
L’ex-compagnon de la ministre des Sports, Nahema Temarii, était jugé en comparution immédiate pour des dizaines d’appels et de messages malveillants, des actes de violences, mais aussi des menaces de mort présumées faites à son nouveau compagnon en septembre dernier. À l’issue d’une audience où il a tout nié en bloc, l’homme, au lourd passé judiciaire, a été condamné à six mois de prison ferme pour les appels, mais relaxé pour le reste des chefs d’inculpation.
Appels incessants
La procédure démarre après une plainte du nouveau compagnon de la jeune ministre, absente à l’audience, le 2 octobre dernier. L’homme explique avoir été, à plusieurs reprises, menacé de mort par le prévenu, dans des termes très clairs : “Je vais te tuer”, “Je vais te traquer” “je viendrais vous trouver chez vous”. Lorsque l’enquête débute, la jeune femme révèle alors d’autres faits qu’elle reproche à son ex-compagnon, avec qui elle est restée environ 3 ans, une relation qui selon elle s’est terminée en 2021. C’est à ce moment que commencent les appels incessants. Sur son téléphone, puis lorsqu’elle bloque son numéro sur le téléphone de ses amis ou de sa propre mère. Pendant la procédure, elle décrit également quelques scènes de violence et fournit aux enquêteurs des photos datant de 2021, où l’on voit des bleus sur un bras ou encore des traces sur son cou.
Harcèlement
Lors de cette séparation, l’amoureux éconduit ne lâche pas prise, il vient à son domicile, parfois même sur son lieu de travail, au point qu’elle devra parfois aller se cacher avec sa fille chez des proches. La procédure rassemble alors les nombreux signalements, plaintes ou mains courantes que Nahema Temarii dépose pendant leur relation, à quatre reprises au moins. Les choses se calment fin 2022 quand le prévenu est incarcéré pour une série de délits routiers, mais le calvaire reprend le 22 septembre dernier, 24 heures après son placement en semi-liberté. Sous prétexte de récupérer des affaires, il se rend devant le domicile de celle qui a désormais été nommée ministre des sports. Alors qu’elle le chasse, il se cache sous sa terrasse. Il y restera plus d’une heure pour épier ses faits et gestes.
Il nie tout en bloc
“Il n’y a jamais eu ces faits-là“, explique le prévenu. Il dit avoir aimé follement la jeune femme et sa fille, un amour qui n’était peut-être pas totalement réciproque. Pour lui, tous ces témoignages ne sont qu’un complot pour le salir. Il reproche à son ex d’avoir été uniquement intéressée par son argent, lui qui a pourtant du mal à expliquer son travail et le montant de ses revenus, environ 200 000F par mois, dit-il. Il ajoute que tous se sont ligués contre lui, que le nouveau compagnon de la ministre est un trafiquant et qu’il n’a jamais frappé la jeune femme, encore moins menacé de mort qui que ce soit bref, tout est faux
Un manque de preuves évident
La présidente du tribunal a beau interroger sèchement le prévenu, il y a bien une chose que l’on doit avouer, les preuves ont l’air minces. Oui, il y a bien des moments où l’homme passe des heures entières à appeler ou envoyer des SMS à la victime, mais pas de menace de mort écrite. Oui, la jeune femme a pris deux photos, deux ans plus tôt, où elle a des marques sur le corps, mais rien n’implique directement le prévenu. La seule chose qui joue en sa défaveur, c’est son parcours judiciaire que la procureure ne manque pas de rappeler. 16 mentions à son casier. Beaucoup de délits routiers, des affaires de vols, de violences, de vols avec violences. Il a déjà fait trois séjours en prison. Pour la nouvelle procureure de la république Solène Belaouar, qui a sans doute tenu à prendre elle-même le dossier en main, en raison de la personnalité de la victime, les victimes et les témoins n’ont pas “monté une cabale contre le prévenu“. Elle requiert une peine qui soit, dit-elle, “à la hauteur des antécédents de Monsieur“.
Le doute profite à l’accusé
Un argument que conteste immédiatement l’avocate du prévenu, qui rappelle qu’on ne juge pas un parcours mais des faits précis. Elle reprend la procureure qui parlait de victime crédible. Pour l’avocate, être crédible ne suffit pas. Pas de menaces de mort écrites, pas de témoins de scènes de violence, pas d’aveux, il y a donc bien un doute sérieux sur la culpabilité et lorsque c’est le cas, ce doute doit profiter à l’accusé.
C’est ce que semble penser aussi le tribunal, qui, faute de preuve, relaxe le prévenu pour les violences et les menaces de mort. Il est condamné uniquement pour les appels malveillants à douze mois de prison dont 6 avec sursis, avec maintien en détention. Il a désormais une interdiction de contact et interdiction de se rendre au domicile de Nahema Temarii.
YP