Quatrième et dernière journée au Fenua pour le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville. Après la thématique de la formation, c’est sous l’angle de la recherche que la tournée s’est poursuivie, mardi 14 novembre 2023. La transition s’est faite en passant par l’Université de la Polynésie française (UPF) à Punaauia, où le représentant a pris le temps d’échanger avec des doctorants.
Diversification aquacole et grands fonds marins
Le cap a ensuite été mis sur l’Ifremer de Vairao, en fin de matinée, où le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avait également été reçu en août dernier. Accompagné du haut-commissaire, Eric Spitz, du ministre de l’Agriculture et des Ressources marines, en charge de l’Alimentation et de la Recherche, Taivini Teai, et du maire de Taiarapu-Ouest, Tetuanui Hamblin, Hervé Berville a bénéficié d’une présentation générale, puis localisée des projets en cours.
“On est sur une zone Pacifique qui représente 50 % de la Zone Économique Exclusive française. L’Ifremer s’inscrit pleinement dans cette stratégie globale de protection du milieu marin, mais aussi de développement des filières maritimes et de diversification aquacole. Et nous avons aussi une expertise internationalement connue sur la thématique des grands fonds, sujet qui a été abordé au forum du Pacifique aux îles Cook”, nous a indiqué le directeur de l’Ifremer de Vairao, Philippe Moal, accompagné de son directeur scientifique, Guillaume Mitta. Le développement d’un centre d’expertise polynésien est également en projet, l’objectif étant de travailler en collaboration avec les pays voisins du Pacifique.
“Une chance” pour “appuyer la décision politique”
Dès l’issue de la présentation, le secrétaire d’État a salué les missions “remarquables” du pôle de recherche, qui vient de fêter ses cinquante ans d’activité dans le Pacifique. “Ce que fait l’Ifremer sur l’exploration et la compréhension, c’est une chance pour la Polynésie et pour notre Pays. Les champs d’études sur lesquels on a besoin d’avoir beaucoup plus de réponses pour appuyer la décision politique sont immenses”, a déclaré Hervé Berville.
Au cours de la visite, trois grands axes ont été illustrés : l’aquaculture de restauration des oursins, qui constituent des alliés pour limiter la prolifération des algues et préserver les récifs coralliens, tout en étant prisés des pêcheurs ; l’adaptation au changement climatique des espèces étudiées, grâce à une salle expérimentale permettant de contrôler différents paramètres (température, pH, salinité) pour en mesurer les conséquences, afin d’anticiper des solutions ; et l’ostréiculture tropicale, avec des avancées notables concernant l’huître de roche depuis trois ans.
La maîtrise de la production des microalgues, alimentation de base des espèces aquacoles au stade larvaire, a également suscité la curiosité d’Hervé Berville. La visite s’est achevée par les bassins d’élevage extérieurs, côté montagne, où les échanges entre politiques et scientifiques ont été nourris.
Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer :
“Continuer à investir pour une économie locale (…) pour nourrir la population et lutter contre le réchauffement climatique”
“Mon objectif, c’est de remercier toutes les équipes et de continuer à valoriser le travail qui est effectué (…) en donnant des moyens supplémentaires. C’est la raison pour laquelle nous allons avoir un nouveau navire océanographique en 2027, qui a été annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron, et qui sera en partie dédié pour cette zone-là (…).
La raison pour laquelle je suis là aujourd’hui, c’est d’accélérer et de renforcer des aspects qui sont ma priorité et celle portée par le gouvernement français. Il y a la question des grands fonds marins, qui ne peuvent pas être exploités car la connaissance est encore trop lacunaire et parce qu’il y aurait des dommages irréversibles potentiels sur l’écosystème marin et peut-être sur la ressource en poissons. Par contre, nous devons absolument accélérer et renforcer la recherche avec un programme au niveau national de 350 millions d’euros (41 milliards de francs, ndlr) sur la recherche sur les grands fonds, en faisant en sorte de renforcer aussi la coopération avec la région (…). Il y a aussi l’enjeu de l’économie locale maritime et ce qui est fait ici avec ces innovations dans la culture marine. Il faut continuer à investir dedans pour avoir une économie locale avec des espèces locales pour nourrir la population et lutter contre le réchauffement climatique”.