Nanihi et Oliver Emsallem : un coup de foudre aquatique et artistique

Les deux amoureux prennent la pose à côté d'un va'u (thon à dents de chien) de 57 kg, une de leurs plus belles prises (Photos : Tamahere Prod).
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Certaines personnes ont cette faculté naturelle à répandre de bonnes ondes autour d’elles. C’est le cas de Nanihi Buffetaud, 28 ans, et Oliver Emsallem, 36 ans. Elle a grandi entre Taravao et Papeete, lui à Mahina, mais c’est à Papara que le couple a décidé de s’établir, il y a sept ans, à proximité de son spot de pêche de prédilection : Mara’a.  

La pêche pour “revenir à l’essentiel”

Si la pêche sous-marine est aujourd’hui profondément ancrée dans leur quotidien, leur connexion à l’océan ne s’est pas faite en même temps. “C’est ma mère et tonton Marcel de Faa’a qui m’ont appris, d’abord à la main, puis à la ligne. Très vite, j’ai voulu aller sous l’eau. À 8 ans, j’ai eu mon premier ume en plongeant. J’étais loin d’imaginer que ce poisson-là allait un jour me faire vivre ! J’ai eu du mal à me trouver : je ne voulais pas d’un métier conventionnel. Aujourd’hui, la pêche, c’est toute ma vie. Je ne peux pas rester sur terre plus d’une semaine sans aller à la mer. Je ressens clairement un manque”, confie Oliver Emsallem.

En épousant l’homme de sa vie, Nanihi a aussi embrassé sa passion. “Avant de rencontrer mon mari, je n’y connaissais rien. Il m’a tout appris, et surtout à aimer la mer. La pêche nous apporte beaucoup de bien. On est ensemble avec notre chien, loin de tout. Le Covid a d’ailleurs accentué ce besoin de revenir à l’essentiel”, explique la jeune femme.

Le couple pêche une à trois fois par semaine ensemble, de jour ou de nuit, avec une approche responsable et durable. “La vente commence avant la pêche grâce à notre réseau de clients. On fait aussi des livraisons en porte-à-porte, qui plaisent beaucoup aux gens. On cible les espèces appréciées et de qualité, comme le ume ou les langoustes. Parfois, on fait des pêches miraculeuses. Ça dépend de plusieurs facteurs : la lune, la houle, le vent, les saisons, etc. L’objectif, ce n’est pas de sortir le plus de poissons possibles, mais intelligemment : on prend ce dont on a besoin pour vendre et manger, sans gaspiller. Il s’agit de préserver la ressource et aussi notre santé, car c’est très physique. On tient à ce que ça reste artisanal, avec le rythme de vie qui va avec”, précise Oliver Emsallem.

Des activités complémentaires

Cet art de vivre, le couple le partage en photos sur Facebook et Instagram, mais aussi à travers des vidéos explicatives. “Oliver a commencé il y a longtemps à faire des montages en immersion sous l’eau, donc on a continué en partageant les backstages : la préparation, la vente, les espèces, etc. De fil en aiguille, je me suis tournée vers l’audiovisuel, en tant que créatrice de contenus photos et vidéos. J’ai fait un peu de mannequinat, mais j’aime aussi beaucoup être derrière la caméra”, raconte Nanihi Emsallem, également professeure de fitness diplômée.

“On a fait de belles rencontres grâce aux réseaux. Plus jeune, j’ai pu aller pêcher en Nouvelle-Calédonie et aux Tuamotu. Ça crée des contacts dans les deux sens entre passionnés et ça fait naître de belles amitiés”, poursuit son mari.

Le binôme profite de l’occasion pour sensibiliser aux dangers de la pêche sous-marine. “Il faut toujours être au moins deux en mer. Il faut être humble et plonger accompagné d’un ange gardien”, remarque Nanihi Emsallem. Accaparée par ses autres activités, elle n’est pas toujours disponible. Son mari lance donc régulièrement des appels sur les réseaux sociaux pour encourager des jeunes à le rejoindre pour apprendre et pratiquer dans de bonnes conditions.

Pêcheurs, Nanihi et Oliver Emsallem ont aussi la main verte. Ils se sont pris de passion pour la culture et la collection de pitayas de toutes les couleurs, qu’ils commercialisent au fil des saisons.

Quand on interroge les deux amoureux sur leurs projets d’avenir, la réponse est à leur image, simple et spontanée : “On espère vivre de la pêche toute notre vie, et peut-être explorer le monde dans l’eau pour apprendre de nouvelles techniques”.

Des poissons au crayon et à l’aquarelle

À force de contempler les profondeurs de l’océan et la palette de couleurs des poissons, Nanihi Emsallem a renoué avec sa passion pour le dessin. “Ma mère vit de son art depuis vingt ans : elle fait de la peinture sur verre. Elle m’a transmis sa fibre artistique, plutôt le dessin au crayon en ce qui me concerne. Je n’ai jamais vraiment arrêté, mais je ne me suis jamais vraiment lancée non plus. Je verrai bien où ça me mène”, glisse la jeune femme.

Entre finesse du crayon et magie de l’aquarelle, elle réalise des illustrations en hommage à la beauté de la nature. Quelques-unes de ses créations sont exposées depuis peu dans une bijouterie du centre Vaima, à Papeete.