Risque cyclonique : le réchauffement climatique perturbe les prévisions

Le risque cyclonique est de 50% pour la saison chaude 2023-2024. Cependant, comme l'explique Victoire Laurent, cheffe de la division études et climatologie de Météo-France : "L’effet du changement climatique est très marqué cette année ce qui rend les prévisions difficiles par rapport à avant. On ne sait pas quel est son poids sur un phénomène El Niño et son intensité.» (Photo : Météo-France)
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Chaque année, la saison chaude apporte son lot d’inquiétudes de risques cycloniques et pluviométriques. La présence forte du phénomène El Niño, confirmée par les services de Météo-France, accentue malheureusement les craintes. Surtout qu’un nouveau facteur ne facilite par le travail des météorologues et climatologues : le réchauffement climatique.

Selon Sophie Martinoni-Lapierre, directrice interrégionale pour la Polynésie française, chez Météo-France, ce réchauffement climatique crée “une configuration inédite, ce qui rend la prévision du risque cyclonique un peu plus difficile.” Elle ajoute que “la saison, qui s’annonce, présente des caractéristiques différentes des années précédentes et doivent appeler à une plus grande prudence.”

Un impact méconnu du réchauffement climatique sur le phénomène El Niño que confirme Victoire Laurent, cheffe de la division études et climatologie de Météo-France : “Il n’y pas deux El Niño identiques. Et l’effet du changement climatique est très marqué cette année, ce qui rend les prévisions difficiles par rapport à avant. On ne sait pas quel est son poids sur un phénomène El Niño et son intensité.”

Un risque de cyclone de 50 %

Cependant, bien que le risque cyclonique soit plus élevé que les années passées, il n’en demeure pas moins modéré pour la Polynésie française, selon les spécialistes, de novembre 2023 à avril 2024. “Un risque modéré c’est un pourcentage de 50 % d’avoir un phénomène nommé sur le bassin”, informe la cheffe de la division études et climatologie de Météo-France. Pour rappel, pour la saison 2015/2016, un risque de 90 % avait été annoncé.

Elle apporte des précisions quant à la puissance du phénomène El Niño, qui devrait évoluer et atteindre “son pic” en décembre et janvier, avant de “faiblir”. Deux mois à surveiller, selon la spécialiste qui explique également que le phénomène El Niño constaté “ne ressemble à aucun autre vu par le passé” et pourrait “atteindre les stades de Niño mémorables comme en 1997/1998 (plusieurs cyclones et 27 décès en six mois) ou 2015/2016 (pas de cyclones).

Alors que le risque cyclonique est faible à peu probable pour les Gambier et les Marquises, il est modéré pour les autres archipels du territoire. Cependant, “il suffit d’un seul cyclone, sur une île habitée, pour faire d’une saison cyclonique une saison mémorable”, précise Sophie Martinoni-Lapierre. Le cyclone Lola et ses vents de 300km/h, qui ont récemment frappé les Vanuatu, sont la preuve que le bassin Pacifique est bien entré en saison à risques et que la prudence est de mise.

Une saison des pluies à géométrie variable

Autre composante importante qui caractérise la saison chaude : les précipitations. Afin d’établir les prévisions pluviométriques de la saison à venir, les experts se basent sur trois grandes structures atmosphériques que sont les la zone de convergence intertropicale (ZCIT), les alizés ou bien encore la zone de convergence du Pacifique sud (ZCPS). Cette dernière “fournit”, sur la Société, 70 % de ses pluies sur la saison chaude.

En période de phénomène El Niño, Victoire Laurent explique “qu’on a tendance à voir la zone aller plus vers le nord et ensuite vers l’est.” Sur cette base, il est alors établi par les experts, avec un fort indice de confiance, que la première partie de la saison chaude, soit de novembre à janvier, sera déficitaire niveau pluie, et cela sur tous les archipels, à l’exception des Australes où la pluviométrie devrait être normale.

C’est en revanche sur la seconde partie de saison que les précipitations, selon Météo-France, devraient gagner en intensité, notamment dans les îles de la Société et aux Tumaotu. Aux Gambier, Australes et Marquises, le niveau attendu devrait être proches des normales de saison.