“BPJEPS Surf” : 12 stagiaires prêts à faire de leur passion un métier

C’est la première fois que cette formation de neuf mois est proposée en Polynésie. Actuellement au centre technique du surf de l’IJSPF, à Papara, trois stagiaires se confient sur leurs parcours et projets respectifs (Photos : ACL/LDT).
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Pour ces 12 amoureux des sports de glisse, l’heure de la rentrée a sonné. Depuis le 2 octobre 2023, ils suivent la formation au “Brevet professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport (BPJEPS) Surf et disciplines associées”. Elle est organisée par l’Institut de la Jeunesse et des Sports de la Polynésie française (IJSPF) jusqu’au 28 juin 2024. Cette semaine, les stagiaires sont de passage au centre technique du surf de Popoti, à Papara, pour commencer à mêler la pratique à la théorie.

Ils ont été sélectionnés parmi 20 candidats suite à des Tests d’Exigence Préalables (TEP) à l’entrée en formation, conformément à la réglementation nationale, soit un test de démonstration technique et un test de 200 mètres de natation. Un entretien et une épreuve écrite ont été ajoutés pour affiner la sélection qui s’avère 100 % masculine, malgré deux candidates féminines.

Neuf mois de théorie et de mise en pratique

Jeudi 19 octobre 2023, Angélo Lesizza était l’intervenant de la matinée. “Il y a plusieurs modules de formation pour couvrir tous les sujets liés à l’enseignement du surf, du rôle de l’éducateur jusqu’aux caractéristiques du public. On vient de traiter la réglementation, et je suis intervenu précédemment sur l’histoire du surf et la pédagogie. On va passer beaucoup de temps sur comment structurer une séance de surf. Leur chance, c’est de pouvoir passer ce diplôme sans avoir à sortir du territoire. C’est super pour eux ! D’ailleurs, ils sont vraiment motivés avec un très bon niveau en surf”, confie-t-il, lui-même moniteur depuis dix ans.

Complète, cette formation va s’échelonner sur neuf mois. “Ils auront 600 heures de cours en salle et sur le terrain, plus 500 heures d’alternance en école ou club de surf, et quasiment 200 heures de face-à-face pédagogique avec du public scolaire, six classes de CM2 de Arue, Papeete et Pirae à Papeno’o, avec le soutien de la DGEE et de l’USEP. Ils auront 4 Unités Capitalisables (UC) à valider à travers un projet à monter et à réaliser avec une soutenance à l’issue, la mise en situation pédagogique et la performance technique avec secours et sauvetage”, détaille Raihau Sienne, coordinateur de la formation pour l’IJSPF.

Une première au Fenua

Ce diplôme d’État permet d’enseigner le surf, notamment en école, en club ou auprès d’un public scolaire. C’est la première fois que la formation associée est dispensée en Polynésie. Pour ce faire, l’IJSPF a passé une convention avec le Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) de Bordeaux, afin d’obtenir l’agrément nécessaire.

“C’était important de proposer cette formation ici, car partir en métropole, ce n’est pas accessible à tous. On met les stagiaires dans les meilleures conditions possibles pour qu’ils puissent réussir. Ils peuvent dormir sur place, et surtout, neuf d’entre eux sont indemnisés et leurs frais de formation de 450.000 francs sont complètement pris en charge par le Service de l’Emploi. Les trois autres financent eux-mêmes leur formation, car ils poursuivent une activité professionnelle en parallèle”, explique Raihau Sienne.

Si tout se passe bien, les stagiaires seront prêts à endosser leur statut d’éducateur sportif juste à temps pour les épreuves de surf des Jeux Olympiques de juillet 2024.

Dorence David, 39 ans, stagiaire de Toahotu :

“Pourquoi pas ouvrir ma propre structure par la suite”

“Depuis tout jeune, je pratique le surf. Je suis issu d’une famille de surfeurs. Il y a plus de dix ans, j’avais envisagé d’aller en France passer ce diplôme, mais je n’ai finalement pas eu l’opportunité de partir. Le fait que ce soit organisé au Fenua, ça m’a décidé à me lancer ! J’envisage de travailler avec les écoles de surf dans un premier temps, de développer les disciplines autour du surf et pourquoi pas ouvrir ma propre structure par la suite. Dans l’ensemble, ça se passe super bien, avec une bonne cohésion. Se remettre dans les cours, c’est un peu difficile, mais quand on veut, on se donne les moyens.

Iaorana, teie te tapura matamua o teie haapiipiiraa no te pae o te horue i te fenua nei, e oaoa rahi to matou, na matou e avari teie tapura ohipa. Haa mauruuru i te hau fenua e te pu IJSPF no teie tauturu. A faaitoito anae tatou i teie nei ia manuia maitai. Mauruuru !”.

Manua Edelson, 18 ans, stagiaire de Mahina :

“Vivre de ma passion, ça a toujours été un rêve”

“Je viens du lycée Samuel Raapoto, où j’ai passé mon bac cette année. J’ai entendu parler de cette formation par le bouche-à-oreille. C’est un énorme coup de chance pour moi, car le timing est parfait. Ça fait 14 ans que je surfe : vivre de ma passion, ça a toujours été un rêve ! Mon objectif, c’est de décrocher ce diplôme. J’ai une place qui m’attend dans une école de surf pour commencer à travailler. Par la suite, j’aimerais passer un DEJEPS pour devenir manager de structure sportive. Ça se passe très bien. Les échanges sont très intéressants. On est une bonne équipe et je suis ravi d’être là”.

Manake’i Kahiha, 20 ans, stagiaire de Toahotu :

“Je pourrais dispenser des cours en continuant la compétition”

“À partir de la classe de seconde, j’ai commencé à me consacrer aux compétitions de surf. Malheureusement, c’est difficile d’en vivre. Cette formation, c’est l’occasion de me professionnaliser dans ce domaine que j’aime. On est vraiment bénis, car on est payés, nourris, logés, blanchis. Pour l’instant, l’objectif de ces prochains mois, c’est de me mettre à fond dans les cours pour décrocher ce diplôme ! Je pourrais dispenser des cours de surf auprès des scolaires, par exemple, tout en continuant la compétition. On est à Tahiti : on est entouré de vagues, donc il y a de quoi faire”.