
Réaliser un ahima’a de A à Z, c’est le défi que se sont lancé soixante jeunes de 11 à 30 ans issus des paroisses de Teahupo’o, Vairao, Toahotu et Taravao de Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.


Dialogue et partage
En cette semaine de vacances scolaires, chaque jour commence par un rituel incontournable sur le site de rassemblement de la FOGEP, à Vairao. Les jeunes et leurs encadrants font le point sur les activités de la veille. Chacun peut s’exprimer librement pour partager ses doutes et ses réussites. C’est aussi l’occasion de former des groupes pour lancer le programme de la journée. Jeudi 21 septembre 2023, la matinée était consacrée à des travaux de décoration, au débourrage des cocos et aux premières préparations en cuisine.
“Le thème qu’on a choisi pour ce premier centre, c’est le jeune et sa culture. On veut inculquer à nos enfants ce que faisaient nos tupuna. Ils ont appris à creuser le trou, à choisir les cailloux, les bois et les feuillages, mais aussi à confectionner les paniers pour la cuisson. Hier, ils ont été à la pêche et ils ont appris à préparer le cochon. Et il n’y aura pas de plastique : on a été chercher des bambous pour faire office d’assiettes”, détaille Temauarii Maruhi, consultant des Jeunes Gens de la paroisse de Vairao et coordinateur de l’initiative.



Cuisson de nuit, puis dégustation samedi midi
Pour mener à bien ce projet, le référent peut compter sur des personnes-ressources au sein des familles des fidèles. C’est le cas de Jacquemin Tatarata, spécialiste du ahima’a et membre de la paroisse Taravao 2. “C’est un grand plaisir de partager tout ce que j’ai appris avec mes grands-parents à ces jeunes. Aujourd’hui, on ne peut pas les laisser livrés à eux-mêmes. Autant les occuper en leur apprenant des choses utiles ! On va partir sur 5 heures de cuisson, donc on va tous rester là vendredi soir et ce sont les jeunes qui vont allumer le ahima’a à 4 heures du matin, samedi”, explique l’intervenant.
Après un spectacle de ‘ori Tahiti, les jeunes et leurs parents pourront partager ce repas samedi midi. Nul doute que ce ma’a Tahiti aura une saveur particulière pour les apprentis.


Lanivai Tufariua, 17 ans, et Heinui Apuarii, 18 ans, de Teahupo’o :

“On apprend en s’amusant”
“On a l’habitude de faire des activités ensemble, mais c’est la première fois qu’on fait une immersion culturelle pendant une semaine. C’est très intéressant ! C’est impressionnant de voir tout le travail que ça représente pour un repas.
On a appris à creuser le trou du ahima’a : c’est fastidieux et il y a beaucoup de choses auxquelles il faut penser. On a tressé une vingtaine de paniers ‘o’ini. On a appris comment préparer le cochon et le poisson. On attend avec impatience la préparation des plats, la cuisson et la dégustation ! On apprend en s’amusant, donc c’est top”.
Naumi Hitiura, intervenante :

“Il faut transmettre ces valeurs et ces savoirs”
“Je suis première conseillère de la société du secours, qui regroupe des femmes de la paroisse de Vairao prêtes à donner de leur temps. Je suis là pour apprendre aux jeunes à tresser des ‘o’ini pour la cuisson dans le ahima’a, et aussi des dessous de plat pour le service, selon la coutume.
Ils sont très positifs ! Ils font de leur mieux pour apprendre et progresser. J’ai tout appris de ma grand-mère, originaire des Australes, et je continue d’apprendre avec mon papa, dont c’est le métier. Il faut transmettre ces valeurs et ces savoirs aux jeunes pour que les traditions continuent de vivre”.