JO 2024 : Elvis Parker pourra-t-il restaurer sa tarodière sur le domaine Rose ?

Elvis Parker et son actuelle tarodière, à l'arrière du domaine Rose, où il était établi jusqu'en 2020 (Photos : DR et ACL/LDT).
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En tournée à la Presqu’île, mardi 7 novembre 2023, le ministre de l’Agriculture, en charge de l’Alimentation, Taivini Teai, est allé à la rencontre d’Elvis Parker dans son restaurant du PK 0, où les produits locaux sont à l’honneur dans l’assiette, mais aussi en format surgelé prêt à consommer.

“J’attends de voir si parole va être tenue”

Dans le cadre des travaux d’aménagement temporaires de la base arrière des Jeux Olympiques, l’agriculteur et transformateur de 50 ans a été délogé du domaine Rose, terre marécageuse de 4 hectares où il cultivait depuis quinze ans un produit emblématique du Fenua : le taro. C’était fin 2020. Trois ans plus tard, il subit les frais de ce déménagement. “Je me suis retrouvé sur une parcelle plus en arrière que j’ai due moi-même défricher pour moitié pour sauver mes pousses de taro héritées de mon grand-père. Comme la qualité de la terre n’est pas aussi bonne, je constate une baisse de production de 70 %”, assure-t-il, malgré une surface de culture quasi équivalente (3,6 hectares).

Fournisseur d’un grossiste alimentant les cantines scolaires, mais aussi de grandes enseignes, Elvis Parker produit 50 tonnes de tubercules (taro, patates douces) et autres préparations (po’e) par an. Épaulé par sa fille de 30 ans, Hinerava, et une dizaine de salariés, il souhaite développer davantage encore la culture et la transformation des produits vivriers pour contribuer à répondre à la demande locale, qui n’est pas comblée. “Je voudrais savoir si je vais vraiment pouvoir récupérer ma parcelle d’origine, car initialement, c’est ce qui m’avait été promis. J’attends de voir si parole va être tenue”, confie-t-il, rassuré suite à sa rencontre avec le ministre, mais pas totalement soulagé.

“Un point à mettre au clair” entre les trois ministères concernés

Taivini Teai s’est effectivement dit favorable à la restitution de la tarodière à l’issue de l’événement. “Ça va être un point à mettre au clair avec le ministère de la Jeunesse et des Sports et le ministère des Grands Travaux qui participent à l’aménagement de ce site. À Tahiti, on a peu de terres domaniales, donc il est important de les conserver au profit du développement du secteur primaire. Ça va faire l’objet de discussions avec mes homologues. C’est une priorité et une volonté de ma part de suivre l’évolution de cette parcelle et de son attribution à l’issue des JO”, nous a indiqué le ministre de l’Agriculture.

La question n’est donc pas encore tranchée. Lors de la réunion publique du 15 septembre dernier, la ministre des Sports, Nahema Temarii, avait indiqué que 300 millions de francs avaient été alloués par le Pays (63 %) et l’État (37 %) à la viabilisation du domaine Rose. Un investissement qui poussait alors à s’interroger sur l’avenir de la parcelle, au-delà d’une réhabilitation de la tarodière.

Si une restitution agricole se confirme, Elvis Parker craint que la terre ne soit plus aussi fertile qu’avant. “Une couche d’humus accumulée grâce à un élevage bovin antérieur et à mon paillage a été retirée, et la terre est en train d’être remblayée avec des cailloux. Donc je ne sais pas ce que ça va donner ensuite”, s’inquiète-t-il, de surcroît.

Tout en sachant que Teahupo’o pourrait perdre les épreuves olympiques de surf de Paris 2024. En effet, l’option du transfert de l’événement à Taharu’u est à l’étude si la tour en bois n’est pas homologuée, a indiqué ce mardi après-midi le président du Pays, Moetai Brotherson.