Cabinet de guerre en Israël, frappes destructrices sur Gaza

Des soldats israéliens se déploient au kibboutz Beeri, près de la frontière avec Gaza, le 11 octobre 2023. - Le bilan des morts de cinq jours de combats féroces entre le Hamas et Israël a fortement augmenté du jour au lendemain alors qu'Israël a poursuivi ses bombardements sur Gaza après avoir récupéré les morts des dernières communautés. près de la frontière où se retranchaient les militants palestiniens. (Photo de JACK GUEZ / AFP)
Temps de lecture : 4 min.

Israël a mené mercredi pour le cinquième jour consécutif des raids aériens destructeurs dans la bande de Gaza et annoncé un gouvernement d’urgence pour la durée du conflit avec le Hamas palestinien, qui a déjà fait des milliers de morts.

Les combattants du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, ont tiré, eux, des roquettes sur Israël, dont l’une a touché un hôpital à Ashkelon (sud) sans faire de victime, alors que les sirènes d’alerte ont retenti à Jérusalem.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une offensive surprise d’une ampleur sans précédent lancée à partir de Gaza par terre et par air par le Hamas contre Israël, en plein Shabbat, le jour de repos hebdomadaire juif.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a condamné une “attaque d’une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah”, la plus meurtrière depuis la création de l’Etat d’Israël il y a 75 ans.

L’armée a fait état de 1.200 morts en Israël, pour la plupart des civils. Les représailles israéliennes ont tué à Gaza 1.055 personnes, dont de nombreux civils, selon les autorités locales.

Après avoir promis que son pays allait vaincre “avec énormément de force”, M. Netanyahu et son rival Benny Gantz ont annoncé s’être mis d’accord “sur la mise en place d’un gouvernement d’urgence et d’un cabinet de guerre”.

Cette annonce survient avant l’arrivée jeudi en Israël du secrétaire d’Etat Antony Blinken, qui a été précédé d’un avion transportant des armes américaines.

L’attaque du Hamas a provoqué la sidération dans le pays où au moins 169 soldats ont été tués en quatre jours selon l’armée et où se multiplient les récits glaçants de témoins et de rescapés. L’inquiétude grandit par ailleurs sur le sort d’environ 150 Israéliens, étrangers et binationaux, pris en otages par le Hamas, selon le gouvernement israélien.

Parmi ces otages figurent des jeunes capturés pendant un festival de musique, où des combattants palestiniens ont fait irruption samedi, tuant 270 personnes d’après les autorités.

“Apocalypse”

Pris de court par l’attaque du Hamas, son ennemi juré, Israël a riposté en pilonnant sans relâche Gaza, mobilisé 300.000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de l’enclave et à sa frontière nord avec le Liban.

Soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans, la bande de Gaza, territoire pauvre et exigu où s’entassent 2,3 millions de Palestiniens, est désormais en état de siège.

Israël y a coupé les approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture. La seule centrale électrique du territoire est à l’arrêt faute de carburant et ses hôpitaux, qui manquent de matériel, sont débordés par l’afflux de blessés. plus de 263.000 personnes ont été déplacées par la guerre.

Dans la nuit, des bombardements ont fait au moins 30 morts, touchant des dizaines d’immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d’après le Hamas. Selon l’armée israélienne, plusieurs cibles du Hamas ont été touchées.

Des femmes, leurs enfants dans les bras, fuyaient entre les décombres des immeubles, dans des rues dévastées.

“C’était comme une apocalypse ou un tremblement de terre. Cela vient de l’Amérique ou d’Israël, pourquoi ont-ils fait cela à des personnes innocentes? Ils (les Israéliens) sont venus pour détruire, comme si ces gens ne méritaient pas de vivre. Comme s’ils n’étaient pas des humains”, a affirmé au milieu des décombres un habitant du quartier de Karama à Gaza, qui n’a pas voulu donner son nom.

Les avions de combat ont aussi bombardé une université islamique liée au Hamas. Des ambulances ont été touchées mercredi, provoquant la mort de quatre auxiliaires médicaux du Croissant-Rouge palestinien, selon la Croix-Rouge à Genève.

D’après l’ONU, 11 employés de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ont été tués depuis samedi à Gaza.

Tension à la frontière Nord

De l’autre côté de la frontière, Israël poursuit sa mobilisation avec le déploiement de chars et véhicules militaires dans le sud du pays.

L’armée, qui a repris le contrôle d’une dizaine de localités dans la zone frontalière attaquée samedi, a affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants du Hamas. D’autres combattants sont “restés sur le terrain”, selon un porte-parole militaire.

Des corps d’Israéliens, “tués dans les localités que le Hamas a infiltrées et où ils ont commis leurs massacres”, ont également été découverts, a affirmé un autre porte-parole, Jonathan Conricus.

L’offensive du Hamas a suscité des inquiétudes face à l’éventualité d’un assaut terrestre sur Gaza, alors qu’à la frontière israélo-libanaise, la situation reste tendue.

Mercredi, l’armée israélienne a frappé une nouvelle fois le sud du Liban, en riposte à des tirs de roquettes du Hezbollah, un allié du Hamas.

Eviter “l’extension du conflit”

Samedi à l’aube, après avoir franchi la barrière frontalière qu’Israël considérait imprenable, des centaines de combattants du Hamas se sont engouffrés depuis Gaza dans des localités du Sud, allant de maison en maison, abattant des habitants ou les enlevant, selon les témoignages.

Environ 150 otages, selon les autorités, Israéliens ou étrangers, parmi lesquels des femmes, enfants ou vieillards, sont aux mains du Hamas qui a menacé de les exécuter.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché l’opération “déluge d’Al-Aqsa” pour “mettre fin aux crimes de l’occupation”, en référence à l’occupation depuis 1967 par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, où se trouve l’Esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Israël avait retiré ses troupes et évacué les colons de Gaza en 2005 après avoir occupé ce territoire depuis 1967. Mais il a gardé le contrôle de l’espace aérien et des eaux territoriales, et celui du passage des biens et personnes entre Israël et l’enclave.

Les Occidentaux ont apporté leur soutien à Israël dans sa guerre contre le Hamas mais le président russe Vladimir Poutine a appelé à des négociations entre Israéliens et Palestiniens, jugeant “nécessaire” d’éviter “l’extension du conflit”.

burs/tp/ila © Agence France-Presse