Le parti Tavini a remporté les élections territoriales il y a 6 mois, le 30 avril, en martelant trois valeurs phares du programme : “respecter, soutenir et bâtir”.
On peut dire que le respect a, d’emblée, été mal traité au sein même de la majorité. Les divisions, les petites phrases et les déclarations des deux leaders, Oscar Temaru et Antony Géros, à l’encontre de la politique “consensuelle” menée par le président du Pays, ont été légion. Antony Géros déclarait à la presse au lendemain de la formation du nouvel exécutif qu’il n’y a que quatre ministres Tavini au gouvernement. Ambiance…
Un cap a été franchi ces derniers jours avec les déclarations du leader du Tavini sur l’invasion des étrangers, puis celles du représentant, ex-pasteur de l’église protestante maohi, sur la France qui “noircit” et Tahiti qui ”blanchit”. Des propos racistes soutenus par le ministre de l’Éducation qui gère un portefeuille financé par l’Etat à 60 milliards ; il les justifie dans un entretien dans la presse le 2 novembre 2023.
Ces affirmations ne s’appuient sur aucun fondement ; les chiffres de l’Institut de la statistique de la Polynésie française témoignent du contraire. Les réactions de la classe politique restent timides, même si Edouard Fritch et Nicole Sanquer n’ont pas caché qu’ils condamnaient le dérapage de Mitema Tapati. Quant à l’Etat, il préfère se taire.
L’essayiste Frantz Fanon disait : “ Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous”. Le plus drôle – le mot juste serait pathétique -, les trois députés Tavini sont apparentés au groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR), en France métropolitaine, mouvement progressiste qui ne souffre d’aucune ambiguïté, concernant l’altérité, la défense de l’autre et l’antiracisme…. Mais, nous ne sommes pas à une ambiguïté près avec les représentants du Tavini.
Il est fréquent qu’une majorité compte dans ses rangs un trublion qui représente la frange radicale du mouvement. Ce type de “sortie ”s’appelle aussi une diversion ou un contre-feu. En parlant des polémiques, on ne parle plus de l’essentiel, les autres valeurs qui tardent à venir : “soutenir” et “bâtir”.
Karim Ahed