Un aéroport de dégagement à Hao, et non à Rangiroa, pour remplacer Rarotonga ?

L’actuel aéroport de dégagement, si il est rendu impossible d’atterrir à Tahiti-Faa’a, est celui des îles Cook, un non-sens selon le représentant de l’État en Polynésie française, Eric Spitz. (Photo : SB/LDT)
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Durant sa campagne électorale, Moetai Brotherson avait proposé de remplacer l’aéroport des Rarotonga par celui de Rangiroa en guise de piste de dégagement. Cependant, ce mardi 10 octobre, lors d’un déplacement Etat-Pays à Hao, le Haut-commissaire, Eric Spitz a émis une toute autre idée. Durant cette journée, les officiels ont pu faire, entre autres, la visite des locaux provisoires de la quatrième compagnie de formation du service militaire adapté (SMA) en Polynésie française ou observer les Biotertres de traitement des terres polluées de l’atoll.

Il fut aussi l’occasion pour la mairesse de l’île, Yseult Butcher, pour le président Moetai Brotherson, ou pour le représentant de l’État, de discuter des projets de développement de l’atoll, comme celui de la réhabilitation du port en eaux profondes, pour accueillir des bateaux de luxe, ou encore le projet de développer une zone de carénage sur le même site. C’est à cette occasion que l’idée d’un aéroport de dégagement à Hao a été émise, par Eric Spitz.

Pour ce dernier, l’idée d’un aéroport de dégagement à Rangiroa, avancée par le président du Pays, durant sa campagne électorale des territoriales, était une bonne idée. Cependant, Eric Spitz explique que sur l’atoll en question, “des travaux importants seraient à réaliser alors qu’à Hao, il y a une piste de 3320 mètres qui est déjà aux normes.”

Toujours selon le représentant de l’État, cette question doit être soulevée dans une optique d’économies mais aussi dans une perspective de répercussions économiques positives pour l’atoll de Hao. “Les travaux à Hao seraient moins importants et il serait peut-être, entre guillemets, plus rentable d’avoir un aéroport de dégagement à Hao (…)  Il s’agirait d’un aéroport de secours. En revanche, si les projets touristiques, qui sont en gestation à Hao, se développent, l’aéroport, du coup, serait en état d’accueillir des moyens porteurs.”

Etude Etat-Pays pour définir le meilleur endroit entre Rangiroa et Hao

Le président du Pays n’a, semble t-il, pas été insensible à la proposition. “C’est une éventualité qu’il ne faut pas écarter. Jusqu’à présent, on s’était concentré sur Rangiroa, parce qu’en terme de distance, par rapport aux nécessités d’emport de carburant, c’était ce qu’il y avait d’optimal. Maintenant, si on le fait là-bas (Rangiroa, Ndlr), il faut rallonger la piste, l’endurcir, et cela coûte assez cher. Alors que Hao, c’est peut-être un peu plus loin, un peu plus excentré, mais en revanche il n’y a quasiment pas de travaux à faire car la piste est équivalente à celle de Faa’a et elle est encore en très bon état.”

L’aéroport de dégagement à Hao, une idée qui n’est pas pour déplaire à la mairesse de l’île, Yseult Butcher : “Il suffirait juste de réhabiliter la piste de 3320m. Je ne sais pas pourquoi aller à Rangiroa car nous avons déjà la piste ici. C’est un aéroport du Pays. Il faudra des discussions, entre le Pays, l’État et la commune. Cela serait bénéfique pour notre atoll.”

Des discussions qui devraient être lancées prochainement, informe Eric Spitz : “Le Pays et l’État vont lancer, de manière conjointe, une étude pour savoir quel serait le meilleur endroit entre Rangiroa et Hao”. Il ajoute que les compagnies aériennes seront aussi consultées sur la question : “On va les réunir et essayer de savoir combien elles sont prêtes à mettre sur la table. Elles vont pouvoir faire des économies considérables. Elles vont pouvoir embarquer moins d’essence, en consommer moins, et embarquer plus de fret.”

Aujourd’hui, l’actuel aéroport de dégagement, si il est rendu impossible d’atterrir à l’aéroport de Tahiti-Faa’a, est donc celui des îles Cook, un non-sens pour le représentant de l’État. “Les îles Cook sont assez loin, l’avion est obligé de prendre un tiers d’essence en plus, ce qui coûte cher, ce qui pollue… Cela n’a aucun sens.”

Vaimaa, volontaire stagiaire au RSMA de Hao : “Savoir respecter, savoir vivre, l’entraide, la cohésion, je retiendrai aussi cela”

A l’issue de sa formation, Vaimaa souhaite s’engager dans l’armée. (Photo : SB/LDT)

Ce mardi 10 octobre, la délégation, présente, à Hao a pu visiter la 4ème compagnie de formation du service militaire adapté (RSMA-Pf) en Polynésie française. Dès juillet et août 2022, le RSMA-Pf de Hao accueillait ses premiers stagiaires, dans des locaux provisoires. Les travaux des bâtiments définitifs, seront échelonnés entre 2024 et 2030. La Dépêche de Tahiti a pu rencontrer Vaimaa, jeune volontaire stagiaire, issu de la seconde promotion.

“Je suis originaire de Raiatea et je fais partie de la seconde promotion. J’ai 20 ans. Je suis venu au RSMA pour trouver du travail plus tard. Cela fait cinq mois que je suis sur le site de Hao. On est en fin de formation. Dans notre section, on a eu deux formations à faire : cuisine/restauration et agriculture en région chaude. Je suis plus du côté de la restauration, j’ai toujours voulu faire ça. Je pense m’engager ensuite dans l’armée. Dans deux mois, notre formation s’achève. J’ai été affecté à Hao. J’étais motivé. Il a fallu s’adapter mais je me suis vite mis dans le bain. Cela a été une expérience enrichissante. Je garderai de très bons souvenirs. Savoir respecter, savoir vivre, l’entraide, la cohésion, je retiendrai aussi cela.”

Dépollution des sols de Hao : vers une technique dite de “phytoremédiation”

Site des Biotertres à Hao. (Photo : SB/LDT)

Il a aussi été question de la dépollution des sols de l’atoll ce mardi 10 octobre. Eric Spitz informe qu’il reste encore six endroits pollués à Hao. Trois sites pollués aux hydrocarbures et trois autres aux métaux lourds. Sur la question des techniques utilisées, comme le précise notamment Moetai Brotherson, président du Pays, la dépollution des sols souillés aux hydrocarbures se fait via une technologie “éprouvée”, dite Biotertre. Concernant les métaux lourds, pour lesquels le président informe qu’il n’y avait jusqu’alors “pas d’autres solutions que de les contenir”, une nouvelle technologie, issue de recherches du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a été mise en place et permettrait de faire une phytoremédiation, technique qui permet, via les plantes, une stabilisation des contaminants du sol (évitant ainsi toute migration de ces derniers vers les nappes phréatiques). L’idée, pour Hao serait de réaliser des tests en utilisant des plantes endémiques des Tuamotu.