Il y a quelques jours, nous vous dévoilions les noms et profils des lauréats retenus dans le cadre de l’attribution des trois premiers ateliers d’agrotransformation construits à Mataiea par le Pays, avec le soutien financier de l’État, pour une opération à 180 millions de francs.
Accompagner les initiatives en faveur des produits locaux
Lundi 4 décembre 2023, une présentation était organisée sur site, au PK 41,500, côté montagne, entre l’EPIC Vanille et la station horticole de la Direction de l’Agriculture (DAG). La parole a été donnée au ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, puis à son prédécesseur, Tearii Alpha, maire de Teva I Uta, qui avait impulsé le projet sous le précédent gouvernement.
“On veut montrer l’exemple à Tahiti, en tant que commune-pilote pour l’introduction des produits locaux dans nos cantines scolaires. On dit que c’est compliqué, mais on veut accompagner cette ambition (…) et remplacer une partie de ce qu’on importe au quotidien par des produits locaux”, a déclaré le tavana, en suggérant de commencer par des appels d’offres adaptés, dont la rédaction ouvre la porte aux produits du terroir polynésien.
Gratuité du loyer la première année
La représentante d’Ayana Champot, Ornella Lichon et Nicky Vergnhes ont présenté leurs projets respectifs, avec pour point commun d’être ancrés dans une économie circulaire vertueuse, tant d’un point de vue environnemental, que sanitaire et social.
Ces nouveaux locaux devraient être mis à leur disposition entre février et mars 2024. Un loyer annuel de 150.000 francs est envisagé, ainsi qu’une gratuité la première année pour des conditions de mise en route optimales. “Pour nous, petits entrepreneurs, ce n’est pas évident de débourser de grosses sommes pour construire ce type de local, ou pas à court terme, donc ça va être un vrai booster ! C’est ce qu’il me fallait pour me développer et accroître ma production. Actuellement, je travaille autour de 2 tonnes de produits vivriers par mois. Avec ce local, j’aimerais doubler, voire tripler la première année. Il reste à aménager, et j’espère que le Pays va nous suivre dans nos démarches. Il faut aussi que les cantines et les consommateurs jouent le jeu !”, souligne Nicky Vergnhes, suivi par un réseau d’une trentaine de familles d’agriculteurs.
Donner “confiance” aux acteurs économiques
Pour Philippe Couraud, directeur de la DAG, ce programme de neuf ateliers participe à instaurer une certaine “confiance” vis-à-vis des acteurs économiques. “Un autre atelier est bientôt terminé sur Huahine, trois sont en construction à Taputapuatea sur Raiatea et un autre à Taha’a. Et on en a encore deux en projet à Rimatara et Rurutu. Le choix des sites dépend de la disponibilité foncière et du potentiel de production sur l’île. Ce programme répond à une volonté d’aller vers l’autonomie alimentaire en Polynésie, en sachant que l’agrotransformation est un point faible. Il y aura une production agricole dès lors que les agriculteurs seront certains qu’il y a des débouchés”, estime-t-il.
Dans les trois premiers ateliers de Mataiea, biscuits aux saveurs locales, emballages en végétaux recyclés et ma’a hotu prêts à l’emploi pourront donc être produits à plus grande échelle, d’ici quelques mois.
Taivini Teai, ministre de l’Agriculture, en charge de l’Alimentation :
“Aller vers plus de souveraineté alimentaire et diminuer l’importation”
“Je crois aux bénéfices de ce type d’outils. Par exemple, on arrive à la saison des ‘uru et beaucoup sont gâchés dans nos jardins. Si on veut aller vers plus de souveraineté alimentaire et diminuer l’importation, il faut mettre en place ce type d’ateliers d’agrotransformation pour fournir les cantines et ensuite les familles. La modernité fait qu’on ne prend plus le temps de cuisiner au quotidien, or ce type de produits permet de manger local et sainement. C’est dans l’air du temps !
J’ai bien entendu les demandes des porteurs de projets, qui vont être soutenus dans leurs investissements matériels, et ça va être l’objet du gouvernement de porter haut la bannière dans nos restaurations publiques et nos hôtels pour consommer local, avec des créations d’emplois à la clé”.
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