Tribune – “L’exigence de rigueur et de clarté danse-t-elle avec l’idéologie ?”

(Photo : Damien Grivois/LDT)
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“La pétition lancée par le plus jeune député de la Nation française me plonge dans la perplexité.

Que peut bien vouloir dire: “valeur juridique et coutumier de la citoyenneté… ma’ohi“?

L’enfant fa’a’amu à la locale aura-t-il les mêmes droits que l’enfant biologique?

De quelle “coutume” s’agit-il? Celle d’avant la première colonisation qui détruisit les marae?

Avant l’english copy de royaume colonial, nul ne possédait la terre. Chacun appartenait à une terre, même le ‘āihamu, mangeur de restes.

Sous l’autorité de ari’i (ni roi à la Louis XIV ni reine à la Victoria), les populations s’étaient réparti l’espace du sommet de la montagne au trou à thons au-delà du récif, en différents ‘Āi’a, bordés par une rivière et/ou falaise.

Un groupe d’ascendance commune y trouvait de l’eau et des matériaux d’horticulture, nourriture, outillage, construction, pêche, soins, vêtements, ornements,…  pour soi et à échanger avec l’autrui proche et lointain.

Une langue, une culture, une société y accueillaient les enfants pour en faire des humains ti’a mā = assumant leurs besoins et les conséquences de leurs actes[1]. Ce qui ne se vendait ni ne se donnait étaient les objets sacrés à transmettre à ses enfants. L’objet sacré  par excellence était la terre, ‘Āi’a fenua.

Diaboliser et détruire le marae sacralisant la terre fut œuvre de missionnaires et Pomare II. Les épidémies meurtrières furent leurs alliées. Les profanateurs tentèrent d’en limiter les conséquences en interdisant la cession de la terre aux autres étrangers. Mais la profanation du tabou libéra d’incontrôlables et frénétiques forces de destruction – autodestruction.

Avant l’irruption d’Européens et Asiatiques, nul héros, nulle divinité n’était dits ma’ohi. Depuis la fin des années 1970, être Ma’ohi est une revendication identitaire et politique.

L’origine ethnique ne garantit ni l’honnêteté ni la compétence qui sont fruits de l’exigence.

Tout pouvoir attire aussi des êtres avides d’accomplir une sale petite revanche pour compenser leurs échecs personnels. 

Depuis plus de 42 ans, je nous observe. Quand le pouvoir devint local, j’ai été sidérée par la haine de certains de nos politiciens et leurs teuteu, courtisans, contre les organismes et personnels scientifiques. Après les organismes de recherche d’Etat, ils s’en sont pris à ceux du Pays. Contre le défi à l’excellence, une coterie experte en maltraitance et humiliation s’est chaque fois formée. Or, ces mêmes persécuteurs et persécutrices ont toujours fait preuve d’une confondante bienveillance envers les filous. La rigueur les enrage. La filouterie les attendrit. Puissent les prières à l’Assemblée nous épargner cela.

Pour l’indispensable protection du foncier, de l’emploi et d’une qualité de vie, les seules pistes ouvertes par nos politiciens furent celles de la discrimination positive des autochtones qui, selon la Constitution, n’existeraient pas ici!

Nul n’a encore prospecté la piste de “l’insularité absolue” (Bachimon), situation unique d’isolement océanique aux contraintes liées aux stocks limités en matières premières dont l’eau et l’espace.

L’inépuisable abondance paradisiaque, mythe de navigateurs européens du XVIIIè siècle, ne repose sur rien. Selon nos légendes (nos chroniques historiques) l’eau manqua.

La situation de Mayotte doit nous alerter.

‘Ia maita’i

Simone Ta’ema Grand


[1]Le contraire de ti’a mā est tohe pa’o = cul sale. Asservir = ha’a vī. Libre = vī ‘ore.