Les touristes ont dépensé 77 milliards de F en 2022, cinq fois plus que la valeur des exportations

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La dernière étude de l’Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) détaille les dépenses des touristes internationaux en 2022. Ils ont dépensé 77 milliards de F.CFP, soit cinq fois plus que la valeur des exportations de produits locaux exportés. Ce qui permet de confirmer, s’il en était besoin, que le tourisme est la plus importante ressource du Pays.

En 2022, 219 000 touristes non-résidents ont visité la Polynésie française et consommé près de quatre millions de nuitées touristiques. Ils ont dépensé 77 milliards de F.CFP au cours de leur séjour (contre 65 milliards en 2018 et 27 milliards en 2021), soit plus de cinq fois la valeur des exportations de produits locaux qui s’élève à 15 milliards de F.CFP.

Le tourisme est la branche la plus importante du commerce extérieur polynésien. Avec le transport aérien international, il représente plus de 70 % des exportations de biens et services réalisées en 2022 pour contribuer, ensemble et directement, à 8 % au produit intérieur brut (PIB) en Polynésie française. Fortement excédentaire, la balance entre les dépenses des touristes non-résidents en Polynésie française (77 milliards de F.CFP) et les résidents à l’étranger (30 milliards de F.CFP) dégage un solde positif de 47 milliards de F.CFP en 2022.
Les dépenses des touristes participent au chiffre d’affaires réalisé par les entreprises polynésiennes avec les dépenses effectuées localement par les non-résidents dans l’hébergement, la restauration, les activités, les commerces ou encore les transports locaux. Au total, plus de 4 600 entreprises opèrent sur ces segments d’activités en 2022 et emploient plus de 12 000 salariés. On estime que les dépenses touristiques (y compris celles en transport international réalisées dans une entreprise polynésienne) représentent, en moyenne, 60 % de l’activité annuelle de ces entreprises (plus de 90 % pour l’hébergement et environ 45 % pour la branche transport) dites caractéristiques du tourisme.

Les marchés nord-américains et français représentent, ensemble, 80 % des effectifs et des recettes touristiques

En 2022, les arrivées de touristes internationaux ont presque triplé par rapport à 2021 (+ 165 %). Le secteur retrouve ainsi 92 % du niveau de fréquentation de 2019. Ce redressement vigoureux est le résultat d’une forte demande de voyages internationaux, conjuguée à l’assouplissement ou à la levée des restrictions sur les déplacements, comme pour la Nouvelle-Zélande en juillet 2022. Ainsi, la fréquentation touristique de la Polynésie française, hors tourisme domestique et excursionnistes, s’élève à 218 750 touristes en 2022, contre 236 000 en 2019.

Premier marché en effectifs et en dépenses touristiques, les Nord-Américains ont dépensé 40 milliards de F.CFP pendant leur séjour en 2022, soit 52 % des dépenses totales. Cette forte hausse depuis 2018 (+ 42 %) s’explique par la croissance des effectifs nord-Américains de 26 % depuis 2018 et par des dépenses moyennes individuelles par séjour qui bondissent de 17 % à 380 000 F.CFP. Cette hausse de la dépense moyenne résulte exclusivement d’une importante augmentation de la dépense journalière à 34 000 F.CFP contre 29 000 F.CFP en 2018, la durée moyenne de séjour étant restée relativement stable pour cette clientèle (11,3 jours en 2022, contre 11,1 jours en 2019).
Deuxième marché en termes de devise, les touristes européens (y compris les Français) ont dépensé 30 milliards de F.CFP en Polynésie française au cours de l’année 2022. Ce montant progresse de 29 % depuis 2018, avec une augmentation de 18 % des effectifs touristiques depuis 2018 et de 11 % des dépenses par séjour à 331 000 F.CFP. Cette forte croissance des effectifs s’explique par les arrivées importantes de touristes originaires de l’Hexagone qui sont 45 % plus nombreux qu’en 2018, alors que les autres clientèles européennes sont un quart moins nombreuses en cette année de reprise post-Covid. Dans le détail, la clientèle originaire de l’Hexagone dépense 21,5 milliards de F.CFP (soit 305 000 F.CFP par séjour) et les autres pays européens expliquent 8,3 milliards de F.CFP des recettes pour une dépense moyenne de 375 000 F.CFP par séjour.

Les croisiéristes génèrent 21 % des recettes touristiques

Alors que ce type de tourisme s’est totalement arrêté pendant la crise Covid, la reprise de la croisière s’est accompagnée d’un retour progressif des croisiéristes sur l’année 2022. Avec la diversité des îles et la présence d’infrastructures d’accueil dans nombre d’entre elles, ce type de tourisme (en paquebot ou à voile) a séduit 18 % des touristes en 2022. Ils ont dépensé 16 milliards de F.CFP au cours de leur séjour, soit 400 000 F.CFP en moyenne par séjour dont 55 % ont été dépensés à terre (hébergement, transport, commerce, etc.). Les croisiéristes sont 51 % nord-américains et pour un quart français, avec une durée de séjour de 16 jours dont près de la moitié est en moyenne passée sur terre.
Les croisiéristes dépensent ainsi, en moyenne, 60 000 F.CFP de plus par séjour que les touristes terrestres (400 000 F.CFP contre 340 000 F.CFP). Cette différence s’explique essentiellement par des dépenses plus importantes dans les hébergements flottants que dans les hébergements terrestres. En effet, quand les touristes flottants dépensent 275 000 F.CFP par séjour dans l’hébergement (dont 80 000 F.CFP dans l’hôtellerie), la clientèle terrestre y dépense 185 000 F.CFP. Les dépenses hors hébergement (transport, commerce, excursions, etc.) s’élèvent à 130 000 F.CFP pour les croisiéristes et 160 000 F.CFP pour les touristes terrestres.

85 % des touristes terrestres passent au moins une nuit en hébergement marchand

Le tourisme terrestre représente le plus important contingent de touristes en Polynésie française puisqu’il concentre 82 % des touristes pour 79 % de la recette touristique totale, soit 61 milliards de F.CFP. Ces touristes peuvent séjourner « gratuitement » chez des Polynésiens dans le cadre d’un voyage affinitaire (13 % des effectifs) ou bien composer avec les hébergements payants terrestres disponibles. Ces derniers regroupent l’hôtellerie classée, les pensions de famille et la location de meublés de tourisme. Ces hébergements terrestres marchands ont été choisis par 85 % de la clientèle terrestre pour au moins une nuit pendant leur séjour. Ils sont principalement nord-américains (47 % du marché), français (34 %) et européens (11 %), et restent en moyenne 17,5 jours en Polynésie française. (Cf. Table 3)
Les touristes dépensent en moyenne 340 000 F.CFP par personne pendant leur long séjour. Si les frais liés à l’hébergement représentent leur premier poste de dépenses (54 % du budget vacances), ceux liés aux transports (14 % du budget) et à la restauration (11 % du budget) sont aussi relativement importants.

Près de 60 % des dépenses touristiques concernent l’hébergement

Sur l’année 2022, les dépenses en hôtellerie et autres structures d’hébergement terrestre restent le premier poste de dépenses des touristes internationaux. Elles représentent 47 % des dépenses totales des touristes, soit 36 milliards de F.CFP dont 3 milliards dépensés par les croisiéristes. Cumulées à celles des croisiéristes en hébergement flottant (8 milliards de F.CFP en 2022), les dépenses en logement représentent, en moyenne, 60 % du budget vacances des touristes.
Responsables de 90 % des recettes de l’hébergement terrestre, les touristes terrestres sont très nombreux à passer au moins une nuit en hébergement terrestre marchand (85 %). Pour ces touristes terrestres marchands, les dépenses d’hébergement représentent 54 % de leurs dépenses en Polynésie française, soit 185 000 F.CFP par personne pour un séjour moyen de 17,5 jours (dont 11 jours en hébergement marchand). Ces touristes terrestres marchands regroupent plus de 95 % des touristes terrestres originaires d’Amérique du Nord, d’Europe et même 54 % des touristes terrestres ayant comme but de séjour la visite de famille et d’amis, et 70 % des Français.

L’hôtellerie est un produit exclusif pour 60 % de sa clientèle

Parmi les touristes terrestres marchands (70 % des effectifs), deux tiers ne fréquentent qu’un seul type d’établissement marchand (hôtel, pension de famille ou location de meublés) et un tiers combine plusieurs types d’hébergement. Les clients de l’hôtellerie sont les plus fidèles à ce type de produit puisque 60 % de leur clientèle ne fréquentent que des hôtels pendant le séjour, alors que seulement 22 % de la clientèle des pensions de famille pratiquent le mono produit. La clientèle des locations de meublés s’inscrit pour moitié dans un parcours combinant plusieurs types d’hébergement.
L’hôtellerie internationale reste le produit le plus fréquemment consommé par la clientèle terrestre marchande (70 % des touristes y ont dormi au moins une nuit pendant leur séjour). Parmi ces touristes, 60 % sont des clients exclusifs de l’hôtellerie (42 % des touristes terrestres marchands) qui fréquentent en moyenne deux établissements pendant leur séjour, qui dure en moyenne 10 jours. Ils y consacrent 60 % de leur budget vacances pour une dépense moyenne de 25 000 F.CFP par jour et par personne.
La pension de famille a su attirer 40 % de la clientèle terrestre marchande pour y passer au moins une nuit durant leur séjour. Cette clientèle n’y a séjourné que 22 % de sa durée de séjour payante car ils combinent (80 % de la clientèle pension) ce type d’hébergement avec un autre type d’hébergement terrestre. Pour ceux qui ne consomment que de la pension de famille (9%des touristes terrestres marchands), ils y séjournent en moyenne 10 jours et dépensent en moyenne 8 500 F.CFP par personne et par jour.
La location de meublés de tourisme a su séduire 28 % de la clientèle terrestre marchande pour y passer au moins une nuit pendant leur séjour en 2022. Elle est choisie par 40 % de la clientèle hexagonale terrestre marchande comme lieu d’hébergement pour au moins une nuit. Ce type de produit intéresse aussi les touristes européens (30 % des effectifs terrestres marchands qui y passent au moins une nuit), mais seulement 17 % des Nord-Américains. La location de meublés sera même le seul type d’hébergement fréquenté pour la moitié des clients (13 % des effectifs terrestres marchands). Ces touristes en meublés (13 % des effectifs terrestres marchands) vont y séjourner en moyenne 20 jours pour un budget moyen par personne et par jour de 7 500 F.CFP.

Les dépenses en transport et en restauration expliquent un quart du budget vacances

Composé de 78 îles habitées dont 40 disposent d’au moins un hébergement touristique, l’espace touristique polynésien est fortement dépendant des modes de transport. Ce sont ainsi 93 % des touristes qui ont consommé du transport (terrestre, maritime ou aérien) pendant leur séjour pour un montant total de 10 milliards de F.CFP, dont 59 % à destination des transports aériens domestiques, 33 % pour les transferts, locations de voiture, taxis et bus, et le reste pour le transport maritime.
Élément central des vacances, les dépenses dans les bars, cafés, restaurants (d’hôtel ou non) concernent près de neuf touristes sur dix, qui ont dépensé près de 9 milliards de F.CFP pour ce poste de dépenses, soit 40 000 F.CFP par séjour en moyenne.
Ramener un souvenir, une perle ou compléter ses courses alimentaires représente une dépense moyenne de 35 000 F.CFP par séjour, dont un quart est dépensé dans l’achat de produits perliers. Les activités de loisir ou d’excursion ont été pratiquées par 75 % des touristes qui y dépensent en moyenne 30 000 F.CFP par séjour, pour un total de 6,5 milliards de F.CFP pour des excursions, des activités de loisir ou de la plongée.

Les budgets vacances dépendent des marchés, des buts et des types de tourisme

Si le budget vacances s’explique par des dépenses moyennes par jour de 20 000 F.CFP et une durée moyenne de séjour de 17,5 jours (contre 15 jours en 2019), les dépenses quotidiennes et les durées de séjour diffèrent selon les marchés. Ainsi, si la clientèle nord-américaine est la plus dépensière au quotidien, 34 000 F.CFP par jour et par personne, elle détient aussi la durée moyenne de séjour la plus courte (11 jours) alors que la clientèle française qui dépense près de trois fois moins chaque jour (12 000 F.CFP en moyenne) reste plus longtemps, 26 jours en moyenne. Les Européens (hors Français) dépensent chaque jour 21 000 F.CFP pour une durée de séjour de 17 jours.

Les budgets diffèrent également selon les buts de séjour. Ainsi, les dépenses des touristes qui ont comme but de séjour les vacances (choisi par 50 % des touristes, 60 % des Nord-Américains et 35 % des Français) sont dans la moyenne des dépenses touristiques de l’ensemble des touristes.
Si les buts de séjour liés au voyage de noces ou à la visite de famille ou d’amis attirent chacun 50 000 touristes, les dépenses par jour et les durées de séjour diffèrent fortement. Les touristes en voyages de noces (motif déclaré par 25% des Nord-Américains, 10 % des français et 40 % des Européens) ont la plus forte dépense quotidienne (40 000 F.CFP par jour) et par séjour (500 000 F.CFP), dont 60 % sont consacrés à l’hébergement. Les touristes affinitaires, dont deux tiers sont originaires de l’Hexagone, ont à l’inverse une dépense quotidienne plus de quatre fois inférieure à celle des noceurs, pour une durée de séjour de 26 jours contre 12 jours. Cette clientèle ne fait pas que séjourner dans la famille, car elle consacre 66 % de son budget vacances à l’hébergement pour y séjourner en moyenne un tiers du temps passé en Polynésie française.
Les types de tourisme déterminent aussi les comportements de dépenses des touristes internationaux. Ainsi, les touristes terrestres non marchands (12 % des touristes totaux) qui représentent 40 % des buts « visite de famille » dépensent quatre fois moins que la moyenne des touristes en dépenses par jour. Ces touristes expliquent 5 % des dépenses touristiques totales de 2022. Hors dépense d’hébergement, le commerce et la restauration mobilisent plus de la moitié de leur budget et les transports un quart.

Source : ISPF, Enquêtes Dépenses Touristiques 2022