
Suite au premier séminaire organisé l’an dernier par la Direction des Ressources Marines (DRM), les représentants des comités de gestion des Zones de Pêche Réglementées (ZPR) et rahui de Polynésie avaient fait part d’enjeux communs, notamment en termes de surveillance et de manque de moyens.
La DRM, la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement (FAPE) et les membres des comités de gestion de Papara, Teva i Uta, Tautira, Hitia’a O Te Ra, Mahina, Faa’a et Teahupo’o (dont le rahui est régi par le Code de l’environnement) ont répondu à l’invitation du neuvième adjoint au maire de Teva i Uta, jeudi 14 septembre 2023, à la mairie de Mataiea.
“Se mettre ensemble pour s’entraider”
“On a beaucoup parlé. Maintenant, est-ce qu’on veut créer ce réseau ou cette fédération, ou est-ce qu’on continue chacun pour soi ? Quand on est tout seul, on s’épuise et on fatigue. Je suis intimement persuadé que se mettre ensemble va nous permettre de se motiver et s’entraider. Préserver, c’est important : il ne faut pas lâcher ! Si on ne fait rien maintenant, on va à la catastrophe”, a lancé Clément Vergnhes, interrogeant les participants.

Tous ont pu prendre la parole et partager leurs points de vue, majoritairement favorables à l’initiative. Les avantages mis en avant sont la mutualisation des moyens, y compris pour “parler d’une seule voix” face aux instances politiques, l’accès à d’autres subventions financières et la possibilité de soutenir la création de nouvelles ZPR. “On peut commencer par Tahiti, puis intégrer les îles”, a-t-il été suggéré, tout en précisant que chaque comité conserverait son indépendance en matière de gestion interne.
“Pour, mais pas pour rien”
“Je suis pour, mais pas pour rien”, a prévenu un participant. “On ne se mobilise pas que pour notre district, mais aussi pour l’avenir de notre Pays”. Un point de vue visiblement partagé par les référents présents, des élus communaux, mais aussi des représentants de la société civile, dont des pêcheurs.
À l’issue de la rencontre, il a été convenu que chaque comité consulte ses membres sous une semaine pour amorcer la concrétisation du projet. Il s’agira ensuite d’élaborer un statut et de composer un bureau lors de la prochaine rencontre, fixée fin septembre. Les comités absents seront tenus informés.
Des formations pour faciliter la gestion
C’était une autre demande qui avait émergé lors du séminaire de 2022 : les membres des comités de gestion voulaient acquérir plus de connaissances biologiques et de compétences en matière de gestion. Parmi les avancées dans le domaine, une formation dispensée par le Rahui Center a été mise en place par la DRM avec le soutien du programme PROTEGE. Au total, six sessions de deux jours chacune sont prévues d’ici la fin de l’année. Une première session a réuni des référents de Papara et Mataiea, fin août. Une prochaine est déjà programmée à Tautira, tandis que les suivantes seront menées dans les îles.
Émile Vernier, président d’une association en faveur du projet de ZPR à Hitia’a :

“J’attends beaucoup de ce projet”
“Notre rahui est en place depuis décembre. Notre comité de gestion va être officialisé demain (vendredi 15 septembre, ndlr) en conseil municipal. Ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui sont venus nous trouver pour porter ce projet-là parce qu’il y avait moins de poissons, de vana et de langoustes, et de plus petites tailles, donc tout le monde s’inquiétait.
On s’aperçoit dès le départ qu’on est impuissant lorsqu’on nous signale un pêcheur dans la zone. J’attends beaucoup de ce projet de fédération pour qu’on puisse avoir des moyens groupés pour pouvoir surveiller. En sachant que du jour au lendemain, malgré les affichages et les flyers, on demande aux gens de ne plus aller pêcher à cet endroit. D’autres comités ont plus d’expérience, donc ça peut aussi être intéressant à ce niveau-là pour nous”.
Émile Otcenasek, pêcheur et membre du comité de gestion de la ZPR de Papara :

“On défend tous la même chose”
“On est favorable à la création de cette fédération pour avoir plus de poids qu’actuellement. On a l’impression de ne pas être très entendu, mais on ne lâche pas l’affaire ! Notre rahui existe depuis 2018. Il comprend deux zones. D’ici au 31 décembre, on va devoir prendre une décision sur une éventuelle ouverture en partenariat avec la DRM. On a prévu de consulter la population à ce sujet. Être réunis en fédération, ça nous permettra de rester plus facilement en contact les uns avec les autres et de partager nos idées pour le présent et le futur, parce qu’on défend tous la même chose”.