
Dix ans que le Tavini attendait cela. Depuis la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes, en mai 2013, la France n’avait jamais siégé à la table des discussions, menées par la quatrième commission des Nations-Unies, en charge des questions liées à la décolonisation. C’est désormais chose faite, ce mardi 3 octobre 2023.
Pour autant, pas certain que cette présence ait suffit à satisfaire et rassurer le président du Pays et les 41 pétitionnaires présents à New-York, suite aux déclarations de l’État, par le biais de son représentant à l’ONU, Nicolas de Rivière. Le positionnement de l’État reste en effet ferme : la Polynésie française ne doit pas être inscrite sur la liste des territoires non autonomes.
“Confiance et respect mutuel”
Moetai Brotherson a été le premier à entamer les débats du dossier polynésien. Durant son discours de huit minutes, le président indépendantiste du Pays a tenu à rappeler l’importance de la présence de la France à New-York sur ce dossier important pour les élus et l’électorat Tavini. Il a remercié le président Macron pour ces avancées mais aussi pour avoir tenu parole, décrivant les relations État/Pays basées sur la confiance et le respect mutuel.
Pour l’ex-résident new-yorkais, qui a insisté sur le caractère pacifique du mouvement indépendantiste au fenua, impossible de douter que la France, par sa présence, souhaitait s’engager dans l’accompagnement de la Polynésie française dans le chemin de développement voulu par le gouvernement au pouvoir et par son électorat : un référendum pour l’auto-détermination.
“La France demande le retrait de la Polynésie française de la liste des territoires non autonomes”
Ces paroles d’ouverture auront probablement vite été refroidies par la prise de parole de Nicolas de Rivière. Ce dernier, qui a reconnu volontiers la qualité du dialogue avec le président Brotherson depuis son élection, a rappelé qu’aucun parallèle n’était possible et envisageable entre la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Selon le représentant de l’État, “le modèle de la Nouvelle-Calédonie est non réplicable.”
Précisant au passage qu’aucun processus entre l’État et le Pays ne prévoit de rôle pour les Nations-Unies, il a ensuite poursuivi en confirmant la ligne de la métropole sur le dossier polynésien : “La France demande le retrait de la PF de la liste des territoires non autonomes.” Par l’intermédiaire de Nicolas de Rivière, la France a aussi signifié que la Polynésie française avait déjà un statut singulier, prévu par l’article 74 de la constitution de la République française, et qui prévoit l’autonomie du territoire.
Apport financier et indemnisations
Toujours par son représentant, l’État n’a pas manqué de rappeler son apport de deux milliards d’euros, en 2022, en soutien aux politiques publiques locales et au bon fonctionnement du fenua, ainsi que les avancées réalisées en matière d’indemnisations des victimes des essais nucléaires ou encore sur les libertés diplomatiques laissées et données au niveau régional.
Après ce discours, le représentant de la France a quitté la table des discussions.
Les séances de la quatrième commission l’Assemblée générale de l’ONU feront l’objet de comptes-rendus officiels.