
Le Biovator de Nicolas Bonno, que nous vous présentions il y a quelques semaines, a été inauguré la semaine dernière, mardi 7 novembre 2023, en présence de professionnels du secteur, partenaires et représentants des services du Pays concernés, ainsi que du ministre de l’Agriculture, Taivini Teai.
Limiter les nuisances olfactives
Cet imposant écodigesteur implanté à Mataiea a suscité la curiosité et l’intérêt des invités. Il traite actuellement entre 500 kg et 1 tonne de déchets de poisson du port de pêche associés à du bois broyé, transformés en compost après dix jours de fermentation et un mois de maturation. “On y va doucement, mais surement, pour monter en capacité”, nous a indiqué Nicolas Bonno, propriétaire de cet outil, récemment mis en cause pour nuisances olfactives.
“La phase de lancement est toujours problématique parce que ça ne monte pas assez vite en température. On est en système anaérobie, sans oxygène, donc il peut y avoir des odeurs. Aujourd’hui, tout est en aérobie, d’où le peu d’odeurs. On va rajouter un système enzymatique de diffusion dans l’air à la sortie pour permettre aux odeurs d’être complètement absorbées et qu’on puisse nuire le moins possible à la population. On va aussi ajouter des barrières végétales tout autour du site pour éviter que le vent transporte les odeurs aux alentours. On essaie vraiment d’être à l’écoute et de faire le maximum en ce sens”, tient-il à rassurer. Des riverains avaient d’ailleurs été conviés et, effectivement, ce jour-là, si l’odeur était forte à proximité immédiate du Biovator, ce n’était plus le cas en s’éloignant.


Recycler et valoriser pour diminuer les importations d’intrants
Un point sur lequel Nicolas Bonno est vigilant, car cet outil s’inscrit dans une démarche vertueuse, saluée par le ministre. “Ce système, je l’ai déjà vu à l’abattoir de Papara, également à l’exploitation agricole d’Opunohu, et c’est maintenant à une échelle beaucoup plus grande pour recycler et valoriser sur le plan agricole ces déchets du port de pêche, au lieu de les emmener en mer, avec le risque d’attirer les requins vers le littoral. Je félicite la société pour l’effort mis en place, car c’est aussi une façon de diminuer nos importations d’intrants agricoles. C’est certifié Ecocert avec un suivi des compositions qui vont sortir de cet appareillage”, a indiqué Taivini Teai.
Parmi les invités, l’agriculteur bio Jean-Baptiste Tavanae, mais aussi l’Epic Vanille, qui représente un réseau important. “Nicolas est venu vers nous avec ses produits pour nous permettre de tester, essentiellement à Taha’a, pour voir si ça peut convenir aux cultivateurs et à la vanille”, nous a confié Emilienne Terega, responsable de l’antenne de Tahiti et Moorea.
Le directeur général du syndicat Fenua Ma était également au rendez-vous. “C’est un système bien connu dans le milieu des déchets, qui peut répondre à un besoin que nous avons inscrit dans notre schéma directeur, qui est de trouver une filière de valorisation des bio-déchets, ceux qu’on produit à la maison : les restes de repas, les papiers, les cartons, les balayages de la cour, etc. L’idée, dans les deux ans qui arrivent, c’est de faire un test avec des communes volontaires pour que 50 à 100 foyers testent les bacs marrons qui seront acheminés sur un système équivalent”, explique Benoît Layrle.
On n’a donc pas fini d’entendre parler des écodigesteurs, à l’heure où réduire l’impact de nos déchets sur l’environnement est une question cruciale.