Tribunal correctionnel – Deux ans de prison avec sursis pour l’homicide involontaire de son frère

Depuis le drame, l’homme à la barre a cessé toute consommation d’alcool et de paka et enchaîne les contrats à durée déterminée et en intérim. (Photo : SB/LDT)
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Le tribunal correctionnel était, ce mardi 14 novembre, amené à se prononcer sur un drame familial survenu à Hiva Oa, aux Marquises, en février 2020. Le drame d’une mère qui perd un fils dans un accident de la route et qui voit son autre fils à la barre des accusés, poursuivi pour homicide involontaire à l’encontre de son grand frère.

Les faits remontent au 2 février 2020, juste avant la crise sanitaire. En cette journée dominicale, l’accusé attend sa compagne qui doit rentrer de Ua Pou. Il prépare alors la maison en son attente mais son amie le prévient que, finalement, elle ne rentrera pas.

“J’ai l’habitude de boire le week-end”

Contrarié, l’homme, père de trois enfants, décide alors d’aller boire. Interrogé par le juge sur le fait de vouloir boire, l’homme répond : “J’ai l’habitude de boire le week-end. Je ne voulais pas rester seul à la maison.” Il achète alors des bouteilles de rhum. Sur la route, il rencontre son grand frère et ils décident de s’alcooliser ensemble.

Vers 17h30, alors qu’ils ont bu chez un de leurs cousins, les “réserves” vidées, ils décident de rentrer. C’est sur le chemin du retour que le drame survient. Dans une descente, l’accusé perd le contrôle de son véhicule. Celui-ci prend de la vitesse mais les freins ne répondent plus, selon les déclarations du prévenu. C’est à ce moment-là que le frère, toujours selon l’accusé, décide de sauter par la porte passager, voyant que le véhicule n’est plus sous contrôle.

Alcool, cannabis et voiture défectueuse

L’accusé, lui, reste dans la voiture qui fait alors plusieurs tonneaux. Il s’en sort vivant. Son frère malheureusement, pensant échapper à l’accident en sautant de la voiture, ne connaît pas le même destin Dans sa chute, il se cogne violemment la tête. Il décède sur place malgré des tentatives de réanimation de proches arrivés sur place.

Les examens toxicologiques révèlent, dans le sang de l’accusé, un taux de 1,28 gramme par litre de sang. Ils montrent également que l’homme est sous l’emprise du cannabis. Autre circonstance aggravante : l’état général du véhicule. Celui-ci est en très mauvais avec des réparations douteuses. L’expertise du véhicule révèle une usure importante des disques de freins avant.

Une mère courageuse

L’expert pense aussi, contrairement aux déclarations du prévenu, que le moteur du véhicule s’est arrêté, avant l’ accident, ce qui aurait pu provoquer le dysfonctionnement des assistances de direction et de freins de l’automobile. Freins ou arrêt moteur du véhicule, la finalité reste malheureusement la même, le décès d’un homme.

Devant le juge, le présumé coupable “regrette beaucoup”. Sa mère, présente à l’audience, tient à s’exprimer. Celle qui à déjà perdu un fils ne veut pas en perdre un second. Elle demande la clémence du juge bien qu’elle reconnaisse les erreurs de son fils. C’est une femme forte, courageuse et touchante qui s’adresse à l’homme de loi.

“L’émotion ne doit pas masquer la gravité des faits”

Une femme, des mots et une situation qui ne laissent pas indifférente l’avocate générale qui reconnaît une situation “émouvante”. Émotion qui ne doit pas, pour autant, masquer la gravité des faits. La représentante du ministère public demande une condamnation à quatre ans de prison, dont trois avec sursis et un an ferme aménageable.

Depuis le drame, l’homme à la barre, a cessé toute consommation d’alcool et de paka, suivi médical à l’appui. Il vit à Tahiti car sous contrôle judiciaire. Déjà connu des forces de l’ordre pour des histoires de stupéfiants ou de violences, l’homme se tient à carreau depuis plus de cinq ans et enchaîne les contrats à durée déterminée.

Il a finalement été condamné à une peine de deux de prison avec sursis probatoire avec l’obligation de continuer à travailler ou à se former.