Vigilance et prévention face au jeu dangereux du “sommeil indien”

Au moins quatre élèves de 3ème du collège de Teva i Uta se sont adonnés à cette technique d’évanouissement, qui a valu six points de suture à l’un d’entre eux. La principale et l’association des parents d’élèves alertent les familles sur les risques liés à ces défis alimentés par les réseaux sociaux (Photos : ACL/LDT).
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Après le mortel “jeu du foulard”, un nouveau fléau circule sur les réseaux sociaux : le défi du “sommeil indien” ou “rêve indien”, qui n’a rien d’un jeu. Des élèves du collège Tinomana Ebb de Teva i Uta en ont fait les frais, mardi 10 octobre 2023, malgré les caméras et une équipe d’une dizaine de surveillants.

Au moins quatre élèves impliqués, dont un blessé

“Hier après-midi, à quatre points de l’établissement, des élèves se sont évanouis. (…) C’est un jeu très dangereux et malsain qu’on trouve très facilement sur internet. Il consiste globalement à s’hyperventiler pendant quelques secondes, puis à bloquer subitement sa respiration en se relevant pour accentuer l’évanouissement, qui intervient immédiatement avec un risque de chute. Ce qui est particulièrement inquiétant, ce sont les séquelles possibles. D’après ce que j’ai pu observer avec notre infirmier, il y a un état de confusion qui peut être assez long, pendant 10 à 20 minutes”, explique la principale du collège, Barbara Bellorget, qui n’a pas hésité à lancer l’alerte le soir-même sur la page Facebook du collège et auprès de la Direction Générale de l’Éducation et des Enseignements (DGEE).

Au moins quatre élèves de 3ème sont concernés, dont une jeune fille qui a failli se cogner la tête contre un poteau en tombant et un jeune homme qui s’est cogné contre un mur, avec six points de suture et une surveillance à l’hôpital à la clé. Des élèves d’autres niveaux auraient été témoins de ces pratiques souvent motivées par un effet de groupe, et potentiellement filmées.

Une vigilance renforcée au collège… et à la maison

Les consignes de vigilance ont été renforcées au sein de l’établissement, qui compte 580 élèves. Les familles des enfants impliqués de loin ou de près seront contactées, mais globalement, le message de prévention s’adresse à tous.

“On essaie de faire beaucoup de prévention et d’information auprès des familles au sujet des mésusages des réseaux sociaux. C’est une leçon qui nous rappelle qu’il faut être extrêmement vigilant. (…) Quand on prend l’initiative en tant que parent d’accepter que son enfant puisse avoir un téléphone avec une connexion, il faut aussi accepter d’endosser la responsabilité du suivi de A à Z, et c’est ça malheureusement qui fait défaut dans tous les incidents liés aux réseaux sociaux que j’ai pu connaître”, remarque la principale, qui se bat quotidiennement contre l’usage des téléphones portables, interdit dans l’enceinte de l’établissement.

On ne sait pas encore si des cas similaires ont été signalés dans d’autres établissements du Fenua, mais la rapidité de diffusion via les réseaux sociaux laisse supposer que le collège de Teva i Uta ne serait pas le seul concerné.

Adeline Sabatier, présidente de l’Association des parents d’élèves (APE), et Haamoe Pedroni, secrétaire adjointe :

“Ça n’arrive pas qu’aux autres”

“On fait de la prévention sur notre page Facebook, mais on a aussi organisé le 7 septembre un café-parents sur les dangers des écrans, des réseaux sociaux et du harcèlement scolaire. C’était un peu prophétique, ce qui nous fait dire que ça n’arrive pas qu’aux autres. Ça peut arriver dans un collège qui entoure bien ses élèves et où il y a déjà de la prévention. Il faut toujours rester vigilant.

Notre rôle, c’est de rassurer les parents et les enfants. Aujourd’hui, on est venu en renfort à la surveillance dans le collège, comme on a l’habitude de le faire à différentes occasions. Quatre parents étaient mobilisés. C’est la première action et nous verrons avec la principale ce que nous pouvons mettre en place ensemble, peut-être une assemblée générale pour communiquer auprès des parents, qui doivent eux aussi sensibiliser leurs enfants à ces dangers.

Notre message aux ados est le suivant : surtout, n’essayez pas d’imiter ces personnes en mettant votre vie en danger. Ce sont des gens vecteurs de réussite qu’il faut prendre comme modèle”.

Robert et son fils, élève de 3ème :

“Venir à l’école pour apprendre, pas pour faire des bêtises”

Père : “Je n’étais pas encore au courant. Vous me l’apprenez ! Mais je ne suis pas étonné : on sait qu’il y a des mauvaises choses qui circulent sur les réseaux sociaux et certains enfants les reprennent. C’est pour ça que je dis toujours à mon fils de bien choisir ses amis pour être dans un climat serein, tout simplement pour venir à l’école pour apprendre, pas pour faire des bêtises”.

Fils : “Des camarades ont fait ce jeu. Je leur ai demandé pourquoi ils faisaient ça et ils m’ont dit : c’est amusant. C’est dangereux et j’ai bien conscience qu’il ne faut pas faire ça. Personnellement, je préfère garder mes distances avec ce genre de pratique”.

Attention aussi au “jeu de la virgule”

Dans le même temps, dans l’Hexagone, un autre défi a déjà fait plusieurs blessés en milieu scolaire, principalement dans des collèges et lycées. Il s’agit du “jeu de la virgule”, un nouveau challenge sur TikTok “qui consiste à donner deux coups secs dans la nuque”, précise un article de l’Agence France-Presse (AFP) daté du 09 octobre 2023. Plusieurs entorses aux cervicales ont notamment été signalées. Pour Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français, étant donné que c’est une zone du corps où passent des nerfs et des vaisseaux sanguins vers le cerveau, il peut y “avoir des conséquences graves”.

Le point commun à tous ces défis, c’est leur “caractère viral”, qui inquiète, car un phénomène vient rapidement en chasser un autre.