18 mois de prison pour avoir fait entrer du paka à Tatutu 

(Photo LDT)
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Trois personnes étaient jugées le 16 octobre 2023 pour avoir fait entrer du cannabis et des cartes SIM en détention. Le détenu à l’origine du trafic, un ancien compagnon de cellule chargé d’acheter la drogue et une femme faisant office de mule au parloir, ont été condamnés à des peines allant de six mois avec sursis à 18 mois ferme.

C’est une fouille en sortie de parloir qui a permis aux agents pénitentiaires de découvrir 24 grammes de cannabis et quatre cartes SIM dans le short d’un détenu. Sa compagne, qui vient d’assurer la livraison, a été rapidement interpellée. Alors qu’elle indique immédiatement faire cela pour la première fois, elle finit par avouer qu’elle a déjà effectué le même type d’opérations cinq ou six fois.

Petit trafic organisé

Elle explique alors le fonctionnement du petit trafic organisé. À chaque fois, le même procédé. Elle est contactée par un homme qu’elle ne connaît pas, qui lui remet de l’argent et la petite cargaison à faire entrer à la prison de Tatutu lors de ses visites au père de ses cinq enfants, en détention pour agression sexuelle sur l’un d’entre eux.

Pour cette ultime livraison, un homme, ancien camarade de détention de son compagnon, est identifié. Il explique alors qu’il a lui aussi été contacté par un inconnu qui lui remet de l’argent et lui donne des consignes pour l’utilisation des fonds. Cette fois-ci, il s’agit de 50 000 francs. Il garde 20 000 francs “pour le travail“, dit-il, travail qui consiste à acheter quatre boîtes de cannabis pour 20 000 francs, qu’il reconditionne en petit boudin qu’il remet ensuite à la mule, avec une enveloppe contenant quatre cartes SIM pour smartphones. La mère de famille de 37 ans, elle, garde les 10 000 francs restants pour service rendu.

“Pour un gars au-dessus de moi en prison”

En détention depuis deux ans et libérable en 2027, son compagnon ne semble pas lui non plus être la tête de réseau. Selon son avocat, il joue plutôt le rôle de nourrice en recevant et en stockant dans sa cellule des livraisons destinées à d’autres détenus. On a déjà trouvé plusieurs chargeurs et des téléphones dans sa cellule, ce qui l’a déjà conduit plusieurs fois au cachot. Lors de sa première audition, l’homme n’hésite pas à dire qu’il accepte d’être celui qui réceptionne les livraisons, “pour un gars au-dessus de moi en prison“, avoue-t-il, sans toutefois donner son identité. Une pratique qui permet aussi à la mère de ses enfants de toucher un peu d’argent, car il était le seul revenu de leur foyer.

“Il s’est passé quelque chose en détention pour que vous changiez de version ?”

L’homme de 41 ans revient sur ces déclarations et indique que c’est pour lui qu’il fait rentrer de la drogue. Une version rapidement remise en cause par la présidente du tribunal pour son incohérence. “Pourquoi avoir besoin de quatre cartes SIM ?” dit la présidente, qui indique au prévenu que s’il est bien comme il le prétend le commanditaire, comment et pourquoi sa femme gagnerait-elle de l’argent pour effectuer l’opération. “Il s’est passé quelque chose en détention pour que vous changiez de version ?” demande-t-elle. Elle n’obtiendra pas de réponse.

L’un des “boss” de la prison

Pour le procureur, aucun doute, il s’agit bien d’un trafic organisé par l’un des “boss” de la prison, qui cherche par tous les moyens à faire entrer ces produits ou objets illicites en détention et utilise d’autres détenus précaires et leurs visiteurs pour organiser ses méfaits.

Le tribunal condamne le détenu à 18 mois de prison supplémentaires, l’acheteur retourne en prison pour quatre mois, la mule écope de six mois de prison avec sursis.

YP