
Un jeune dealer de 18 ans était jugé en comparution immédiate le 21 septembre 2023 pour avoir vendu de l’ice et du paka dans son quartier de Faa’a entre décembre 2022 et aout 2023. Durant cette période, il aurait écoulé environ 35 grammes de méthamphétamine pour un revenu mensuel de 500 000 francs, des bénéfices qu’il a intégralement flambé en discothèque ou au jeu de hasard. Il a été condamné à trois ans de prison dont la moitié avec sursis.
C’est suite à une dénonciation que l’enquête débute en février 2023, lorsqu’on signale aux gendarmes l’existence d’un trafic d’ice quartier “Setil” à Faa’a. Les surveillances puis les écoutes téléphoniques mises en place désignent le tout jeune homme comme le principal vendeur de ce petit trafic de quartier.
Une famille stable et “encadrante”
L’adolescent arrête le lycée lors de la période Covid, il ne retourne pas en cours après le confinement et vivote d’un peu de pêche, mais surtout de l’argent que lui donne ses parents. Il vient d’une famille décrite comme stable et “encadrante“, avec un grand frère proviseur, un autre en prépa HEC, un troisième en STAPS pour devenir prof de sport.
Alors qu’il a 17 ans en avril 2022, “à cause de ses mauvaises fréquentations“, dit-il, il commence à fumer du paka mais aussi de l’ice. Son addiction est immédiate. Il commence alors par vendre du cannabis pour financer sa consommation d’ice, mais très vite, il comprend que c’est surtout avec le trafic de drogue dure qu’il va pouvoir gagner de l’argent. Il achète trois, quatre ou cinq grammes qu’il coupe en “ten“, des minis doses qu’il prépare grâce à une balance professionnelle pour les revendre 10 000 ou 20 000 francs. Pour le cannabis, même chose, il achète en gros, des pots d’ice cream remplis d’herbe pour la revendre en stick. Il estime avoir une vingtaine de clients quotidiens pour le paka, une dizaine pour l’ice, juste en face du domicile de ses parents.
A 17 ans, il gagne 500 000 F par mois
Grâce à la surveillance, aux témoins auditionnés notamment deux de ses clients ou encore les propres aveux du jeune prévenu, les quantités d’ice achetées et vendues sont estimées par les gendarmes à 35 grammes en un peu plus d’un an qui procure un revenu moyen de 500 000 francs par mois au tout jeune homme. Des bénéfices qu’il flambe au Kikiri, mais surtout dans des bars et une discothèque du centre-ville de Papeete ou le jeune homme est plus que généreux avec son entourage, dépensant parfois plus de 100 000 francs en une seule soirée. Il indique même n’avoir jamais vraiment su combien il gagnait, vu qu’il dépensait tout rapidement : “C’était la belle vie !“, lui dit le Président du tribunal.
Trois semaines de détention provisoire : “choc carcéral”
La procureure rappelle les huit millions de francs de profit qu’aurait fait le jeune homme, elle semble d’ailleurs ne pas croire qu’il ne reste rien. Après avoir dénoncé les ravages de cette drogue en Polynésie, la représentante du ministère public n’est pas tendre avec le jeune homme au casier pourtant vierge, puisqu’elle requiert quatre ans de prison dont deux ans fermes avec maintien en détention.
L’avocat du dealer s’en étonne. Il indique que le jeune homme a arrêté la drogue avant même d’être interpellé, car il se sentait mal, avait perdu 12 kilos et devenait agressif. Il n’arrête pas de vendre pour autant… Après avoir rappelé que “ce gamin” n’avait jamais eu de problème avec la justice, l’avocat avance que trois semaines de détention provisoire ont été un véritable “choc carcéral” pour ce jeune qui pourrait aisément bénéficier, selon lui, d’une peine aménageable, comme par exemple un bracelet électronique.
Le tribunal condamne le tout jeune prévenu à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis. Maintien en détention.