Congrès des communes : “La transition écologique n’est pas une option, mais une nécessité”

Les élus et agents de Taiarapu-Ouest accompagnés des élèves de Teahupo'o ont accueilli les congressistes (Photos : ACL/LDT).
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Le 32ème congrès des communes a ouvert ses portes ce matin, mardi 19 septembre 2023, à l’école Ahototeina de Teahupo’o, pour quatre jours de travail impulsés par le Syndicat pour la Promotion des Communes de la Polynésie française (SPCPF) “sur la vague de la transition écologique” jusqu’à vendredi.

Appel à “l’unité et la communication”

Plus de 150 élus municipaux en provenance des cinq archipels, le gouvernement au complet (à l’exception du ministre de la Santé, hors territoire) et plusieurs représentants de l’État ont assisté aux traditionnels discours, précédés d’un accueil traditionnel offert par les élèves de Teahupo’o et les élus et agents de Taiarapu-Ouest, suivi de la “coutume” en présence de plusieurs maires de Nouvelle-Calédonie.

Parmi les convives et auditeurs, Calixte Yip, maire de Anaa, est venu avec l’intention d’échanger, entre ambition de développement et enjeux environnementaux. “J’ai beaucoup d’attentes, surtout avec le changement de gouvernement étant donné qu’on a beaucoup de projets dans notre commune. On va pouvoir partager notre désir d’avancer. (…) L’environnement, ça nous touche beaucoup chez nous, aux Tuamotu. En 2050, on ne sait pas ce qu’on va devenir, donc on doit être attentif”, nous a confié le tavana.

Au terme des discours, l’animatrice du SPCPF a lancé un appel à “l’unité et la communication” pour “lier les paroles aux actes”.

Un repas offert par le Pays et préparé par des agents des cinq archipels était au programme à l’heure du déjeuner, l’occasion de promouvoir les produits locaux jusque dans les cantines scolaires.

Place aux échanges avec le gouvernement

Dans l’après-midi, place aux échanges avec une rencontre programmée entre les maires et le gouvernement pendant une heure. Elle sera suivie d’un focus de deux heures sur la reprise annoncée par Moetai Brotherson de la compétence “traitement des déchets” par le Pays. “Président a des messages à passer et les tavana des questions à poser”, a souligné le président du SPC, Cyril Tetuanui, lors des discours.

La matinée a été marquée par l’absence du maire de Pirae et président du Tapura, Édouard Fritch, hospitalisé en métropole, à l’intention duquel une pensée a été adressée par Moetai Brotherson. Retenu à Raivavae faute d’avion, le haut-commisaire Éric Spitz assistera aux tables rondes, dans la semaine. Le maire de Faa’a et président du Tavini, Oscar Temaru, a fait une arrivée remarquée en fin de matinée.

Ils ont déclaré lors des discours…

Tetuanui Hamblin, maire de Taiarapu-Ouest : “Ce congrès revêt une importance capitale : il nous réunit non seulement pour partager nos idées et nos expériences, mais aussi notre intime vision commune de l’avenir. La transition écologique n’est pas une option. Elle est une nécessité impérieuse. Elle exige de nous des actions audacieuses et des décisions éclairées pour préserver un avenir viable pour les générations futures. A travers les discussions et les échanges qui auront lieu au cours de ces journées, j’espère que nous pourrons identifier des solutions innovantes et collaboratives pour faire face aux défis environnementaux”.

Cyril Tetuanui, président du SPC : “Malgré nos défis immenses et les attentes de la population en constante évolution, malgré un cadre juridique bien souvent inadapté et une tâche immense à assumer au quotidien, je ne vois aucun élu et agent baisser les bras. Je vois au contraire des personnes qui veulent participer au dynamisme de leurs territoires. En effet, une nouvelle dynamique des territoires est en marche. En tant que tavana, nous pensons tous à nos territoires respectifs, au destin que nous souhaitons leur réserver. C’est bien légitime : c’est même là le cœur de nos missions. S’il doit y avoir une cohérence globale, nos partenaires doivent entendre ce désir constant et grandissant de disposer des outils, en activant par exemple l’article 43-2 permettant de valoriser nos territoires”.

Gérard Larcher, président du Sénat (par message) : “Le groupe de travail sur la décentralisation que j’ai lancé l’an dernier avec les représentants des différents groupes politiques du Sénat a formulé 15 propositions concrètes pour redonner aux élus locaux le pouvoir d’agir. Plusieurs propositions ont pour objectif de mettre les finances publiques au service des libertés et de l’action publique locale, comme celle visant à attribuer les recettes en cohérence avec les compétences et les charges des collectivités. Les rencontres comme celle d’aujourd’hui sont importantes, car il faut, pour améliorer la situation existante, écouter et rechercher des accords entre l’État, le territoire et les communes, avec pour ligne de crête l’intérêt général”.

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : “Toutes ces questions et ces défis, nous devons les relever ensemble. Parce qu’à vrai dire, s’il y a constitutionnellement parlant des limites entre l’État, le Pays et les communes, le citoyen, quand il se dresse face à vous, il n’est pas divisé en trois parties : il est entier, il est un, il a des soucis et il veut qu’ils soient résolus. A nous de nous mettre autour d’une table et de réfléchir aux dispositifs qui permettent de relever les défis de notre peuple. Se pose depuis bien des années la question de ce centralisme tahitien (…) On a fait un copié-collé du jacobinisme parisien et, depuis trop longtemps, c’est Tahiti qui décide de tout pour l’ensemble de la Polynésie (…). Donner plus d’autonomie (…) pose la question de la cohérence et de l’unité. (…) Je ne suis pas un dogmatique, je suis un pragmatique. J’abhorre les usines à gaz : j’aime les projets concrets autour desquels on peut réfléchir à la mise en œuvre des dispositifs qui vont dans le bons sens”.

Eric Requet, secrétaire général au haut-commissariat de la République : “Transition écologique et dérèglement climatique, ces mots deviennent des réalités concrètes pour nous tous. Sans une intervention publique ambitieuse, ces effets vont aller en s’amplifiant et finiront par être dévastateurs pour notre biodiversité et nos concitoyens. Le défi du dérèglement climatique en Polynésie française va beaucoup concerner l’océan, c’est pourquoi le président de la République a souhaité faire de l’année 2024 l’année de l’océan et organiser un peu partout dans la République des moments fédérateurs. Une convention des Nations Unies sera organisée à Nice en juin 2025 avec une centaine de chefs d’États et des gouvernements du monde entier afin de réfléchir à des solutions communes. (…) L’idée, c’est que nous travaillons ensemble pour que la Polynésie française soit associée au maximum à ces deux événements“.