Le premier “Taravao Code Camp” est lancé

C’est parti pour six semaines d’initiation à la programmation pour neuf stagiaires, dans le cadre d’une formation gratuite dispensée par des informaticiens-formateurs du Cnam (Photos : ACL/LDT).
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“Qu’est-ce qu’un algorithme ?”. C’est ainsi que s’est ouvert le premier “Code camp” de la Presqu’île de Tahiti, lundi 30 octobre 2023, au centre Teaputa de Taravao. Neuf stagiaires ont répondu à l’invitation lancée par le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), soit six semaines de formation intensive jusqu’au vendredi 8 décembre, avec le double avantage de la proximité et de la gratuité.

Susciter des vocations

Après Nuku Hiva, Raiatea et Moorea, cette quatrième édition conserve les mêmes ambitions. “C’est une formation un peu différente de notre panel habituel : elle est gratuite, car prise en charge par la DGEE (Direction générale de l’éducation et des enseignements, ndlr), avec le soutien de la communauté de communes Tereheamanu et de la commune de Taiarapu-Est. On est sur un public plutôt éloigné de l’emploi ou en recherche d’avenir. L’objectif, c’est de passer d’utilisateur à programmeur en informatique, et pourquoi pas susciter des vocations”, remarque Peter Meuel, directeur du Cnam, satisfait de la mobilisation.

À l’issue, les participants recevront un certificat d’établissement, avec la possibilité d’affiner par la suite ces compétences spécifiques, de plus en plus prisées sur le marché de l’emploi. “Ce ne seront pas des experts, mais ils vont pouvoir savoir s’ils veulent continuer sur cette voie, via un dispositif en alternance, par exemple. Cette année, nous avons deux troisièmes années de licence informatique tellement la demande est forte ! Tous les informaticiens diplômés sont immédiatement embauchés, voire avant l’obtention de leur diplôme”, poursuit le responsable.

Des bases au hackathon final

Algorithmique, programmation de site web et développement de logiciel, voici ce qui attend les stagiaires, pour finir par un hackathon, lors duquel ils seront mis au défi de créer une application en deux jours.

Deux informaticiens-formateurs vont se relayer, et c’est Evans Bohl, docteur en informatique de 35 ans, qui a inauguré cette édition. “Je vais surtout leur proposer des exercices de logique ou de la vie courante pour leur faire comprendre les principes de la programmation. On va y aller à leur rythme pour débloquer phase par phase. Cette semaine, je vais leur apprendre les concepts de base de l’algorithmique, les variables, les boucles, les conditions, etc. Tous les outils logiques pour pouvoir faire des exercices simples, comme afficher du texte ou des calculs, des choses très basiques, mais essentielles pour passer à une approche plus complexe par la suite”, confie ce polynésien passionné.

Présent pour l’ouverture de la formation, le maire de Taiarapu-Est a encouragé les participants à “s’accrocher” dans le cadre de cette première formation délocalisée. “Nous avons accueilli à bras ouverts le Cnam pour ce projet, et pourquoi pas l’université dans le futur. Il s’agit d’offrir à nos jeunes, et à toute personne désirant se former, la possibilité de ne pas avoir à subir les trajets vers la ville”, indique Anthony Jamet. Le Cnam envisage par ailleurs de continuer à dupliquer cette formule dans les archipels, possiblement aux Australes et aux Tuamotu, mais rien n’est encore acté.

Hanalei Haro, 18 ans, de Tautira :

“Créer mon site web et gagner en autonomie”

“J’ai fait un bac STMG à distance avec le CNED, parce que mes parents habitent à Rangiroa. Je travaille à mon compte dans la location saisonnière. Cette formation m’intéresse dans le cadre de mon travail pour pouvoir créer mon propre site web et gagner en autonomie. Le formateur est sympa et j’ai hâte de commencer. J’ai fait un peu de programmation au lycée, mais c’était compliqué, donc j’espère être plus à l’aise aujourd’hui”.

Avelina Tairaau, 43 ans, de Taravao :

“Plus de quatre ans que je cherchais une formation”

“J’ai sauté sur l’occasion, car ça faisait plus de quatre ans que je cherchais une formation, mais c’était toujours payant. Je souhaite ouvrir une hôtellerie de luxe pour les personnes âgées ou handicapées à la Presqu’île. Ça me sera utile sur le côté promotionnel et aussi en interne pour proposer des animations. C’est gratuit et c’est chez nous, donc c’est vraiment accessible, même aux personnes qui n’ont pas les moyens. Je suis très motivée et heureuse de pouvoir m’y mettre”.