futile, il avait asséné plusieurs gifles à sa grand-mère. Touchée par de nombreuses autres pathologies, la femme de 84 ans était morte huit mois plus tard. Le procès va devoir déterminer à quel point le décès de la victime est imputable aux coups donnés par son petit-fils, ce que semblent indiquer certains rapports médicaux.
Accro au cannabis
Rarement un homme jugé par la cour d’assises arrive libre à l’audience. C’est le cas de ce jeune homme de 29 ans, propre sur lui, fleur à l’oreille, qui n’a même jamais connu un seul jour de détention.
Selon son avocate, le témoignage de sa mère ou encore l’expert psychologue, celui que nous avons devant nous n’est plus tout à fait le même qu’à l’époque des faits. Il est désormais sevré de ses addictions et ne vit que pour son travail et pouvoir subvenir au besoin de son fils de sept ans dont il s’occupe une semaine sur deux. Mais en 2017, alors sans emploi, Tino (prénom d’emprunt) est un autre homme, accro au cannabis. Le problème de cette drogue réputée douce et ses effets sur Tino, c’est qu’il devient irritable, voire agressif dès qu’il n’en a plus. Il prend alors la mouche très facilement, parfois pour des motifs plutôt futiles, c’est le cas la veille des coups. Il crie sur sa grand-mère qui vient de donner des restes de pizza à ses deux petits chiots, alors qu’il ne leur donne que des croquettes. Rigide sur la question, il lui a déjà dit de ne pas le faire.
Traumatisme crânien
C’est le lendemain matin que la dispute reprend entre la grand-mère et son mootua, toujours à cause de ces maudites croûtes de margarita données aux animaux. Alors qu’elle prépare sa tenue avant d’aller chez le coiffeur, aux alentours de sept heures du matin, l’accusé rentre dans la chambre et s’en prend à la vieille femme. C’est sa mère qui viendra s’interposer alors qu’il lui tire les cheveux. La mère dit avoir vu plusieurs gifles, son ex-compagne parle d’un seul coup-de-poing sur la tête. Toujours est-il que la grand-mère se plaint d’une forte migraine le soir-même, puis a le front et une partie du cuir chevelu qui virent rapidement du rouge au noir dès le lendemain. Pourtant, ce n’est que deux jours plus tard, alors que la vieille femme a du mal à se déplacer, que la mère décide d’appeler les pompiers. La grand-mère souffre d’un hématome sous-dural et d’un traumatisme crânien. Sous traitement anticoagulant pour des problèmes de cœur, elle subira une opération risquée trois semaines plus tard, puis décède après huit mois d’une convalescence lors de laquelle elle n’aura jamais totalement récupérée.
Pas d’autopsie
Un procès rendu complexe par le décalage entre les actes de violence de l’accusé et le décès de la victime, les graves pathologies dont la vieille femme souffrait et qui auraient peut-être pu, à elles seules, causer le décès, mais aussi l’absence d’autopsie. Pour ne rien arranger, les deux médecins désignés par la justice pendant l’instruction sont hors territoire et injoignables désormais. Aujourd’hui, c’étaient les témoignages du directeur d’enquête, puis de la mère et de l’ex-compagne de l’accusé qui sont sur la même ligne quand à la description du jeune homme, “nerveux“, “impulsif” voir “incontrôlable” quand il n’a plus rien à fumer.
Ce mercredi, les rapports médicaux des médecins absents seront lus à l’audience, puis ce seront directement les réquisitions de l’avocat général, puisque personne ne s’est porté partie civile dans le procès. Le jeune homme, qui semble avoir du mal à réaliser la gravité de son geste, risque 20 ans de prison.
YP