La première étape de la Hawaiki Nui Va’a a été marquée par le décès tragique du rameur Kevin Kouider. Entre Huahine et Raiatea, mercredi 1er novembre 2023, un autre rameur a fait face à des problèmes de santé. Il s’agit du champion multimédaillé René Avaepii.
De retour chez lui à Vairao après six jours d’hospitalisation, le vétéran de 55 ans nous a confié que rien ne laissait présager ce qui lui est arrivé. “Je me sentais très bien. Je n’avais aucun symptôme annonciateur d’un infarctus. J’avais fait une prise de sang en avril et j’étais en bonne santé. J’avais même fait mon test d’effort annuel”, assure-t-il.
La douleur malgré la victoire
Dans le dernier quart de la course, il a senti une douleur dans le dos, qui a ensuite migré vers le thorax. “Je suis depuis trente ans dans le va’a, et je n’avais jamais connu ça ! Pour moi, c’était comme une alerte : voilà pourquoi j’ai sauté à l’eau. La sécurité avant tout”. Sur le bateau suiveur qui l’avait réceptionné, malgré la douleur persistante, sa passion l’a emporté. “Je n’aurais peut-être pas dû, mais je suis remonté sur le va’a, parce que je voulais gagner cette étape et avoir le maillot jaune avec mon équipe Mata Are Va’a, que des ‘aito de Vairao, Tautira et Teahupo’o. Et on a fini à la première place au classement général en catégorie Vétérans 50 ans”, se réjouit tout de même le rameur.
Mais cette victoire n’a pas suffi à effacer la douleur. “Le soir-même, je n’arrivais pas à manger. Vers 2 heures du matin, je suis allé aux urgences et c’est là qu’on m’a dit que j’avais une artère bouchée. C’était donc un début d’infarctus”, a alors réalisé René Avaepii. Evasané au centre hospitalier de Taaone le jeudi 2 novembre 2023, il en est sorti avec deux stents dans les artères, à sa grande surprise. “Je ne bois pas d’alcool, je fais attention à ce que je mange et je suis un grand sportif”, s’étonne-t-il encore.
“Relancer Tamarii Vairao, mon club de cœur”
Avec ce diagnostic, le message est passé. “Aujourd’hui, je me sens mieux. Je me repose et je fais avec. Pour l’instant, je vais mettre les compétitions de côté et prendre soin de ma santé”, confie-t-il, non sans une pointe de regret. “J’ai commencé le va’a en 1994 et je n’ai pas manqué un seul Hawaiki Nui depuis ces années-là”.
René Avaepii n’a pas encore donné ses derniers coups de rame. Et c’est sous l’angle de la transmission qu’il devrait aborder la reprise. “Mon objectif, c’est de relancer Tamarii Vairao, car c’est mon club de cœur avec lequel j’ai commencé à ramer. Il est en sommeil, mais j’aimerais faire ça pour la jeunesse de Vairao”, conclut-il, tout en ne fermant pas la porte à de grands clubs. Nul doute qu’il saura faire de cette mauvaise expérience une force, car ce n’est pas un abandon, mais un nouveau cap.
