
Armées de leur plus belle robe et de leur plus beau sourire, les sept candidates à l’élection de Miss T Tahiti ont passé leur épreuve orale, ce jeudi 19 octobre, à la mairie de Papeete. À une semaine de la grande soirée, prévue samedi 28 octobre, l’ambiance est tendue mais les prétendantes ne perdent pas de vue leur objectif principal : gagner la couronne. En coulisses, c’est à l’aide de profondes respirations et de rires que les candidates patientent sereinement, avant de pousser la porte de la grande salle, où un jury de huit personnes les attend.
15 minutes pour convaincre
À tour de rôle, les sept “déesses” ont été soumises à un questionnaire de personnalité qui leur a permis “de démontrer leurs capacités intellectuelles et de mettre en valeur leur individualité, leur histoire et leurs qualités“, précise Doriana Wong, présidente du comité organisateur. Le jury s’est particulièrement intéressé à leur parcours respectif, leur objectifs et leur motivations pour cette élection. “Ce qui m’intéressait le plus aujourd’hui, c’était de savoir ce qu’elles pensent de ce rôle d’ambassadrice en tant que femme transgenre“, souligne Ravanui Teriitaumihau, Miss Tahiti 2001 et membre du jury.
De plus, afin de promouvoir le reo tahiti, les candidates ont eu la tâche de démontrer leur connaissance de la langue. C’est Ma Zinguerlet, membre du jury, qui a eu l’honneur d’adresser aux candidates, quelques questions en tahitien. “Le reo maohi est en train de se perdre et c’est un moyen de le mettre en valeur à travers ce concours de beauté. D’ailleurs, j’encourage les autres concours de beauté à le faire parce que, lorsqu’on devient ambassadrice de notre Pays, il est indispensable de pouvoir valoriser cette langue très riche, très belle et surtout maternelle“, indique-t-elle.
Cette épreuve, redoutée par toutes les miss, est d’autant plus significative car elle compte pour 30% de la note finale. “En plus de l’oral, le vote du jury compte pour 50%, celui du public pour 15% et celui du comité compte pour 5%“, précise Ravanui Teriitaumihau. Pour rappel, le vote du public est uniquement ouvert aux abonnés Vodafone. Pour voter, il faut envoyer : MissT suivi du numéro de votre candidate, au 7707 (131 F le coût du sms). Les votes se clôtureront le samedi 28 octobre.

Leifa Nasser, 25 ans, candidate 1 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Le stress monte car depuis que nous avons commencé les répétitions et les préparatifs, nous vivons à mille à l’heure. C’est un vrai planning de miss mais nous prenons beaucoup de plaisir. Nous avons la chance d’avoir une équipe conviviale et il y a une véritable entraide entre chaque candidate.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“J’aimerais gagner ce titre car j’aimerais véhiculer des valeurs auxquelles je m’identifie. Si je suis élue Miss T Tahiti, je souhaiterais oeuvrer pour la communauté LGBTQ+ et mettre en place des actions pour faire évoluer les mentalités.”
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Je suis issue d’un métissage, j’ai vécu un peu partout tel un caméléon qui prend la culture de plusieurs communautés. C’est ce qui fait ma personne et qui je suis au plus profond de moi.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Pour moi, ce mot évoque la beauté, la différence et en 2023, une femme transgenre est une femme qui s’assume, qui est entreprenante, qui n’a pas peur de débattre et d’être elle-même.“
Diva Tuariihionoa, 17 ans, candidate 2 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je me sens motivée et sereine. Malgré le stress, j’essaye de rester positive.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Gagner cette couronne permettra peut-être à la nouvelle génération de pouvoir évoluer et s’améliorer, mais pas changer. Il est important de rester fidèle à soi-même.“
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Ma détermination, surtout que je suis très jeune. Donc, participer à cette élection est mon point fort.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Il évoque l’une des choses les plus importantes pour moi : le courage que nous avons de pouvoir nous exprimer telle que nous sommes.“
O’omaka Gendron, 26 ans, candidate 3 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je me sens prête et j’ai hâte de monter sur scène. Avec les candidates, nous avons préparer un show vraiment magnifique. Donc, cher public, ouvrez bien les yeux car nous allons vous éblouir !”
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Au départ, je me suis présentée à cette élection pour vivre une belle aventure. Mais aussi, je souhaiterais encourager mes soeurs transgenres à vivre, à aimer et à choisir en toute liberté. Je continuerais à utiliser mes réseaux afin de montrer qu’une femme transgenre est également bien établie dans sa vie et pourquoi pas servir d’exemple pour les prochaines générations.“
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Ma passion pour l’indépendance des femmes et mon engouement dans certaines causes sociales. Et je me trouve aussi très rigolote et de très bonne compagnie.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Dans “femme transgenre”, il y a le mot femme. Donc pour moi, c’est une femme à part entière. Personnellement, je me sens femme et personne n’a le droit de me faire ressentir le contraire.“
Djumi Amin, 31 ans, candidate 4 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je me sens à la fois excitée mais je reste sur mes gardes.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Pour moi, cette élection est avant tout un challenge car je veux dépasser mes limites et voir de quoi je suis capable. J’ai souhaité ressentir l’émotion d’être propulsée sous les feux des projecteurs et pour le moment, j’apprécie ce sentiment. Je découvre beaucoup de choses et j’ai rencontré de nouvelles amies. C’est ce qui rend cette élection magique.“
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Ce qui me rend unique, c’est ma gentillesse et ma joie de vivre.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Personnellement, c’est vrai que nous sommes des personnes différentes de la normalité mais nous sommes aussi intégrées dans la société. Nous sommes souvent au contact des critiques et c’est cela qui fait notre force. Plus nous sommes critiquées, et plus nous avançons avec la tête haute et le sourire.”
Céleste Millard, 19 ans, candidate 5 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je me sens stressée mais cela reste du bon stress. J’appréhende cet évènement car les répétitions sont à mille à l’heure. Cette intensité me rappelle que cet évènement est important pour nous, pour notre communauté et aussi peut-être pour la société.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Nous voulons toutes gagner cette écharpe. Personnellement, c’est parce que je souhaiterais défendre le développement durable car un fenua bien protégé est un meilleur avenir pour nos enfants. Puis, bien évidemment, défendre les droits des personnes transgenres, ici et dans le monde. Notamment par rapport à l’éducation, le monde professionnel et le milieu familial.”
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Je pense que ce sont mes valeurs, ma personnalité et ma confiance en moi.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Ce mot évoque la beauté, la simplicité et c’est une personne qui s’assume complètement afin de montrer à la société que la communauté transgenre est bien présente et nous sommes bien décidées à rester authentiques et fidèles à nous-mêmes.“
Heiva Leprado, 31 ans, candidate 6 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je suis très stressée bien évidemment mais je reste confiante avant la grande soirée. Les préparations sont denses et nos répétitions sont intenses. Toutes mes tenues sont prêtes et j’ai confiance que tout se passera bien.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Je souhaite gagner cette couronne car je veux défendre une cause qui est celle de la transidentité. Il est vrai qu’en Polynésie, nous sommes bien accueillies mais il y a encore du travail car la transphobie et la discrimination sont toujours d’actualité, quotidiennement mais aussi professionnellement. Si j’ai voulu me présenter, c’était pour inspirer les autres femmes transgenres de Polynésie à avoir confiance en elles et d’accepter ce qu’elles sont malgré les critiques de la société. “
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Ce qui me rend unique, c’est ma taille. Au début, c’est ce qui me portait préjudice car j’étais souvent mise de côté car j’étais trop grande. Et puis, au fil des années, je me suis rendue compte que c’est ce qui me différencie des autres car beaucoup de personnes viennent me questionner sur ma taille et cela me permet d’avoir une communication avec eux.“
Qu’est-ce que le mot femme transgenre évoque pour toi ?
“C’est une personne à la recherche de son identité, qui a un corps qui n’est pas en accord avec qui elle est intérieurement.“
Moetini Raihauti, 24 ans, candidate 7 :

À une semaine de l’élection, comment te sens-tu ?
“Je me sens sereine, un peu stressée mais pour le moment tout va bien. Je me suis préparée physiquement et j’irais au feeling car je n’ai pas d’exigences envers moi-même. Et puis, le comité n’est pas non plus exigent sur le type de corps et de corpulence.“
Pourquoi veux-tu gagner cette couronne ?
“Tout simplement parce que c’est une compétition et je pense que nous avons toute envie de gagner. J’irais au feeling mais je reste positive.“
Qu’est-ce qui te rend unique ?
“Ce qui me rend unique, c’est ma personnalité. Les personnes de mon entourage qui me connaissent savent quelle genre de femme je suis et je resterai la même jusqu’à la fin.“
Qu’est-ce que le mot “femme transgenre” évoque pour toi ?
“Ce mot m’évoque une belle personne, féminine, déterminée et surtout qui avance dans l’air du temps.”