
C’est une petite révolution qui s’annonce dans la filière commerciale du monoï de Tahiti…
Depuis plusieurs décennies, il est d’usage pour l’immense majorité des quelque 30 marques recensées de glisser une fleur de tiare tahiti séchée à l’intérieur des flacons de monoï. Faute de traitement particulier, la fleur emblème de Tahiti et ses îles apparaît sous la forme d’un bouton de tiare noirci, très éloignée de son apparence initiale.

Et c’est précisément là que les choses vont changer, en tout cas pour les professionnels de la filière qui feront le choix d’adopter les fleurs de tiare tahiti lyophilisées par la société Pacific Biotech à Punaruu, certes quatre fois plus coûteuses que les fleurs non-traitées, mais qui présentent l’avantage esthétique de rester blanches et complètes, et pour toujours. Explications.
La société Pacific Biotech, dirigée par Bernard Costa, existe depuis 2006. Elle a été récompensée lors d’un concours de l’innovation pour son travail sur les polysaccharides, des polymères de la famille des glucides parmi lesquels les polyosides, dont les plus répandus et connus dans le règne végétal sont la cellulose et l’amidon, tous deux polymères du glucose.
“Des molécules à haute valeur ajoutée” précise Xavier Moppert, le responsable du département “recherche et développement” de Pacific Biotech.


“L’entreprise consacre la moitié de son activité à la valorisation des ressources locales marines ou terrestres” indique Sylvain Benoit, le responsable de production. Pacific Biotech dispose dans ses ateliers de coûteux et volumineux appareils qui permettent d’obtenir une lyophilisation par sublimation. La société a décidé de faire des tests avec des boutons de tiare tahiti, selon un processus et des réglages complexes que l’entreprise protège jalousement. Le fruit de deux années de recherches, d’études et de tâtonnements…
“Les fleurs sont d’abord congelées à -20 degrés Celcius, puis on les place sous vide” poursuit Xavier Moppert. “C’est la glace qui s’évapore. La fleur n’est pas détériorée, elle garde son aspect initial mais devient juste sans odeur et un peu cassante”.

“Pour Pacific Biotech, c’est une piste complémentaire de développement” indique Eric Vaxelaire, conseiller en stratégie commerciale et marketing de la société Tahiti Consulting Group. “L’idée est de remplacer la fleur séchée noircie des actuels flacons par une fleur de tiare tahiti plus jolie. Il n’y a aucun impact chimique sur le monoï, l’objectif est purement esthétique. C’est de la valeur ajoutée pour le produit. Pacific Biotech apporte quelque chose d’innovant sur le marché cosmétique”.
“Le tiare tahiti n’est pas qu’un symbole d’ailleurs” souligne enfin Eric Vaxelaire, qui connaît parfaitement la filière du monoï de Tahiti, “même si dans l’application présente on ne garde que son aspect esthétique, il est reconnu pour ses vertus par la pharmacopée polynésienne puisqu’il contient du salicylate de méthyle, également présent dans l’aspirine, aux propriétés analgésiques démontrées.”
D.G.
• Pour en savoir plus : infos.tahiticonsultinggroup@gmail.com
• Si la graphie tahitienne exacte du mot est “mono’i”, la quasi-totalité des professionnels de la filière utilisent la graphie “monoï” dans leur communication commerciale, les étiquettes des flacons, etc.


