Papouasie-Nouvelle-Guinée: les combats tribaux ont fait plus de 150 morts depuis août

Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape à Port Moresby, le 28 juillet 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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Des combattants tribaux armés des haches, de flèches et de fusils ont tué depuis début août au moins 150 personnes dans une région reculée de Papouasie-Nouvelle-Guinée, les affrontements tribaux, souvent déclenchés par des conflits territoriaux et des accusations de vol, agitant depuis longtemps cette zone.

Les assassinats entre clans, dont certains figurent dans des vidéos sanglantes publiées sur les réseaux sociaux, ont repris après une période d’accalmie relative dans une zone de la province montagneuse d’Enga, dans l’État insulaire du Pacifique, a déclaré le commandant de la police de la région, George Kakas.

“Il y a 150 morts, mais nous poursuivons nos efforts pour récupérer des corps dans la brousse”, a-t-il indiqué. Selon lui, le bilan pourrait s’avérer “bien plus lourd”.

Les violences ont éclaté entre deux clans et se sont intensifiées, attirant d’autres tribus et des mercenaires du district et au-delà, a déclaré le chef de la police.

“Les tribus sont interconnectées (…) et cela rend les combats plus importants”, a-t-il ajouté.

Les affrontements tribaux, souvent déclenchés par des conflits territoriaux et des accusations de vol, agitent depuis longtemps la province d’Enga.

Les récents combats se sont surtout concentrés dans le district troublé de Wapenamanda, qui était paisible depuis des mois, a déclaré M. Kakas.

Environ 170 personnes ont été tuées dans cette  province d’Enga lors d’affrontements similaires survenus à l’occasion des élections nationales de juillet, a-t-il ajouté.

Le mois dernier, il était possible de voir, sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, de jeunes appartenant à des clans brandissant des haches, des machettes et des armes à feu comme des fusils AK47 et des M16.

Une vidéo publiée en août et visionnée par l’AFP montrait des cadavres nus et mutilés de trois mercenaires présumés traînés derrière un véhicule dans le district de Wapenamanda.

Le Premier ministre James Marape avait qualifié à l’époque ces actes de “justice de la jungle”, tout en déclarant que cela montrait que les habitants locaux en avaient assez des “mercenaires armés” qui participaient aux conflits tribaux.

“Juste là pour l’argent”

Le commissaire de la police royale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, David Manning, a déclaré que la police doit être prête à recourir à la force létale “lorsque cela s’avère nécessaire et raisonnable”.

George Kakas, qui a supervisé les élections générales de 2017, notoirement violentes, et a déménagé à Enga un mois avant les élections générales de 2022, a déclaré que les mercenaires constituaient un nouveau défi.

“Ils ne sont pas limités par les traditions ou des traditions culturelles. Ils sont là uniquement motivés par l’argent”, a-t-il déclaré.

“Ce sont des jeunes turbulents, en décrochage scolaire, et “des costauds venus d’autres régions de l’île”, a ajouté M. Kaskas.

Les combattants tribaux peuvent se montrer impitoyables face aux mercenaires.

Les mutilations des cadavres des ennemis et le recours à des mercenaires témoignent d’une érosion des traditions, a déclaré Maho Laveil, analyste de la region du Pacifique au Lowy Institute, basé à Sydney.

“Il y a une énorme colère de jeunes et des problèmes de chômage élevés”, a-t-il précisé à l’AFP.

“Ceux qui obtiennent un emploi finissent dans les plantations de marijuana lucratives situé dans les Hautes-Terres, a-t-il déclaré.

“La plupart des armes à feu proviennent du trafic de drogue avec l’Indonésie”, a déclaré Laveil.

La marijuana des Hautes-Terres s’écoule vers la province occidentale de la Papouasie-Nouvelle Guinée, voisine de la Papouasie indonésienne.

jop/djw/sn/sco/sk/fio © Agence France-Presse