
Pour aller travailler, pendant les vacances, avec ou sans assistance électrique, le vélo est en pleine ascension en France avec plus d’un ménage sur deux équipé d’au moins un vélo et un marché de plusieurs milliards d’euros.
“Depuis maintenant plus de 10 ans”, explique à l’AFP Sophie Rapinel, responsable pôle itinéraires et tourisme à vélo de l’association Vélo et Territoires, observatoire de référence, “la pratique du vélo connaît une hausse de fréquentation à deux chiffres”.
En 2022, les passages à vélo ont grimpé de 13%, un bond marqué notamment par l’essor du “vélotaf” (+15%), la pratique du vélo pour aller travailler, qui s’est énormément développée avec les vélos électriques et la crise du Covid.
Ce public plus nombreux et ces nouvelles pratiques posent la question des infrastructures. Selon l’Observatoire société et consommation (ObSoCo), un peu moins de la moitié (44%) des cyclistes disposent de pistes cyclables sur la majorité de leurs trajets.
Le plan interministériel “Vélo et marche 2023-2027” présenté par la Première ministre française Elisabeth Borne en mai a fixé l’objectif de “100.000 km de pistes cyclables en 2030″, soit le double du kilométrage actuel, et le gouvernement veut y consacrer 1,5 milliard d’euros.
L’enjeu est aussi économique: 854.000 vélos ont été assemblés dans des usines françaises en 2022 et le plan interministériel, ambitieux, vise 1,4 million en 2027 et 2 millions en 2030.
Côté tourisme, la France compte 22 millions de personnes déclarant pédaler pendant leurs vacances et le gouvernement espère ravir à l’Allemagne sa place de première destination mondiale pour le vélotourisme.
Car ces touristes à vélo sont de bons clients: ils dépensent en moyenne 68 euros par jour, contre 55 euros pour un touriste “classique”.
Alexis Ehrart, 25 ans, croisé par l’AFP dans le département du Finistère (nord-ouest) sur le trajet “Vélomaritime” – qui longe la Manche et la mer du Nord -, fait des étapes journalières de 50 kilomètres avec son amie Florence Willer. Ils en profitent pour “visiter, découvrir la région”, et si grâce au camping ils économisent sur les frais de logement, Alexis explique qu’ils se font “plaisir le midi avec un bon restaurant”.
En 2020, le chiffre d’affaires généré par le tourisme à vélo en France était estimé à 4,6 milliards d’euros, selon la Direction générale des Entreprises (DGE).
En cinq ans, les recettes liées au vélotourisme sur l’itinéraire “La Loire à vélo“, qui suit ce fleuve de l’ouest au centre français, ou en région Bretagne (nord-ouest), des destinations phares, ont doublé, selon la DGE. Elles dépassent désormais les 100 millions d’euros par an sur la Vélodyssée, voie qui traverse notamment la Bretagne puis longe l’océan Atlantique jusqu’à la ville d’Hendaye (sud-ouest), près de la frontière espagnole.
De nombreuses activités se sont développées autour des routes cyclables: hébergements, loueurs de vélo, réparateurs, etc.
Alexis Ehrart et Florence Willer avaient loué des vélos lors d’un précédent périple dans la région Normandie (nord-ouest). Cette fois, ils en ont acheté: “On peut les rentabiliser en deux voyages et on les utilise aussi pour aller travailler”, souligne Florence Willer.
Reste la question épineuse du transport des cycles en train, où la cohabitation entre cyclistes et non-cyclistes est parfois tendue. “C’est compliqué”, explique Florence Willer, “il y a de plus en plus de vélos dans les TER (trains régionaux), et pas beaucoup de places dans les TGV (trains à grande vitesse)“.
En été, la réservation, sur les TGV comme les TER, est impérative. La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) promet de passer de quatre à huit emplacements pour vélos dans les TGV en 2024 et 2025 pour ses trains low-cost Ouigo.
“Sur les TER, de nombreuses régions ont mis en place des expérimentations” comme le bâchage des sièges permettant l’installation des vélos, souligne Sophie Rapinel, mais le transport des vélos par rail reste “un chantier un peu colossal”.
AFP