Un homme de 31 ans a été condamné en comparution immédiate pour des violences commises sur sa compagne, alors enceinte de leur deuxième enfant. Un “véritable acharnement” sur la jeune femme selon le procureur, qui avait requis neuf mois de prison ferme avec maintien en détention. Primo-délinquant, il a finalement écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis. Une condamnation qui ne sera pas inscrite à son casier judiciaire pour lui permettre de conserver son emploi d’agent de sécurité.
Le 12 septembre dernier, la victime va porter plainte à la gendarmerie après avoir été rouée de coups par son compagnon avec qui elle est depuis plus de dix ans. Après quelques années sans problème, la relation est devenue compliquée, et surtout violente, depuis qu’elle le soupçonne de la tromper avec une nièce, ce qu’il a toujours nié.
Elle dit avoir été frappée le jour-même, mais elle raconte aussi une autre scène de violence trois jours auparavant, puis elle remonte le temps et décrit une autre scène quatre mois plus tôt. À chaque fois, le prévenu ne se contente pas d’une gifle, d’un coup unique qui serait parti tout seul.
Ecchymoses au visage, aux bras et aux jambes
En mai, l’embrouille débute, comme trop souvent, pour une raison futile, un problème de clés de scooter. Si, à l’arrivée des gendarmes, le couple parle de violences réciproques, leurs auditions respectives présentent une scène ou, si la victime avoue avoir donné elle aussi un coup-de-poing pour sa défense, c’est bien lui qui a frappé, à plusieurs endroits et à plusieurs reprises. Le rapport médical fait état d’ecchymoses au visage, aux bras et aux jambes. La victime semble d’ailleurs précisément se souvenir de la scène puisqu’elle parle de huit gifles, quinze coups de poings et dix coups de pieds, dans la chambre puis dans l’entrée de leur appartement, et quelques minutes plus tard sur le parking. Elle est alors enceinte de deux mois et demi.
Gifles, coups de poings et menaces de mort
Le 9 septembre, toujours à cause de cette supposée relation extraconjugale dont elle l’accuse, le ton monte jusqu’à une nouvelle série de coups. Gifles, coups de poings, coups de pieds, c’est la cousine de la victime qui réussit à les séparer. Le prévenu explique qu’après ça, ils ont discuté et évoqué une séparation. Ce serait la victime, selon lui, qui lui aurait demandé de rester. Trois jours après, la victime trouve des messages suspects dans le vini du prévenu, nouvelle dispute, nouvelle bagarre. Cette fois-ci, les violences physiques et verbales montent d’un cran. Il ne se contente plus de l’insulter, mais la menace de mort. Il n’y a plus seulement des coups, mais il tente aussi de l’étrangler.
Autre signe de cette violence à chaque fois plus intense, alors que la cousine avait réussi à les séparer trois jours plus tôt, le 12 septembre, c’est la sœur du prévenu qui est présente, et elle aura beaucoup de mal à faire cesser la série de coups donnée par son frère à sa compagne. Elle se fait même traîner au sol alors qu’elle est accrochée au short du prévenu pour le retenir. La victime, elle, manque de perdre connaissance et sent son entrejambe humide, elle a peur d’avoir perdu les eaux. Le bébé est heureusement resté bien accroché, et c’est à quelques jours du terme qu’elle se présente à la barre.
“Je me suis habitué aux coups”
On comprend rapidement que si le prévenu est jugé pour trois faits précis aujourd’hui, il y a eu d’autres actes de violence, plus habituels mais aussi réciproques, au sein du couple. Victime et prévenu d’ailleurs ne s’en cachent pas, tous les deux ont bien l’intention de passer l’éponge et de reprendre la vie commune. Elle espère qu’il change. Lui dit qu’il va le faire, il regrette… Alors le procureur interroge la jeune femme et lui demande si elle a peur, elle dit que non et s’explique : “Je me suis habituée aux coups“. Quelques minutes plus tard le procureur interpelle le prévenu, et demande cette fois si l’agent de sécurité estime toujours, comme il l’a dit en garde à vue, que sa compagne est responsable de ces scènes de violence, “je pense que oui”, répond le prévenu, au grand dam de son avocate qui en le voyant s’enfoncer renonce à lui poser d’autres questions, commentant à voix basse, “on va s’arrêter là“.
La grossesse de sa femme ne l’arrête pas
Pour le procureur, il ne s’agit pas ici d’un simple coup de colère ou d’une réaction impulsive, il y a eu de nombreux coups et quand le prévenu commence à frapper, rien ne semble le stopper. “La grossesse de sa femme ne l’arrête pas, sa propre sœur ne l’arrête pas […] il s’est acharné sur elle” déclare le procureur qui requiert une peine sévère, quinze mois de prison, dont six mois avec sursis, mais surtout, il demande le maintien en détention du prévenu, une demande plutôt rare quand il s’agit d’un homme au casier vierge.
Il est finalement condamné à un an de prison. Une condamnation qui ne sera pas inscrite à son casier judiciaire pour lui permettre de conserver son emploi d’agent de sécurité.
YP