
“L’entêtement du président Brotherson à maintenir Yan Jambet à la tête de l’Office polynésien de l’habitat (OPH), face pourtant à l’évidence, l’a exposé à une sommation en bonne et due forme du parti bleu ciel.
Son leader historique a demandé au nouveau Président du Pays de revoir sa copie, peu importe la méthode. C’est inédit ! En effet, de mémoire, jamais un chef de l’exécutif n’a été à ce point contraint par son parti d’exécuter un ordre. Pas même Fritch lorsque les prises de position de son vice-président Tearii Alpha semaient la zizanie dans les rangs du Tapura.
Les informations recueillies par nos confrères de Tahiti Infos sur la probité toute relative du nouveau directeur de l’OPH et l’acharnement de Brotherson à le maintenir malgré les preuves d’indélicatesse ont posé de vraies questions. Visiblement, personne ne connaissait Yan Jambet parmi les instances du Tavini, il n’était donc pas un militant. Question logique : quelle est donc la relation qu’entretient le président du Pays avec cette personne ?
L’actuel directeur de l’OPH s’est rendu coupable, il l’a reconnu, d’avoir imité une signature pour empocher une somme d’argent, ce qui lui a valu une première condamnation au civil, bien partie pour être suivie d’une autre condamnation au pénal.
Pourquoi diable alors avoir continué à le défendre, alors même que le Tavini huiraatira, Moetai Brotherson en tête, ont toujours défendu le principe de probité ? Chantre de l’honnêteté, l’ancien député a longtemps soutenu l’idée qu’un élu doit être exemplaire, allant jusqu’à proposer un projet de loi, non adopté, en faveur de la transparence de la vie politique. Mais ça, c’était avant ! Certes, Yan Jambet n’est pas un élu, mais le directeur d’un office de première importance qui brasse plus de 20 milliards de francs d’argent public chaque année…
Aujourd’hui, tout le monde au Tavini est à l’évidence gêné aux entournures à l’évocation de cette affaire sensible. L’opposition, c’est de bonne guerre, s’est saisie du sujet pour mettre le gouvernement face à ses responsabilités et sa majorité en difficulté.
“Trop c’est trop” . Le président du Tavini Oscar Temaru, tout comme celui de l’assemblée Antony Géros, ont sommé sans ménagement Moetai Brotherson de prendre la seule décision qui vaille : faire partir Yan Jambet, pourtant à peine nommé. Le chef de l’exécutif, d’habitude serein et calme, y a perdu de son autorité, sous la pression du législatif.
Maintenir Yan Jambet coûte que coûte, aurait été vécu comme une déclaration de guerre à sa propre majorité. Le révoquer aurait sonné comme l’aveu d’un échec et une erreur de débutant ! Yan Jambet, de sa propre initiative ou pas, a au final décidé de quitter ses fonctions et d’éviter à Moetai Brotherson d’être trop “éclaboussé” par l’incident. Quoique.
Les apparences sont presque sauves mais le message du Tavini est passé : Moetai Brotherson, même s’il est “aux manettes” du Pays, est invité à rester scrupuleusement dans les clous de la pensée et des valeurs du Tavini, au risque de s’exposer à de nouveaux rappels à l’ordre de sa famille politique : cadres du parti et élus bien sûr, mais aussi les militants.”
Karim Ahed