Nouvel hôpital à Taravao : le ministre de la Santé veut “entamer la construction sur la mandature”

Échéances, coût, partenariat public-privé, services envisagés et mesures transitoires, Cédric Mercadal a répondu à nos questions pour faire le point sur ce projet de longue date (Photos : archives ACL/LDT).
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C’est un projet qui avait été présenté en conseil des ministres en août 2018, sous le gouvernement d’Édouard Fritch. Les échéances annoncées quant à la construction d’un nouvel hôpital à Taravao étaient alors de 5 à 8 ans. En cette fin d’année 2023, cinq mois après la mise en place du gouvernement de Moetai Brotherson, ce projet est-il toujours d’actualité ?

1/3 de la population de Tahiti à une demi-heure de Taravao

“C’est un dossier prioritaire”, assure le ministre de la Santé, en charge de la Prévention et de la Protection sociale généralisée, Cédric Mercadal. “Avec la politique gouvernementale axée sur un deuxième pôle de développement à Taravao, on ne peut pas faire sans un centre de soins adapté. Aujourd’hui, on est dans une dynamique où des personnes sont à une heure et demie du CHPF (Centre hospitalier de la Polynésie française, à Pirae, ndlr). Ce n’est pas possible, surtout en cas d’urgence. Il faut rapprocher les soins des personnes. C’est la politique de santé que nous allons mettre en place”, poursuit-il.

L’alternative des transferts aériens en cas d’urgence vitale, effective depuis 2018 avec la mise en œuvre d’une hélistation, n’est pas suffisante pour le ministre. “En mettant un pôle de santé à Taravao, on met à une demi-heure de voiture 1/3 de la population de l’île. C’est ça la priorité : on parle de qualité et de proximité des soins. Et ce n’est pas un hélicoptère qui permet d’assurer tout ça”.

Un projet estimé entre 12 et 28 milliards de francs

Sur la base des études effectuées depuis cinq ans, le coût de réalisation de ce projet se chiffre actuellement entre 12 et 28 milliards de francs. Compte-tenu du montant de l’investissement, le gouvernement s’orienterait vers une nouvelle stratégie. “Un partenariat public-privé est envisagé à Taravao. On est en train d’établir une étude sur les hôpitaux périphériques suite à la cartographie du soin privé, du CHPF et des frais remboursés par la CPS. Il va falloir adapter l’offre de soins dans le cadre de l’actualisation du Schéma directeur. On sera fixé en fin d’année. À partir de là, on pourra faire une offre en matière de besoins essentiels pour la population en se projetant à l’horizon 2050, et au-delà, car un hôpital, ça se construit avec une vision à au moins 50 ans”.

En termes de délai de réalisation, l’objectif affiché par Cédric Mercadal est le suivant : “Lancer le projet et entamer la construction sur la mandature”.

Outre la capacité d’accueil, les principales améliorations précédemment annoncées restent les mêmes : une maternité, un service de réanimation et un bloc opératoire. “C’est une nécessité aujourd’hui. Effectivement, ça permettra aussi de décharger une partie de l’activité au CHPF”, estime le ministre.

La localisation du projet ne serait pas encore définitivement actée, mais le Pays dispose d’un terrain “totalement exploitable et déjà préparé derrière Carrefour Taravao, en hauteur pour éviter les risques liés aux intempéries et à proximité de la CPS pour mutualiser les moyens, d’autant qu’un projet de village sénior est prévu à proximité”.

Quelles mesures en attendant ?

En attendant la mise en service de ce nouvel hôpital, quelles mesures transitoires seront opérées tandis que l’attractivité du sud de Tahiti ne cesse de croître ? “On va investir 700 millions à l’hôpital de Taravao pour reconstruire certains bâtiments et assurer un service d’urgence plus important, avec une restructuration en vue des JO, il faut dire les choses, mais aussi pour permettre un long séjour plus important. C’est un besoin qui s’accroît avec le vieillissement de la population. D’ici 2050, une personne sur cinq aura plus de 65 ans. Les moyens seront aussi augmentés en oncologie pour amplifier cette activité à Taravao, parce que ça répond à un besoin”, indique Cédric Mercadal. Des travaux qui devraient s’échelonner sur un an et demi.

Concernant le service des urgences, qui a connu des hauts et des bas ces dernières années, le ministre a été clair. “On va augmenter les moyens humains, matériels et structurels pour améliorer les conditions de travail et de service. Je me suis rendu sur place il y a deux mois pour comprendre les choses et inscrire les besoins au budget. On va agrandir le hall extérieur, améliorer les ambulances, etc. Ces mesures seront mises en œuvre à partir de l’année prochaine, le temps de passer les commandes et les appels d’offres”.

Des investissements qui ne sont pas vains pour Cédric Mercadal, qui considère que les bâtiments du site actuel “pourront toujours être utiles en matière de santé”, même après la mise en service d’un nouvel hôpital. Outre les aménagements prévus, certains locaux sont effectivement neufs, comme le centre de santé et de prévention de la Presqu’île, inauguré en 2021. D’autres parties, en revanche, sont vétustes, à commencer par le bâtiment qui avait accueilli le centre de dépistage pendant la crise sanitaire de Covid-19.