
L’année 2023 marque les dix ans de l’adoption du mariage pour tous en Métropole. Bien que cette loi représente une forte reconnaissance pour la communauté LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer et intersexe et asexuel·le), elle reste contestée par les mouvements conservateurs et religieux de la société.
En Polynésie française, les enjeux restent les mêmes. Néanmoins, depuis l’élection du gouvernement Tavini, la cause LGBTQIA+ semble être davantage prise en considération. Le 17 mai dernier, pour la première fois, le drapeau arc-en-ciel rayonnait au dessus de la présidence, à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie.
Pour poursuivre dans cet élan, le gouvernement organise, en partenariat avec l’Université de la Polynésie française (UPF), le Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) et l’association Cousins Cousines, la première table ronde sur le sujet intitulée “Nos Voix, nos Droits et Notre Pacifique Way”, du mardi 7 au mercredi 8 novembre sur le campus de l’université. Une initiative “courageuse” et ouverte au public, qui réunira des représentants du Pacifique, mais aussi des intervenants du fenua, notamment les confessions religieuses (protestants, catholiques, mormons et sanitos). L’objectif pour le Pays : “dresser un état des lieux des problématiques LGBTQIA+ en Polynésie, et par extension, dans le Pacifique” indique Éliane Tevahitua, vice-présidente de la Polynésie française.
L’homosexualité toujours pénalisée dans six états du Pacifique

“Sur deux jours, nous aborderons des sujets de société au travers de panels de discussions variées qui traiteront des droits de l’homme dans les sociétés océaniennes et la dépénalisation de l’homosexualité” précise la vice-présidente. Ce dernier point, relève tout particulièrement d’une urgence majeure. En effet, à ce jour, l’homosexualité est pénalement répréhensible dans six états du Pacifique : les Tuvalu, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Cook, Samoa et les Kiribati. En ce sens, les ambassadeurs, ONG et chercheurs issus de ces territoires ont été invités à participer à cette conférence en vue de “renouer le dialogue autour des enjeux liés aux communautés LGBTQIA+ océaniennes“. “Porter cette voix d’une manière inédite par un gouvernement fera écho dans le Pacifique. J’espère que le courage de la Polynésie française amplifiera ce message d’acception et de tolérance” exprime Karel Luciani, président de l’association Cousins Cousines.
Et après ?

À l’issue de ce séminaire, le Pays “disposera de deux instruments juridiques majeures“, indique Michel-Stanislas Villar, conseiller à la vice-présidence. “Une première feuille de route pour mettre en place une politique sectorielle sur les droits et la place des LGBT dans notre société pour la mandature à venir et qui concernera tous les portefeuilles ministériels. Puis, une seconde pour une approche commune des questions de tolérance, d’égalité, d’équité et de laïcité partagées par tous les peuples océaniens représentés à cette conférence“, souligne-t-il.
“Nous espérons que ce document permettra au Pays de s’impliquer sur ces questions-là et de bien comprendre les problématiques de notre communauté afin d’établir un plan d’action sur cinq ou dix ans“, ajoute Karel Luciani.
Pour les communautés LGBTQIA+ du fenua, de nouvelles mesures devraient prochainement voir le jour : “nous sommes en discussion avec le ministre de la Santé au sujet de la prise en charge de la PrEP (traitement médicamenteux qui empêche l’infection par le virus du sida, Ndlr) ainsi que de l’hormonothérapie des personnes transgenres“, précise Éliane Tevahitua. Cependant, “pas de confusion“, alerte-t-elle, puisque ses propos “ne concernent pas les interventions chirurgicales“.
En ce qui concerne le pacte civil de solidarité (Pacs) la vice-présidente annonce être “tout à fait favorable“, toutefois, “il y a encore quelques travaux à faire avec le Haut-commissariat notamment au niveau juridique“, conclut-elle.