Inondations à Teahupo’o : le pire a été évité, mais les habitants restent vigilants

Des pluies intenses, continues et localisées, sont en cause. Pompiers, riverains et ouvriers se sont mobilisés pour faciliter l’écoulement de l’eau des caniveaux engorgés vers la rivière Fau’oro, "à 50 centimètres du débordement" (Photos : ACL/LDT).
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Mercredi 8 novembre 2023, des pluies intenses, continues et localisées, se sont abattues sur la commune de Teahupo’o. Si plusieurs portions de route ont été inondées, ce sont à nouveau le PK 0 et la servitude longeant la rivière Fau’oro qui ont fait les frais de la vigilance orange, officialisée vers 10 heures.

La rivière Fau’oro “à 50 centimètres du débordement”

Dès 9 heures, les pompiers de Taiarapu-Ouest étaient mobilisés sur place, alertés par Météo-France en lien avec le haut-commissariat et la Direction de la protection civile (DPC), en raison d’une “masse nuageuse sur Teahupo’o”. Tandis qu’un relais était assuré par la caserne de Taiarapu-Est, tous les moyens du centre de secours de Taiarapu-Ouest ont été déployés sur place, afin de prévenir les habitants, de les aider à mettre leurs biens en hauteur et de couper l’électricité. “On était à 50 centimètres du débordement de la rivière”, a indiqué le chef-adjoint des pompiers, Haamoe Hoata.

Tous ont encore en mémoire les dramatiques inondations du 1er mai 2023. “Depuis hier soir, la pluie est forte. J’ai beaucoup d’eau dans ma cour, mais heureusement, j’ai pu mettre mes affaires en hauteur. J’avais été sinistré en mai jusque dans ma maison : on ne veut pas revivre ça ! C’est pour ça qu’on intervient plus vite”, nous a confié James Pito, en tant que riverain.

“C’est moins impressionnant qu’il y a quelques mois, car on avait eu de l’eau qui était rentrée dans la maison par les fenêtres. Mais on reste vigilant et on surveille. On a peur que ça recommence”, s’est inquiétée Meherio Flores, les yeux rivés sur sa cour noyée.

Évacuer l’eau pour sauver les maisons

Il a donc été rapidement question d’évacuer toute cette eau accumulée dans les jardins, avant qu’elle ne s’infiltre dans les maisons. Pompiers et riverains se sont attelés à la tâche. Toerau Chavez n’a pas hésité à proposer son aide avec son pelle-job. “J’étais sur un chantier à côté, donc j’ai proposé aux pompiers d’intervenir en urgence pour évacuer l’eau. Les caniveaux sont bouchés par de l’herbe, des branches, des cocos, donc il fallait nettoyer tout ça”, nous a-t-il expliqué.

Selon un riverain et adjoint au maire de Taiarapu-Ouest, ces inondations seraient dues à plusieurs facteurs. “La rivière est en crue, les ruisseaux sont devenus des cascades et les évacuations des caniveaux sont bouchées, en sachant que la buse à proximité de chez moi n’est pas installée dans le bon sens pour faciliter l’écoulement de l’eau de la cour vers la rivière. Il y a aussi un problème lié aux clôtures, à cause desquelles l’eau stagne. Et quand l’eau finit par passer, c’est mon terrain qui ramasse », a déploré Ricardo Maoni. Des clôtures en parpaings ont effectivement dues être percées pour rendre possible le passage de l’eau. Afin de solutionner le problème, des travaux dans le champ de compétences de la Direction de l’Équipement devraient être engagés sur place “dès que les conditions météorologiques seront plus favorables”, a indiqué la commune.

Le Plan Communal de Sauvegarde (PCS) de Taiarapu-Ouest a été déclenché le matin-même. Une cellule de crise s’est tenue à la mairie de Teahupo’o vers 13 heures. La situation s’était alors stabilisée. A l’heure où nous publions, aucun foyer n’aurait été inondé. L’hélicoptère Dauphin a effectué une mission de reconnaissance en milieu de journée le long des rivières Fau’oro et Urihe’e, plutôt rassurante. “La rivière s’évacue bien et l’enrochement tient le coup. Il n’y a pas trop de dégâts, pourvu que ça dure ! On est toujours en vigilance orange jusqu’à ce que le risque soit passé”, a commenté la directrice générale des services de Taiarapu-Ouest.

Chantier suspendu et drague à disposition

Le chantier de reconstruction de la passerelle a été suspendu le temps de la vigilance. Mobilisé sur la bouche d’évacuation du PK 0, un ouvrier nous a confirmé que “le chemin de chantier a été retiré en raison des intempéries” et que “la drague est intervenue pour libérer les branches bloquées par les deux plots temporairement installés dans la rivière”. L’entreprise Boyer a également indiqué à la mairie que la drague et son chauffeur étaient à disposition sur place, y compris dans la nuit.

“On ne va pas dormir ce soir, c’est sûr, mais au moins, on a réussi à sauver nos affaires. On se repère toujours par rapport à la montagne : si on ne la voit plus, c’est que ce n’est pas bon signe”, rappelle Ricardo Maoni, à l’aube de la saison des pluies.

La vigilance orange reste de mise

Les dernières informations en provenance du PK 0 font état d’une nouvelle montée des eaux. Les pompiers sont sur place pour des travaux d’élagage en bordure de rivière, toujours dans l’optique de faciliter l’écoulement de l’eau. Météo-France a indiqué que la vigilance orange reste de mise sur les Îles du Vent pour “au moins les 12 prochaines heures”. Ce type de phénomène étant “difficilement prévisible”, “il convient de rester extrêmement prudent dans la vallée de Teahupo’o”, où les cumuls de ces 12 dernières heures atteignent 350 mm de pluie.