
Le 1er mai 2018, French Bee assurait sa première liaison entre Paris et Tahiti. Après cinq années écoulées et une crise sanitaire passée, la compagnie low-cost a définitivement fait “son nid” dans le ciel polynésien. Au total, avec aujourd’hui, trois rotations par semaine, ce sont quelques 300 000 passagers qui ont pu profiter de tarifs ultra-concurrentiels à destination de la Polynésie française, de la France ou des Etats-Unis.
Ce cinquième anniversaire marque également le temps du changement dans l’entreprise familiale, propriétaire de French Bee et d’Air Caraïbes. Jean-Paul Dubreuil, le fondateur du groupe éponyme, qui pèse 358 milliards de francs de chiffre d’affaires, passe la main à son fils, Paul-Henri Dubreuil. Marc Rochet, PDG du pôle aérien du groupe et des deux compagnies, depuis vingt ans, passe quant à lui le relais à Christine Ourmières-Widener.
“On a participé à la démocratisation du voyage”
Présente sur le territoire, avec son prédécesseur, et interrogée sur le bilan que French Bee tire de ces cinq années, celle-qui prendra définitivement la tête de la compagnie le 1er novembre prochain répond : “on a participé à la démocratisation du voyage. On a touché le segment affinitaire, c’est-à-dire les familles mais aussi un segment de clients qui n’étaient pas forcement les cibles de la destination.”


Et la crise Covid n’aura pas eu raison de la compagnie, ni de son attachement à la destination. “Le groupe Dubreuil est très attaché à la destination. Il y avait une volonté ferme de revenir sur le territoire”, indique Christine Ourmières-Widener.
Elle poursuit en indiquant que la compagnie se porte bien et que les taux de remplissage sur la route Paris-Papeete sont bons. Interrogée sur la rentabilité : “Orly-Papeete est une bonne ligne pour la compagnie. On ne parle pas de rentabilité par route mais cela va dans le très bon sens, en tout cas pour cette liaison”.
Un écosystème adapté pour pouvoir accueillir plus de touristes
Durant sa visite, la nouvelle PDG informe qu’elle a pu, avec Marc Rochet, rencontré Vannina Crolas, ministre du Travail (Moetai Brotherson, en charge du tourisme, étant en déplacement en France, Ndlr). Au programme de la rencontre, l’ambition du Tavini huiraatira d’accueillir 600 000 touristes au fenua.


Des ambitions louables, pour la professionnelle de l’aérien depuis plus de trente ans, mais qui doivent faire l’objet de “réflexions sur l’écosystème (aéroport, hébergements, Ndlr).” “L’écosystème doit répondre aux besoins, être capable d’accueillir plus de monde. Si on prend l’exemple de l’aéroport, l’enregistrement est compliqué, l’espace est aussi limité. Il est difficile de changer l’espace mais la technologie est un bon moyen d’optimiser celui-ci.”
Les enjeux climatiques et leurs difficultés
Concernant la délicate question du développement durable et de l’utilisation de bio-carburants à la place du kérosène, les fameux “sustainable aviation fuel” (SAF), Christine Ourmières-Widener explique que les compagnies aériennes sont prêtes à utiliser les nouveaux carburants mais qu’avant de s’en prendre aux compagnies, il y a un problème de fond: ceux qui construisent les avions et les moteurs. “On ne fait qu’acheter ou louer des avions avec des moteurs.”
La question des coûts ne peut être mise de côté non plus, pour la PDG: “si on doit utiliser les SAF, il faut que cela le soit à des prix raisonnables et qu’il y en ait en quantité suffisante. Les prix sont multipliés de quatre à huit par rapport au prix du kérosène. Des quotas vont être imposés par la commission européenne, à l’horizon 2030. L’industrie se demande comment elle va les atteindre. Ce sont des énormes investissements.”