Son visage et son sourire vous sont certainement familiers, et pour cause, Raimana Gerst a enchaîné ces dernières années les défilés, les concours, les shootings photos et les podiums. Le deuxième challenger de Mister Tahiti 2022 se lance à présent un nouveau défi : conquérir la scène japonaise.
Raimana Gerst, 31 ans, a un parcours de vie classique. Né et ayant grandi au fenua, il obtient son baccalauréat en 2011 au lycée Samuel Raapoto. Cependant, à l’âge de 16 ans, Raimana veut découvrir le vaste monde lorsque son meilleur ami quitte le fenua pour la France. Cet événement est le catalyseur qui le motive à entreprendre des aventures au-delà des horizons familiers. Il se promet de réussir et part suivre ses études en métropole, aussi pour retrouver son ami de cœur.
Premier dauphin Mister Midi Toulousain
Après avoir obtenu son bachelor en commerce et marketing en 2018 à Toulouse, Raimana s’interroge, comme beaucoup de jeunes, sur la correspondance de ses études avec ses aspirations. Il faut faire un choix : poursuivre une carrière dans le domaine du marketing, rester en métropole ou bien revenir en Polynésie.
C’est à ce moment-là que les concours de beauté s’ouvrent à lui. Un univers qu’il ne connait pas et pourtant qui va lui être bénéfique. Pour ce jeune homme qui manque encore de confiance en lui, l’inscription à l’élection Mister Midi Toulousain 2019 est un véritable défi. À sa grande surprise, il décroche la deuxième place, devenant ainsi le premier dauphin.
La quête de la couronne à Tahiti
Ce succès dans l’Hexagone a été un déclic pour Raimana, qui se fixe alors un nouvel objectif : remporter Mister Tahiti. “Je voulais rentrer au fenua, me présenter à l’élection Mister Tahiti, remporter le titre et revenir en tant que représentant tahitien sous les feux des projecteurs de Mister France, plutôt que de rester associé à ma victoire toulousaine“, précise-t-il.
Malheureusement, la pandémie a repoussé l’élection d’une année, puis de deux. Enfin, en 2022, le moment tant attendu est arrivé, le casting s’est ouvert. Il répond à tous les critères, et l’aventure commence aux côtés de dix autres candidats. Raimana se démarque lors de l’élection et termine sur le podium, mais pas à la première place. En effet, il se contente de la troisième marche, et malgré tous les aspects positifs tirés de cette expérience, il reste déçu. Son esprit compétitif visait la première place et il ne s’en cache pas : “Quand ils ont prononcé mon nom pour la deuxième place de challenger, j’ai compris que c’était fini, que je n’allais pas pouvoir représenter Tahiti en France comme je le voulais“, avoue-t-il.
(Photos : DR)
Il est loin d’imaginer que l’aventure va prendre un nouveau virage. Quelques semaines après l’élection, le concours Mister Universal France lui propose de s’inscrire. Raimana, avide de challenges et déterminé, accepte et part en janvier en tant que premier représentant de la Polynésie à ce concours, où il décroche cette fois-ci une meilleure place, celle de premier dauphin Mister Universal. Un objectif atteint : “j’étais fier de ma place, mais j’étais encore plus fier d’avoir pu représenter Tahiti à ce concours“, confirme-t-il.
Transition musicale : de mister à Fiver
Si, depuis tous ces concours, Raimana est revenu au fenua et jongle entre son métier de professeur suppléant, sa carrière de mannequin, et ses défilés lors d’événements, le jeune homme se donne un nouveau défi : celui de poursuivre une carrière musicale en dehors du territoire.
Contrairement à certains artistes qui ont été bercés par la musique dès leur plus jeune âge, Raimana s’y intéresse réellement vers l’âge de 16 ans. “C’est surtout pour plaire à la gent féminine” dit-il, sourire en coin. En parallèle, l’influence de son frère aîné, qui se produit régulièrement dans des hôtels à Moorea, le pousse à l’écriture. Raimana compose ses chansons mais il n’ose pas les chanter en public.
Introspection et développement personnel lui permettent de mieux se comprendre et de trouver sa voie. Pendant la pandémie, il sort deux clips vidéos et cinq chansons sous son nom de scène : Fiver. ll précise : “je n’ai pas vraiment de voix, mais je veux partager mon univers d’auteur compositeur, ma créativité et mes textes avec ceux qui m’écoutent“, explique-t-il.
Objectif Nippon
Aujourd’hui, Raimana se prépare pour un nouveau chapitre au Japon, où il aspire à commencer une carrière musicale. Il désire s’immerger dans une culture radicalement différente de celles des pays occidentaux, qui, selon lui, ont tendance à se ressembler. Le Japon, avec sa richesse culturelle mêlant tradition et modernité, le captive tout particulièrement. Il est attiré par les valeurs profondément enracinées de cette société, que ce soit par la culture, le respect mutuel et la sécurité. Cette fascination va au-delà du simple attrait musical; elle représente pour lui une opportunité de vivre une expérience de vie et d’apprentissage exceptionnelle.
Après des mois de paperasse administrative et d’attente, Raimana obtient son visa japonais, qui lui permettra de résider et de travailler au Japon pendant cette nouvelle phase de sa carrière. Conscient de l’importance de s’immerger dans la culture et la société japonaise, il s’engage à apprendre sa langue. Enfin, pour mener à bien ses projets, il sait également qu’il ne peut pas avancer seul. Raimana explore activement des opportunités de collaboration, que ce soit au ici ou au Japon.
Un pédagogue créatif
En attendant son départ pour le pays du Soleil Levant, prévu pour le début de l’année 2024, Raimana garde la tête sur les épaules et exerce son métier d’instituteur suppléant avec passion, et cela n’est pas anodin. Issu d’une famille où l’enseignement est une tradition, il est introduit dans cet environnement dès son plus jeune âge. Son grand-père, Jean-Marius Raapoto, est un ancien ministre de l’Éducation. Néanmoins, une autre dimension de son dévouement pour l’éducation transpare : la créativité. Raimana conçoit des ateliers stimulants pour ses élèves, les incitant à laisser libre cours à leur imagination. L’une de ses initiatives les plus marquantes consiste à les encourager à composer leurs propres chansons et paroles, leur offrant ainsi l’opportunité d’exprimer leur créativité débordante et de gagner confiance en leurs émotions.
“La créativité est une solution à tous les défis”
En dehors de ses heures de travail, il ouvre les portes de son studio d’enregistrement à Moorea pour accueillir des enfants, leur donnant un aperçu des coulisses de la création musicale. Il leur montre comment naissent les chansons, du processus de composition à l’enregistrement en studio. Cette interaction précieuse dépasse largement le domaine de la musique, car elle suscite leur intérêt pour l’art de la création et leur inculque des leçons inestimables sur le travail et la persévérance.
Pour Raimana, l’éducation, au-delà des manuels scolaires, est une invitation à explorer les horizons infinis de la créativité. Son leitmotiv est simple et puissant : “la créativité est une solution à tous les défis, encourageant ainsi chacun à créer ses propres solutions et à chercher des voies innovantes pour résoudre les problèmes qui se présentent“. Sa bienveillance, son altruisme et sa persévérance font de cet artiste accompli une source d’inspiration pour tous ceux qui ont et auront la chance de le connaître. Ce qui est sûr, c’est qu’il saura mettre la fiver du samedi soir.
Mika Delattre
