
Reporté d’une journée en raison de la vigilance météorologique, le Ta’upiti ‘Arioi a ouvert ses portes dimanche 24 septembre 2023 au son des percussions traditionnelles, de la fabrication du tapa, des outils de sculpture, mais aussi du lancer de javelot et des voiles tendues des va’a ta’ie. Des jeunes des quartiers prioritaires de Teva i Uta et le grand public ont investi le Motu Ovini de Papeari dès le milieu de la matinée, et jusqu’en fin d’après-midi.



Des professionnels passionnés
Les ateliers ont chassé les nuages et réchauffé les cœurs ! Les familles ont afflué pour s’initier au contact de professionnels passionnés, comme Teiva Véronique, gérant d’une école de pirogues à voile. “On est venu sensibiliser les gens sur leur histoire et le savoir-faire des polynésiens en termes de navigation et de construction de va’a. C’est l’occasion de se reconnecter à la nature et aux éléments. Aujourd’hui, on navigue sur un modèle moderne. À l’époque, les pirogues étaient faites de matériaux végétaux : bois, pandanus et nape. Ça peut paraître simple, mais c’était très élaboré, car nos ancêtres ont pu traverser des océans”, rappelle le navigateur.


Sous le fare pote’e principal, l’artiste peintre et sculpteur Tafetanui Tamatai avait installé son atelier, dans lequel petits et grands apprentis étaient les bienvenus. “On réalise des unu, qui sont des planches symboliques qu’on retrouve sur les marae pour faire le lien entre la terre et le ciel. C’est accessible pour la découverte de la sculpture, tant d’un point de vue des outils que de la technique. Ce moment de partage est très important pour moi, dans le sens où je l’ai vécu comme ça gamin avec mon grand-père, qui était sculpteur et qui m’a transmis son savoir. C’est notre rôle de transmettre à notre tour pour éviter que ces techniques se perdent”, remarque le jeune homme.


Un pari réussi
Pari réussi pour Hinatea Colombani et l’équipe du centre culturel Arioi de Papara pour cette première édition à Tahiti. “Nos ti’a rauti, c’est-à-dire nos experts, sont au rendez-vous. Ils veulent rencontrer le nuna’a, les familles et les enfants pour transmettre leurs connaissances et leur passion. C’est ce qui nous anime tous ! Notre objectif, c’est aussi de montrer qu’il existe des voies professionnelles dans la culture”, remarque l’organisatrice de l’événement.


Parmi ses partenaires, le centre a reçu le soutien financier de la Mission aux Affaires Culturelles, représentée en Polynésie française par Paul Leandri. “C’est un projet qui s’inscrit pleinement dans le cadre de la formation, de la réappropriation de techniques anciennes et de la revalorisation de certaines filières, mais aussi de la transmission aux plus jeunes et aux familles défavorisées, tout en s’inscrivant dans une démarche de mixité”, nous a-t-il confié.
Pour le maire de Teva i Uta, le choix du Motu Ovini pour accueillir ces moments de partage n’est pas anodin. “Merci de venir réveiller, codifier et sauvegarder pour transmettre ce savoir-faire patrimonial sur ce site lié au jardin botanique, dont les deux tortues ont été nommées Te Ara U’i et Te Ara Tau : les gardiens des générations et du temps de demain”.





Tauhiti, Moehani, Manovai et Angélique, participants de Faa’a :
“En apprendre un peu plus sur notre culture”

Mère : “On est venu pour découvrir et transmettre ce savoir à nos enfants. On a déjà pu faire les ateliers percussions et tapa. C’était super ! On a prévu de tout faire. En fait, ça faisait longtemps qu’on voulait passer au centre culturel Arioi, mais on n’avait jamais eu l’occasion. Cette journée, c’est l’opportunité de passer du temps en famille, de rencontrer d’autres personnes et d’en apprendre un peu plus sur notre culture”.
Fils : “J’ai trouvé ça génial ! J’avais déjà pu faire des percussions, mais la fabrication du tapa, c’est la première fois. Je ne savais pas comment taper pour bien faire, mais au fur et à mesure, j’ai commencé à comprendre. Maintenant, j’ai hâte de tester le va’a ta’ie”.