Capo, maître marieur des hibiscus à Moorea

À 67 ans, l’horticulteur ne manque pas de panache, tout comme ses 400 variétés d’hibiscus (Photos : ACL/LDT).
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Pour cette 37ème foire agricole, c’est sous le grand chapiteau des agriculteurs que Teata Oito, alias Capo, a installé son stand reconnaissable entre mille avec ses hibiscus hors du commun. À 67 ans, l’horticulteur de Moorea ne manque pas de panache, avec une énergie à la hauteur de sa passion pour ces fleurs flamboyantes. Son prénom, qui signifie “nuage” en tahitien, était prédestiné : “Je suis le nuage qui fait tomber la pluie pour faire pousser les plantes !”, s’amuse-t-il.

Greffage et hybridation en famille

Mais pourquoi le ‘aute ? “Parce que c’est une superbe fleur qui double la beauté des vahine qui les portent à l’oreille ! Il y a quelques années, mes hibiscus ont été portés par les candidates à Miss Tahiti. Aussi parce qu’il existe des variétés médicinales, et d’autres variétés à partir desquelles on peut faire des sirops et des jus”, répond le spécialiste. Pour obtenir ses hibiscus, il utilise deux techniques : le greffage (insertion d’un bourgeon ou d’un rameau dans les tissus d’une plante) et l’hybridation (nouvelles graines obtenues par la pollinisation de deux espèces différentes).

Un défi que Capo relève depuis plus de quarante ans. “Un jour, je me suis dit que j’allais me lancer, mais le greffage ou l’hybridation, ce n’est pas facile : ça demande du temps et de la patience. Ce sont des années de pratique, surtout qu’il existe des milliers de variétés. Le bleu et le vert, ce sont des couleurs difficiles à obtenir, mais toutes les autres, on y arrive !”. Ces secrets de conception, l’horticulteur les transmets à son fils de 19 ans, qu’il souhaite voir prendre la relève. Au même titre que chaque variété a son nom, Kehau tire son prénom d’une variété de ‘aute originaire de Hawai’i. “Je l’ai greffée le jour où ma femme est tombée enceinte, d’où le choix de ce nom pour mon fils, qui signifie aussi la paix”, explique Capo.

400 variétés à collectionner

Sur son stand qui ne désemplit pas, les curieux sont émerveillés par les formes et les couleurs de ses hibiscus, mais aussi par leur taille. Les habitués, souvent des collectionneurs, sont également au rendez-vous. “On apprécie ces moments d’échange avec les gens. On les conseille pour prendre soin de leurs plantes”, confie Marceline Oito, 64 ans, la femme de Capo, qui est passée de l’hôtellerie-restauration à l’horticulture par amour. “On aime notre métier et les fleurs nous le rendent bien !”.

Même si Capo a arrêté de compter, il aurait créé entre 300 et 400 variétés d’hibiscus. “Les Floralies et la foire agricole, à chaque grand événement horticole ou agricole, on est au rendez-vous, toujours avec mes beaux hibiscus”, conclut-il. Cette édition a une saveur particulière : samedi 30 septembre 2023, il était invité d’honneur en tant qu’ancien élève du lycée agricole d’Opunohu, où il a obtenu son brevet professionnel agricole, il y a 47 ans.

Kehau Oito, fils unique de Capo :

“Reprendre l’entreprise familiale et travailler à son développement”

“Papa m’a tout appris depuis que j’ai 5 ou 6 ans. J’ai créé notre page Facebook il y a deux ans pour faire un peu de pub et répondre aux messages des clients. J’ai eu mon bac et mon souhait, ce serait de reprendre l’entreprise familiale et de travailler à son développement. Sur la foire, j’assiste mes parents pour la vente et l’entretien. Le contact avec les gens et le partage de bons conseils, c’est quelque chose que j’adore. Les clients sont toujours à la recherche de nouvelles couleurs !”.